Des chaises ou plus si affinités...
Quatre pieds pointés, un dossier, une assise : aucun doute c'est une chaise. Mais quelle chaise ! Sur la planète Chantal Saccomanno & Olivier Dayot, ce meuble innocent, qui ne demande guère mieux que de remplir sa fonction, se retrouve subitement assigné à un tout autre usage. L'art tout simplement. Plus qu'une chaise, une sculpture donc. Pour un peu on hésiterait à s'asseoir dessus...
De la tronçonneuse au pinceau
Il tronçonne, elle tatoue. Il sculpte, elle griffonne. Il laque, il ponce, elle orne. Chantal Saccomanno et Olivier Dayot, c'est l'histoire d'un duo qui fonctionne bien. Chacun son périmètre. Chacun son univers. Et pourtant de la collusion des deux résultent des créations virtuoses et délicates, et surtout une langue, avec sa propre grammaire. Cela doit s'appeler dans l'usage courant l'alchimie. Et c'est bel et bien de l'or que nous livrent ces deux là. Des meubles-sculptures excentriques, psychédéliques, sibyllins, ondulants, baroques, que sais-je. Sur leur peau blanche et douce circulent les méandres d’un graphisme sophistiqué tout droit sortis de l'écriture automatique de Chantal Saccomanno. Leurs pieds pointés comme une danseuse plongent les lignes courbes dans l'apesanteur. Les dentelles d'encre noir hypnotisent celui qui espérait juste s’asseoir sans rien attendre d'autre de la vie...
Des pièces uniques
Bien évidemment, impossible d'industrialiser le dispositif qui repose sur la seule magie du couple. Aussi, en fait de mobilier, vous commanderez des sculptures, certes utiles mais uniques. Après les chaises vous vous laisserez sans doute tenter par le lit accroché au sol, le placard incrusté dans un autre placard, les tables tronc à moitié carrées creusées et tapissées de feuilles d’or… tandis que ci et là les signes primitifs de Chantal Saccomanno semblent sortir de la mémoire du fond des âges comme par magie. Exemplaire unique oblige, le prix est à l'avenant. De 400 € à 40000 € pour les créations les plus folles. Comptez 1200 € pour une chaise. A ce prix là, pas de quoi toutefois en tomber nous direz-vous.
Mars 2012
Par Alisée Poupre
