Alexandre et Louis XIV, tissages de gloire aux Gobelins
Alexandre le Grand et Louis le Grand.Louis XIV, le roi soleil se rêvait en moderne Alexandre, tissant lui-même le mythe de l’astre qu’il voulait incarner aux yeux de ses sujets et de la postérité… Louis voulait laisser l’empreinte de ses pas dans le fabuleux destin de l’antique conquérant. Tous les arts furent mis au service de la légende qui s’écrivait avec les hauts faits royaux : peinture, mobilier, objets d’art célébrèrent le souverain. Ainsi, une centaine d’œuvres sorties des réserves du Mobilier national et montrées illustrent ces commandes…
Un décorateur collectionneur met en scène
Aux Gobelins, Jacques Garcia met en scène les fleurons des manufactures royales. Célèbre architecte d’intérieur et collectionneur spécialiste des 17ème et 18ème siècles, lui seul pouvait oser incarner le décorateur de Louis XIV, un décorateur très inspiré : lors du premier carrousel de Louis XIV en 1662, le jeune souverain, centre de la parade équestre, parut costumé en empereur romain, caparaçonné d’or, de bas de soie cramoisie et coiffé d’un casque surmonté de hautes plumes écarlates. Probable réminiscence du goût royal, Jacques Garcia badigeonne audacieusement la nef d’un pourpre qui irradie l’espace scandé d’arcs de triomphe. Pour ne pas ternir les ors des meubles, la lumière rougissante filtre, derrière le taffetas carmin des baies vitrées.
Les tapisseries de « l’histoire du roi » célèbrent les belles heures du règne
Dans la galerie s’affichent les belles heures du règne de Louis XIV. Les tapisseries de « l’histoire du roi », peintes par van der Meulen, racontent les conquêtes de la première partie du règne alors que rien ne semblait se refuser au prince. Dans une reconstitution d’intérieur opulent, les précieux meubles Boulle ornés de marqueterie d’étain, de cuivre doré, d’écaille et d’ébène accompagnent un tapis de la Savonnerie.
« l’histoire d’Alexandre » par Le Brun, un destin idéal
Le premier étage de la galerie traité à la manière d’un jardin de topiaires reproduit les décors éphémères des fêtes données par le roi à Versailles. Berain, alors premier décorateur du souverain et organisateur des Menus Plaisirs, imaginait le cadre de ces réjouissances. Les plus belles tapisseries suspendues par un système de poulies s’exposaient en pleine lumière, à la gloire du roi soleil. Ainsi, les 13 tapisseries de « l’Histoire d’Alexandre » chef d’œuvre de Le Brun, premier peintre du roi et fondateur de la manufacture des Gobelins, viennent-elles faire écho par leur somptuosité aux hauts faits de Louis le Grand. Le souverain lui-même ne les vit jamais, faute d’un espace suffisamment vaste pour les accrocher ensemble. Elles continuent de rayonner, leurs fils de soie et d’or entremêlés, par delà les siècles.
Damienne Schilton
Septembre 2008
Par Damienne Schilton