Evasion

Lavaux, vue sur le Lac Léman et le vignoble

Terres agricoles, vergers, forêts et vignobles…La ville de Lausanne possède un riche patrimoine vert. C’est d’ailleurs grâce à cela que les lausannois furent pendant longtemps dispensés de payer des impôts !
Si tel n’est plus le cas aujourd’hui, il n’en reste pas moins que le vignoble est le fleuron de ces possessions foncières, représentant au total 33 hectares situés au cœur de 2 grandes Appellations vaudoises : La Côte pour deux domaines et Lavaux pour trois autres.
De tailles hétérogènes (13,57 hectares pour le plus grand, 4,04 hectares pour le plus petit) ces 5 domaines acquis ou légués à la ville au début du 19 ème siècle, assurent revenus et belle image à la vénérable cité lémanique.


Ecrin viticole

La ville de Lausanne possède 5 domaines viticoles magnifiquement situés

Ces domaines se répartissent de part et d’autre de Lausanne. En direction de Genève, l’Abbaye de Mont et Château Rochefort se situent dans l’Appellation La Côte. Entre Lausanne et Vevey, le Clos des Moines, le Clos des Abbayes et le domaine du Burignon semblent des perles posées au cœur du magnifique vignoble de l’Appellation Lavaux.
A cet endroit, les rives du lac Léman se montrent escarpées avec un dénivelé pouvant atteindre 35°. S’étageant en terrasses au fil de la pente, face au côté Français du lac, les derniers rangs de vignes paraissent presque plonger dans ses eaux.
« Ce n’est plus une pente, c’est une construction, c’est une tour, c’est un devant de forteresse » exprime le poète suisse Ferdinand Ramuz. Tout à la fois saisissant et magnifique, ce décor grandiose associant le travail de l’homme à la majesté naturelle du site, mérite bien son classement au Patrimoine de l’Unesco, au titre des « paysages culturels ».
Façonné depuis le XI ème siècle, Lavaux constitue l’un des plus grands vignobles de Suisse et englobe 14 villages soigneusement préservés. Orienté sud-sud-ouest, abrité des vents du nord, les vignoble s’élève jusqu’ à près de 600 mètres. Il profite de bonnes conditions d’ensoleillement tandis que la présence du lac minore les écarts de température qui restent relativement douces en hiver et durant la nuit, garantissant la vivacité des vins blancs et l’équilibre des vins rouges. La qualité des vins tirés de cette terre travaillée est le reflet de la beauté et de la richesse de leur environnement.


Un vignoble à grand spectacle.

Terrasse privative pour les hôtes du domaine du Burignon.

La ville y possède trois domaines, véritables balcons donnant sur le lac Léman aux tonalités si romantiques selon les heures du jour ; somptueuse avant-scène pour la chaîne des Alpes qui étend la masse impressionnante de ses sommets côté français derrière Thonon et Evian !
Dans ce paysage enchanteur entre Lausanne et Vevey, le Clos des Moines, le Clos des Abbayes et le Domaine de Burignon produisent des vins pleins de charme et de fraîcheur.
Le vignoble d’origine fluvio-glaciaire pour le Clos des Moines et le Clos des Abbayes, donne d’excellents Chasselas sous l’appellation « Dezaley, Grand Cru AOC Lavaux » et « Saint-Saphorin, Grand Cru AOC Lavaux ». Le clos des Moines et le Clos des Abbayes produisent également un Chardonnay de la Ville « Dezaley, Grand Cru AOC Lavaux » ; une cuvée spéciale issue de petites vignes de Chardonnay sises sur ces deux domaines : une rareté puisque le Chardonnay représente  moins de 1% de l’encépagement de Lavaux.
Les vignerons assemblent également Pinot noir, Gamay, Gamaret et Garanoir pour offrir des rouges fruités, racés et harmonieux.
Mention spéciale pour le domaine du Burignon qui propose un hébergement assez unique offrant une vue à 180 ° sur le lac dans le corps principal du bâtiment : un régal pour les yeux avant de passer en terrasse ou de s’attabler afin de déguster les vins du domaine autour d’un petit plat du cru.



Des vins à découvrir

Aimé Berger, le vigneron du Chateau Rochefort

Sur des pentes plus douces (10 %), du côté de Morges et Allaman, Château Rochefort a été totalement converti en biodynamie. On y appréciera le travail de la famille Berger qui peaufine le Château Rochefort blanc « Allaman, Grand Cru AOC La Côte », un 100 % chasselas, fin et friand qui sait se muer en tendre ami des poissons du lac pour un accord met/vin savoureux que l’on peut apprécier grâce au talent de madame Berger : elle cuisine à merveille la Fera ou la Perche du lac que l’un des rares pêcheurs professionnels encore en activité, lui apporte presque encore frétillants. C’est un des charmes de cette table et chambres d’hôtes au décor sobre et contemporain, aménagées au château.
Aimé Berger bichonne aussi des vignes productrices d’un beau vin rouge « Allaman, Grand Cru AOC La Côte » assemblage de Pinot noir, Gamay, Garanoir et Gamaret. Ces deux derniers cépages obtenus en 1970 en Suisse, sont parmi les nombreux descendants d’un croisement de Gamay et Reichensteiner (cépage blanc allemand). Ils produisent des vins colorés et structurés, riches en tanin, au nez frais et acide s’ouvrant très vite sur des parfums de fruits rouges.
Tout près de là, l’Abbaye de Mont sur Rolle se prête particulièrement bien à la découverte de l’Appellation « Mont sur Rolle Grand Cru ». Sur les presque 14 hectares du domaine, règne le chasselas « roi de nos côteaux pour l’élaboration des vins blancs» comme l’explique Tania Gfeller, oenologue responsable des vignobles de la ville de Lausanne. Fort de son antériorité de 1000 ans, ce cépage originaire de l’arc allemanique qui se plait à exprimer toute la variabilité des terroirs, l’emporte et de loin : grâce à lui, le blanc représente 90 % des vins des domaines de la ville de Lausanne.
Les vignes plongent leurs racines dans la moraine glaciaire avec, en surface, des types de sols divers, ce qui donne sur une faible distance, une marqueterie de terroirs très différents. Ainsi le domaine s’étend pour partie sur un terroir riche et profond en bord de lac, en partie sur les sols plus parcimonieux du côteau.
Les vins vieillissent dans des foudres de bois, évoluant lentement dans le secret d’un chai dont la première construction remonterait à l’an 996 ! Depuis 1802, la ville entretient l’authenticité du lieu, cadre de manifestations mais aussi table d’hôtes.


Une tradition qui a de la bouteille

Le bateau "Belle Epoque" vient de déposer ses passagers au petit port de Vevey

Outre le respect du cahier des charges de leurs Appellations respectives (avec nom du village pour les Grands Crus), la ville de Lausanne a édicté sa propre charte de qualité qui garantit, par exemple, que les vins des domaines ne sont jamais mélangés, même s’ils appartiennent à la même Appellation.
La vente aux enchères est le mode de commercialisation phare des vins de la ville de Lausanne selon une tradition qui se perpétue depuis1803 !  Elle se déroule à l’hôtel de ville de Lausanne, tous les ans le second samedi de décembre.
Lors de la mise aux enchères, chaque domaine propose traditionnellement une cuvée de Chasselas et un assemblage de rouge. Le lot minimal est de 46 bouteilles.
Les enchérisseurs peuvent ainsi acquérir des flacons exclusifs dont la réputation, régulièrement confortée par de nombreuses distinctions, n’est plus à faire. La vente donne d’ailleurs le ton des tendances du marché des vins vaudois millésime après millésime.
Si la vente aux enchères assure la commercialisation des ¾ des vins des domaines de la ville de Lausanne, une gamme spécifique est également réservée à la vente directe au domaine, généralement sur rendez-vous, et ce tout au long de l’année.
De plus en plus ouverte à l’oenotourisme, Lausanne participe à travers ses vins à des évènements locaux dont la fête des vins de Vevey n’est pas des moindres. Mais patience, car la prochaine édition est programmée pour  2019.
La ville garde pour sa propre oenothèque, 250 bouteilles par millésime et par vin. Sa collection, véritable mémoire de cette partie de son histoire, compte aujourd’hui 30 000 bouteilles qu’elle n’est pas prête de céder !

En Lavaux, les villages sont enchâssés entre les vignes et le lac Léman

Claire Cayla