Evasion

Un luxe suprême mais discret

Ici, le luxe est suprême mais discret, l’atmosphère ultra élégante mais jamais pesante, malgré le livre d’or qui donne le tournis. Le mot palace est d’ailleurs presque banni puisqu’on lui préfère le terme de villa. La dernière rénovation de ce lieu enchanté, est la villa Garrovo, (nom du fleuve qui meurt dans le lac) construite en 1833 par le baron Ciani, propriétaire du site. Ce chalet suisse, tel qu’on l’appelait à l’époque, a été réhabilité en 2015, après les villas Cima et Malakoff.Sept cent mètres carrés répartis sur trois niveaux, comprenant cuisine, grand salon, six chambres avec leur salle de bain en marbre, salle de sport et de repos, jardins et terrasses privatives. Côté décoration, un mélange de style victorien et XVIIIe italien, décliné dans des tonalités pastel, dans des soieries et des brocarts confectionnés dans la région de Côme.



Le lieu bénéficie du service de la maison mère. Mais si certains soirs la vie « comme à la maison » lasse, il suffit d’aller dîner (dument cravaté) au restaurant gastronomique La Véranda, et se laisser bercer par Eugénio Colzani, maître d’hôtel unique en son genre qui se rappelle de votre nom même si vous n’êtes pas un prince, et qui vous propose dans un Français châtié ce qu’il y a de plus délicat à la carte. A la Villa d’Este, chaque instant est une minute volée au paradis. Et les insomnies deviennent presque des amies car il n’y a rien de plus berçant que de sortir de sa chambre en pleine nuit, lorsque le sommeil fait défaut, et se promener au bord du lac dans lequel la lune se mire, longer la mosaïque Nymphée, ou remonter l’allée des cyprès bordée de cent trente vasques de granit où l’eau s’écoule dans un chuintement planant. Calmé par tant de splendeur, on regagne ensuite sa chambre, jusqu’aux premiers rayons du soleil qui passent à travers les persiennes et font planer sur les tableaux en bois doré des vibrations arc-en-ciel.



Serge Gleize