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Polaroid, des instantanés et des "instants donnés"...

Thierry Arensma est photographe professionnel depuis vingt ans. Un an après le tsunami, cet homme nous livre son témoignage visuel sur des populations qu'il connaît et qu'il aime, dans son ouvrage de photographies intitulé "Instants donnés".
La plupart des clichés présentent des pêcheurs, rencontrés le long des côtes de Colombo et de Madras, au Sri Lanka et en Inde du Sud. Loin de tout misérabilisme, ces instantanés témoignent néanmoins d'une situation de précarité qui a empiré tragiquement après le tsunami.
Polaroid, des photos pas comme les autres...

Son travail, réalisé à la chambre Polaroid et effectué à la lumière naturelle, a donné lieu à plusieurs expositions en France et en Inde. Les photos sont en noir et blanc, aux contrastes forts : des photos d'avant le drame, qui disent la dureté de la vie et la dignité dans laquelle elle s'accomplit. Les enfants de dix ans ont des regards d'adultes, les pêches miraculeuses tiennent au creux de la main, le bonheur est au bout d'une journée de mer.
Tous ont été frappés de plein fouet. Tous ont perdu un fils, un ami, un voisin. La plupart ont perdu leur maison, leur bateau.
Aujourd'hui, il ne reste de ce paysage que de simples ruines.

"Il est indispensable que je leur laisse une trace"

Thierry Arensma a travaillé avec les films Polaroid 665 et 55 pour diverses raisons. Il explique son goût pour la simplicité et pour le piqué unique des films négatif/positif Type 55 Polaroid qu'il juge excellent. Il ajoute que l'étendue des gammes de gris et le côté aléatoire des effets du contour du film, que présentent les Type 55 et Type 66, l'ont également séduit.
La rapidité du développement qu'offrent les films Polaroid lui ont permis de juger très rapidement de la "tenue" de ses images et d'envisager des combinaisons possibles entre plusieurs vues. "Mes images nécessitent une pleine participation des sujets que je photographie. Il est indispensable que je leur laisse une trace de notre aventure commune. Le Polaroid me permet cela.", nous dit Thierry Arensma. En effet, le photographe tenait absolument à donner un cliché Polaroid à chacun des gens qu'il a photographiés.

Une rencontre. Un échange

Certains parleront d'échange, d'autres d'humanisme... Ces portraits sont avant tout le résultat d'une rencontre, certes éphémère, mais qui demeure d'une grande intensité pour Thierry Arensma. Son but était de construire son travail sur un véritable échange et non sur des portraits dérobés. En offrant ses photos à ses modèles, le photographe français a su exprimer sa foi passionnée dans le destin de ces peuples d'Asie du Sud- Est.
Enfin, ce photographe d'exception explique qu'il aime cette notion d'immédiateté du résultat, qui constitue le prolongement de l'acte éphémère qu'est la photographie. "L'importance de ce matériel me semblait indispensable pour poser un climat et exposer des personnes, photographier leur intériorité plus que leur enveloppe charnelle", conclut Thierry Arensma.

L'avenir se construit aujourd'hui

Le livre de photographies de Thierry Arensma est dédié aux victimes du tsunami et les fonds issus de sa vente seront versés à une ou plusieurs ONG locales.
Un cahier des charges visant à la dynamisation des villages de pêcheurs a été mis en place, ainsi qu'un comité de surveillance garantissant la transparence des opérations.
Une barque de pêche coûte là-bas entre trois cents et cinq cents euros. Ils vont en reconstruire et les remettre à l'eau. Alors le travail du voyageur photographe, tant de fois accueilli, questionné, hébergé, prendra tout son sens.

L'auteur présentera ses photos le mardi 13 décembre à partir de 18h30, au siège des éditions Passage d'encres, 16 rue de Paris, 93230 Romainville.
Décembre 2005

"Instants Donnés"
Thierry Arensma
Prix de l'ouvrage : 45 €, au bénéfice des populations sinistrées du Sri Lanka et du Tamil Nadu




Editions Passage d'encres, collection Trace(s) 2005
Tél. 01.48.43.22.23
www.passagedencres.org
Date de sortie : mi-janvier 2006