L'hôtel de Sers à Paris : le passé conjugué au présent
Respiration et fluidité
L'essentiel était avant tout de retrouver une certaine cohérence. Les deux hommes décident alors de dégager l'architecture d'origine, occultée par les ajouts successifs, qui depuis 1925 avaient fini par complètement l'étouffer. La façade XIXe est conservée. Dans le hall d'entrée, l'escalier monumental menant aux salons de l'ancien hôtel particulier retrouve sa superbe d'antan, les pièces à vivre sont décloisonnées. Tout respire et s'enchaîne avec beaucoup de fluidité. Passé et présent se mêlent dans une parfaite unité. Dans la galerie des portraits, longue de 22 mètres et à partir de laquelle on peut accéder à tous les espaces importants de l'hôtel (hall, salon, chambres et restaurant), le staff d'origine a été restauré. Le restaurant sobre et design, aux volumes exceptionnels, s'ouvre sur une cour intérieure réhabilitée en terrasse et habillée de teck et d'aluminium.
Unité parfaite
Un duplex d'ascenseurs a été implanté au coeur du nouvel ensemble pour permettre l'accès aux chambres. Privilégiant l'espace, elles sont dispersées sur 8 niveaux et certaines offrent des surfaces pouvant aller jusqu'à 80 m². A l'image de cet appartement disposant de sa propre cuisine ou de cette suite panoramique au dernier étage dont la terrasse de 20 m² donne sur les toits de Paris. En ce qui concerne la décoration, l'agencement des pièces, le mobilier, les couleurs ou les matières, là aussi l'unité est perceptible. Elles reprennent à peu près toutes le même modèle. "Rien n'est en trop ni ne dépasse. Il n'y a pas vraiment de déco, c'est l'architecture qui fait tout !", explique l'architecte avec modestie.
Ambiance des hôtels particuliers du XIXe
Dans les 52 chambres et 7 suites, les meubles en bois de rose rappelant l'époque classique ont été dessinés afin de s'intégrer parfaitement aux volumes. Tout s'imbrique pour permettre une circulation optimale. Chaque chambre est largement ouverte sur la salle de bain par une double porte sur pivots. En marbre reconstitué et faïence, elles s'imprègnent de l'ambiance des hôtels particuliers du XIXe siècle. Les tissus ont été sélectionnés avec soin : les rideaux en taffetas, dans un dégradé de rouge et de violet, protègent la façade intérieure, les fauteuils, et autres méridiennes, tapissés de laine, procurent confort et chaleur, le coton des draps offre la douceur pour la nuit.
Raffinement et bien-être
Si l'on ajoute à cela tout l'équipement high-tech nécessaire à un confort maximum (TV, DVD, chaîne hi-fi, connexion Internet, air conditionné...), on obtient des chambres qui ne sont que fonctionnalité, sobriété, raffinement et bien-être. Une description qui s'applique également au spa que l'on retrouve au sous-sol de l'établissement. Entre sauna, hammam, massages ou fitness, la beauté et la détente sont aussi au rendez-vous. "Réaménagé et restauré, l'hôtel de Sers retrouve aujourd'hui sa vocation originelle : celle d'un "home" accueillant, au luxe discret, confortable et chaleureux. conclut Thibault Vidalenc. Mais c'est une maison en mouvement. Tous les mois, nous refaisons deux chambres. Peintures, moquettes. Je veux que tout soit parfait. Et, surtout, je ne veux pas réaliser, dans dix ans, qu'il faut tout recommencer...". Témoin des fastes du Paris du XIXe siècle, l'Hôtel de Sers continuera sûrement à faire parler de lui tout au long du XXIe siècle.
Céline Varnier
Cet article est paru dans
Demeures & Châteaux