De nouveaux livres sur les vins pour la rentrée
Quatre livres de choix pour s'y retrouver dans le monde indicible du vin.
Le Guide Hachette des Vins 2007
Lancé avec panache dans les salons du Pavillon Dauphine à Paris, avec le comédien François Berléand comme parrain, le nouveau Guide Hachette tout habillé d'or mat a cette année un petit goût de nostalgie puisque Catherine Montalbetti a annoncé qu'elle prenait sa retraite après vingt six ans de bons et loyaux services. Reçu 20 sur 20. François Bachelot, 34 ans, ingénieur de formation, transfuge des éditions Dunod, a travaillé quatre mois auprès de celle qui avait au fil du temps peaufiné l'un des guides les plus réputés à l'étranger. Comment ne pas saluer le travail colossal abattu par l'équipe formée autour de cette femme nommée en 1985 par Jean-Claude Lattès, P-dg d'Hachette Livre à l'époque, qui avec Adélaïde Barbey, alors directrice d'Hachette Littérature souhaitaient lancer un guide des vins. Au total : 35 000 bouteilles de France, de Suisse et du Luxembourg dégustées anonymement dont plus de 10 000 sélectionnés (parmi lesquels 260 trois étoiles) par un jury d'une vingtaine de spécialistes, oenologues (comme Jean-Jacques Cabassy) journalistes (comme Michel Dovaz) ou ingénieurs ( comme Bernard Thévenet).
Pour le palmarès, citons la "grappe de bronze, coup de coeur à moins de 8 €", remise à Véronique de Montrémy pour le Domaine de Fontlade, côteaux-varois cuvée l'Ermitage (rouge 2004); la "grappe d'argent, coup de coeur deux étoiles" remise à Bertrand Devillard et à ses enfants pour le Domaine des Perdrix, Nuits-Saint-Georges 1er cru (Aux Perdrix 2003); et la "grappe d'or, coup de coeur trois étoiles" remise à Nicolas et son frère Christophe deBailliencourt pour le Château Gazin, Pomerol 2003.
Un seul reproche légitime à formuler : pourquoi ce palmarès ne figure-t-il pas clairement dans le guide ? Les lecteurs ne bénéficient pas du communiqué de presse, que je sache ! Alors comment peuvent-ils s'y retrouver ?
Vin sur Vin, de Michel Droulhiole
Ce premier guide écrit par un véritable amateur, ayant baigné dans les vignes du grand Sud-Ouest, est idéal pour s'y retrouver parmi les 450 appellations recensées, les 3000 cépages, les vins français et les vins étrangers. Ce livre est une boussole bien commode et d'un accès facile, débarrassé de toute complexité habituellement liée à l'univers vinicole. les clés offertes au fil des pages sont les outils indispensables pour mieux comprendre les cépages de Loire (Cabernet, Gamay, Grolleau...), l'AOC Bordeaux-Supérieur-Rouge, produite à partir de Cabernet-franc, de Cabernet-Sauvignon, de carménère notamment; les trois grands secteurs du Clos-vougeot; la délimitation exacte des condrieu, au nord de la vallée du Rhoneet à 50 km au sud de Lyon; comme l'AOC des Côtes-de-Castillon, dans le Libournais, qui en 2007 feront partie avec les Côtes-de-francs, les Côtes-de-bourg et les premièrezs Côtes-de-blaye de l'appellation Côtes-de-bordeaux. À déguster sans modération. Surtout que ce nouveau guide donne des pistes pour accorder les plats à chaque appellation.
Le Vrai Guide des Bistrots à vin de Paris, de Jean Lapoujade et Robert Savoye
Le Paris des bistrots à vin méritait un vade-mecum pour s'y retrouver dans les méandres parisiens, de la rive droite à la rive gauche. Voilà que deux compères, Lapoujade et Savoye, s'y sont collés et nous révèlent leurs adresses personnelles, celles qu'ils éclusent tout au long de l'année depuis des lustres. Leurs aventures ? Défricher ce qu'ils appellent "les chemins de traverse", presque au-delà "du bon vivre et du bien boire". Il y a un petit côté Antoine Blondin dans cette subjectivité et cet éloge des petits vins de viticulteurs. Blondin ne disait-il pas : "Tout n'est que litres et ratures ?" Alors, ces deux amoureux du Paris des comptoirs refont le monde autour du zinc avec les patrons dont on peut admirer la bobine. Moussa Elibrik s'en est donné à coeur joie et sa galerie de portraits en noir et blanc alterne joliment avec ses clichés en couleur. Des assiettes de charcuterie, des casiers à bouteilles remplis, une façade lie de vin, une escalier éclairé par des affiches collés sur un mur, jusqu'à ce nez de connaisseur plongé dans un verre à bordeaux... Ultime conseil des compères : "Sachez fuir l'indifférence parisienne en vous arrêtant au coin d'un comptoir. Commandez une assiette de fromages ou quelques rondelles de saucisses sèches, et dites au patron : "Qu'est ce que je peux boire avec ça ?". Les vingt arrondissements de Paris, les Hauts-de-Seine et Saint-Mandé sont passés en revue, avec un clin d'oeil aux vignes de la Butte Montmartre implantées depuis le Xe siècle. En bonus, pas moins de 90 pages consacrées aux vins des producteurs, région par région, avec des bonnes surprises à la clé.
Le Petit Lapaque des Vins des Copains
Sébastien Lapaque est un homme de terrain, de terroir et d'appétit qui a lu Antoine Blondin (lui aussi, comme Lapoujade !) et dégusté aux comptoirs des grandes villes certains "vins fins" qu'il cultive dans sa grande mémoire. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il donnerait toute la littérature de Bernanos pour quelques bouteilles de Corton-Charlemagne de chez Philippe Pascalet, les morgon de Marcel Lapierre ou les vins d'Arbois de Pierre Overnoy. Mais, refusant de choisir, il alternerait bien volontiers, je crois, entre littérature et dégustation.
Son petit livre est un régal de subjectivité, un allègre parcours personnel au-delà des modes, comme on les aime, tendre, suave, piquant et joyeux. Je recommande vivement aux vendangeurs du moment de le glisser dans leur poche pour s'en délecter pendant leurs pauses. Car ce guide "des vins de copains" est précieux un antidote contre la sottise ambiante et les cuistres du domaine vinicole pour ne jamais désespérer des Français qui aiment boire et s'évertuent toujours à apprendre en dégustant. "Dans la grande bourrasque qui secoue aujourd'hui le monde du vin, écrit-il, une poignée de vignerons ont ouvert la voie. Tournant le dos à ceux qui produisent des vins gonflés, boisés, bodybuldés en espérant décrocher une note supérieure à 90/100 dans le Guide Parker, ils ont découvert l'antique prescription d'Olivier de Serres, qui recommandait dans son Théâtre d'agriculture et ménage des champs (1600) d'employer et de cultiver les terroirs selon leurs diverses qualités, situations et climats." Voilà le secret de ce petit livre bien instructif. Miser sur une renaissance du vin français et saluer les producteurs de coeur. Avis aux amateurs ! Lapaque s'en donne à coeur joie avec ses coups de coeur pour le Champagne Drappier, un petit vin de Loire, un Gewurtz ou un vin d'Ardèche, le José de Nice 2004 (gourmandise rosée très spéciale), ou un Brouilly vieilles vignes de Georges Descombes. Pas de notes mais des éloges choisis. Quelques cavistes de choix in fine et le tour est joué. Bravo monsieur le chroniqueur littéraire ! Rappelons que Sébastien Lapaque est connu pour avoir commis notamment en 1999, avec la complicité de Jérôme Leroy, une subtile anthologie de l'ivresse en littérature, "Triomphe de Dionysos", !
Lancé avec panache dans les salons du Pavillon Dauphine à Paris, avec le comédien François Berléand comme parrain, le nouveau Guide Hachette tout habillé d'or mat a cette année un petit goût de nostalgie puisque Catherine Montalbetti a annoncé qu'elle prenait sa retraite après vingt six ans de bons et loyaux services. Reçu 20 sur 20. François Bachelot, 34 ans, ingénieur de formation, transfuge des éditions Dunod, a travaillé quatre mois auprès de celle qui avait au fil du temps peaufiné l'un des guides les plus réputés à l'étranger. Comment ne pas saluer le travail colossal abattu par l'équipe formée autour de cette femme nommée en 1985 par Jean-Claude Lattès, P-dg d'Hachette Livre à l'époque, qui avec Adélaïde Barbey, alors directrice d'Hachette Littérature souhaitaient lancer un guide des vins. Au total : 35 000 bouteilles de France, de Suisse et du Luxembourg dégustées anonymement dont plus de 10 000 sélectionnés (parmi lesquels 260 trois étoiles) par un jury d'une vingtaine de spécialistes, oenologues (comme Jean-Jacques Cabassy) journalistes (comme Michel Dovaz) ou ingénieurs ( comme Bernard Thévenet).
Pour le palmarès, citons la "grappe de bronze, coup de coeur à moins de 8 €", remise à Véronique de Montrémy pour le Domaine de Fontlade, côteaux-varois cuvée l'Ermitage (rouge 2004); la "grappe d'argent, coup de coeur deux étoiles" remise à Bertrand Devillard et à ses enfants pour le Domaine des Perdrix, Nuits-Saint-Georges 1er cru (Aux Perdrix 2003); et la "grappe d'or, coup de coeur trois étoiles" remise à Nicolas et son frère Christophe deBailliencourt pour le Château Gazin, Pomerol 2003.
Un seul reproche légitime à formuler : pourquoi ce palmarès ne figure-t-il pas clairement dans le guide ? Les lecteurs ne bénéficient pas du communiqué de presse, que je sache ! Alors comment peuvent-ils s'y retrouver ?
Vin sur Vin, de Michel Droulhiole
Ce premier guide écrit par un véritable amateur, ayant baigné dans les vignes du grand Sud-Ouest, est idéal pour s'y retrouver parmi les 450 appellations recensées, les 3000 cépages, les vins français et les vins étrangers. Ce livre est une boussole bien commode et d'un accès facile, débarrassé de toute complexité habituellement liée à l'univers vinicole. les clés offertes au fil des pages sont les outils indispensables pour mieux comprendre les cépages de Loire (Cabernet, Gamay, Grolleau...), l'AOC Bordeaux-Supérieur-Rouge, produite à partir de Cabernet-franc, de Cabernet-Sauvignon, de carménère notamment; les trois grands secteurs du Clos-vougeot; la délimitation exacte des condrieu, au nord de la vallée du Rhoneet à 50 km au sud de Lyon; comme l'AOC des Côtes-de-Castillon, dans le Libournais, qui en 2007 feront partie avec les Côtes-de-francs, les Côtes-de-bourg et les premièrezs Côtes-de-blaye de l'appellation Côtes-de-bordeaux. À déguster sans modération. Surtout que ce nouveau guide donne des pistes pour accorder les plats à chaque appellation.
Le Vrai Guide des Bistrots à vin de Paris, de Jean Lapoujade et Robert Savoye
Le Paris des bistrots à vin méritait un vade-mecum pour s'y retrouver dans les méandres parisiens, de la rive droite à la rive gauche. Voilà que deux compères, Lapoujade et Savoye, s'y sont collés et nous révèlent leurs adresses personnelles, celles qu'ils éclusent tout au long de l'année depuis des lustres. Leurs aventures ? Défricher ce qu'ils appellent "les chemins de traverse", presque au-delà "du bon vivre et du bien boire". Il y a un petit côté Antoine Blondin dans cette subjectivité et cet éloge des petits vins de viticulteurs. Blondin ne disait-il pas : "Tout n'est que litres et ratures ?" Alors, ces deux amoureux du Paris des comptoirs refont le monde autour du zinc avec les patrons dont on peut admirer la bobine. Moussa Elibrik s'en est donné à coeur joie et sa galerie de portraits en noir et blanc alterne joliment avec ses clichés en couleur. Des assiettes de charcuterie, des casiers à bouteilles remplis, une façade lie de vin, une escalier éclairé par des affiches collés sur un mur, jusqu'à ce nez de connaisseur plongé dans un verre à bordeaux... Ultime conseil des compères : "Sachez fuir l'indifférence parisienne en vous arrêtant au coin d'un comptoir. Commandez une assiette de fromages ou quelques rondelles de saucisses sèches, et dites au patron : "Qu'est ce que je peux boire avec ça ?". Les vingt arrondissements de Paris, les Hauts-de-Seine et Saint-Mandé sont passés en revue, avec un clin d'oeil aux vignes de la Butte Montmartre implantées depuis le Xe siècle. En bonus, pas moins de 90 pages consacrées aux vins des producteurs, région par région, avec des bonnes surprises à la clé.
Le Petit Lapaque des Vins des Copains
Sébastien Lapaque est un homme de terrain, de terroir et d'appétit qui a lu Antoine Blondin (lui aussi, comme Lapoujade !) et dégusté aux comptoirs des grandes villes certains "vins fins" qu'il cultive dans sa grande mémoire. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il donnerait toute la littérature de Bernanos pour quelques bouteilles de Corton-Charlemagne de chez Philippe Pascalet, les morgon de Marcel Lapierre ou les vins d'Arbois de Pierre Overnoy. Mais, refusant de choisir, il alternerait bien volontiers, je crois, entre littérature et dégustation.
Son petit livre est un régal de subjectivité, un allègre parcours personnel au-delà des modes, comme on les aime, tendre, suave, piquant et joyeux. Je recommande vivement aux vendangeurs du moment de le glisser dans leur poche pour s'en délecter pendant leurs pauses. Car ce guide "des vins de copains" est précieux un antidote contre la sottise ambiante et les cuistres du domaine vinicole pour ne jamais désespérer des Français qui aiment boire et s'évertuent toujours à apprendre en dégustant. "Dans la grande bourrasque qui secoue aujourd'hui le monde du vin, écrit-il, une poignée de vignerons ont ouvert la voie. Tournant le dos à ceux qui produisent des vins gonflés, boisés, bodybuldés en espérant décrocher une note supérieure à 90/100 dans le Guide Parker, ils ont découvert l'antique prescription d'Olivier de Serres, qui recommandait dans son Théâtre d'agriculture et ménage des champs (1600) d'employer et de cultiver les terroirs selon leurs diverses qualités, situations et climats." Voilà le secret de ce petit livre bien instructif. Miser sur une renaissance du vin français et saluer les producteurs de coeur. Avis aux amateurs ! Lapaque s'en donne à coeur joie avec ses coups de coeur pour le Champagne Drappier, un petit vin de Loire, un Gewurtz ou un vin d'Ardèche, le José de Nice 2004 (gourmandise rosée très spéciale), ou un Brouilly vieilles vignes de Georges Descombes. Pas de notes mais des éloges choisis. Quelques cavistes de choix in fine et le tour est joué. Bravo monsieur le chroniqueur littéraire ! Rappelons que Sébastien Lapaque est connu pour avoir commis notamment en 1999, avec la complicité de Jérôme Leroy, une subtile anthologie de l'ivresse en littérature, "Triomphe de Dionysos", !
Novembre 2006
Par Gilles BROCHARD
