Portraits

Portrait de Antoine Chevanne

Vous êtes l’arrière-petit-fils de Sylvain Floirat, le fondateur du début de l’hôtellerie en 1967 avec l’achat du Mythique Byblos. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la suite de votre père Sylvain Chevanne ?

En 67, mon arrière-grand-père a racheté un peu par hasard le Byblos, car il connaissait son propriétaire Prosper Gapario qui faisait face à d’énormes difficultés financières. Il lui a fait une offre sans avoir l’intention de la remporter, mais Prosper était aux abois et il a accepté. A l’époque le Byblos était hors du temps, mais en phase avec son époque. Lieu mythique où Mick Jagger s’était marié, où Brigitte Bardot explosait !
Mon arrière-grand-père et mon grand-père ont su gérer l’affaire avec brio avec le succès que l’on connait.
Durant ma jeune adolescence je venais au Byblos en tant que « client ». En grandissant je n’avais aucune velléité à travailler dans l’hôtellerie. Tout est arrivé un peu par hasard !
C’est une thèse à Dauphine sur l’étude de l’impact de l’économie industrielle dans l’hôtellerie de luxe qui m’a donné le virus. Ayant rencontré beaucoup de directeurs de marketing de palaces, j’ai été fasciné par leur monde et leur quotidien.

L'hôtel Byblos Saint-Tropez du Groupe-Floirat , avec sa piscine et transats

Premières armes au Royal Monceau

La façade du Royal Monceau

De là j’ai fait mes premières armes au Royal Monceau, où je suis passé par tous les services, (mon père voulant me dissuader de me lancer dans l’hôtellerie), puis un Summer Camp avec une session Opérationnel et développement. Fin des années 90, mes parents devaient prendre un virage, réinvestir et réinventer le Byblos, qui se faisait vieillissant, pour le mettre au goût du jour. Je décide de faire un « reporting » et un « benchmarking » en faisant un tour du monde de ce qui marche et existe dans l’hôtellerie de luxe (Asie, USA…)
En 97 le nouveau Byblos renaît de ses cendres et la rénovation est un succès.

2001, l’année de tous les changements !

L'hôtel Byblos Saint-Tropez du Groupe-Floirat , de nuit avec sa piscine éclairée

Puis en 2001, ce fut le challenge de ma vie ! Il a fallu que je décide en 48 h si je prenais la direction du Byblos, car notre directeur général en place depuis plusieurs années partait.
J’ai donc dû faire face à de nouveaux défis, à savoir convaincre le personnel et les compétiteurs.
Deux personnes m’ont largement soutenu et épaulé dans cette période, malgré tout d’apprentissage, et je leur serais toujours reconnaissant. Je parle de JP Sivy de l’Hôtel Monaco et Nicole Spitz du Negresco.
Au bout de 3 ans, Jean-Luc Naret, directeur général du Michelin me dit « tu es reconnu par tes pairs. » Je sortais enfin la tête de l’eau !
Enfin en 2007, le groupe Aigle Azur est rebaptisé Groupe Floirat en hommage à mon arrière-grand-père.
Aujourd’hui nous sommes trois à décider. Mes parents, qui restent les garants d’une époque, d’une clientèle et d’une histoire et moi.

L'hôtel "La Réserve" à Saint Jean de Luzdu Groupe-Floirat

Vous développez de plus en plus la partie hôtellerie. Est-ce à dire que vous souhaitez agrandir votre parc hôtelier et vous frotter à d’autres grands groupes ?

Non par contre nous souhaitons trouver un complément au Byblos, avec une destination soleil en hiver, de l’autre côté de la Méditerranée.
Mais surtout trouver des investisseurs ayant le même état d’esprit et la même philosophie que nous et surtout une vision hôtelière identique à la nôtre. Nous voulons créer des valeurs sur le long terme.
Nous avons déjà quelques pistes et quelques touches…
Aujourd’hui nous avons trois thématiques dans nos établissements :
L’Ultra Luxe avec le Byblos, authenticité et charme avec le Manoir, divertissement avec les Caves du Roy.
Nous travaillons aussi sur d’autres thèmes pour conserver notre marché captif.

Les Manoirs de Tourgeville, à 7km de Deauville

Qu’est-ce qui vous semble le plus difficile dans la gestion de l’hôtellerie  ?

Le plus important c’est l’anticipation des besoins du client. Il faut cibler juste tout en ne trahissant pas nos propres valeurs et l’ADN de l’établissement.
Ce qui implique de conserver la tête froide et de toujours se positionner au-delà des attentes du client pour produire l’effet « waouh ».
Lorsque j’ai pris les commandes du Byblos, j’ai voulu avoir la reconnaissance du personnel, mais j’ai dû faire mes preuves. Heureusement le directeur de l’époque, Monsieur Christian Chauvin m’a soutenu.
Dans un autre registre, j’ai mis par exemple 12 ans pour avoir la distinction « Palace » pour le Byblos.

Les Caves du Roy, incontournable Night Club de Saint-Tropez

A vos yeux quelle est votre force et les atouts de vos établissements ?

La fidélité de nos employés. 70 % sont là depuis des années. Nous avons très peu de turnover.
Ils représentent la mémoire des clients et de l’histoire de l’hôtel. C’est d’ailleurs aussi une des raisons de la fidélité de nos clients. A mes yeux la composante humaine est fondamentale.
Ensuite certainement, le fait d’être en phase, d’anticiper et de surprendre le client chaque année. L’étonner tout en conservant le service qu’il aime
D’autre part, le développement durable est très important à nos yeux. Il est nécessaire aujourd’hui de le prendre en compte dans le développement de nos hôtels, ainsi que les économies d’énergie.

L'intemporelle piscine à débordement de La Réserve à Saint Jean de Luz

Votre approche des établissements se caractérise par une " ambiance " maison, un style un peu familial et chaleureux. Or de plus en plus d’établissements se tournent vers le style contemporain, Qu’en pensez-vous ?

Nous souhaitons garder la personnalité des endroits que nous gérons, ainsi que l’esprit d’équipe (une certaine proximité avec les clients). En un mot, nous tenons à cultiver cet état d’esprit.
Les modes de consommation évoluent. Il faut donc revenir à l’essentiel avec un retour à l’authenticité.
Le principe : garder un esprit juste.
Pour moi le Byblos comme les autres hôtels sont des établissements actuels. Ils ont évolué avec et dans leur temps. Nous voulons développer le meilleur et l’adapter à notre clientèle.
Par ex, nous avons créé le Rivea au Byblos qui a remplacé le Spoon et le Concept Be Lounge, autour de la piscine où le client peut se restaurer à n’importe quelle heure.
A mes yeux une des composantes du luxe c’est d’avoir le choix de se restaurer quand on veut et comme on veut.

Le Restaurant Rivea au Byblos