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Une vitrine très expérimentale

On avait laissé Olafur Eliasson dans son ascenseur dédié à la Perte des sens imaginé lors de la réouverture de la Maison sur l'avenue parisienne mythique. Ici cette spectaculaire "chambre d'entropie sensorielle" fonctionnait comme une boîte noire bloquant toute forme de stimulis sensitifs. De toute évidence, cette première rencontre avec l'artiste danois avait déjà le mérite de plonger l'expérimentateur dans le questionnement fondamental de son modèle de perception. Aujourd'hui, Olafur Eliasson pousse l'expérience de sa propre conscience plus loin encore. Résultat : les quelque 350 vitrines Louis Vuitton brilleront cet hiver à la lumière monochromatique jaune d'une lampe en forme de pupille. Premier servi et ce depuis le 9 novembre dernier, le magasin de la 5e Avenue à New-York.

Le regardeur regardé

C'est parce que la vitrine, notamment d'un magasin de luxe, crée par définition une frontière physique et psychologique avec l'observateur qu'Olafur Eliasson a orienté son travail sur la reconnexion vitrine-espace extérieur. L'idée : faire dialoguer la devanture avec le passant en mettant en scène un regard émanant de l'intérieur ainsi qu'une série de miroirs. De fait, celui qui regarde est au même moment observé par la lampe-oeil et, simultanément, se voit en train de voir. Une expérience au final à la fois physique et philosophique, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler la dialectique sartrienne à l'oeuvre dans Huis-clos, qui a le mérite de bousculer le flâneur et de l'inciter à la réflexion. Une démarche en outre loin d'être mercantile puisque l'intégralité des honoraires perçus pour le projet Eye see you seront reversés à la fondation 121Ethiopia.org récemment créée par l'artiste pour finance différents projets d'aide humanitaire en Etiopie.