Le Kabuki honore Paris
Alors que des représentations de théatre de Kabuki sont données au Théâtre National de Chaillot, la Maison de la culture du Japon à Paris s'associe à cet événement en présentant de somptueux costumes de scène. Cette exposition rassemble une trentaine de costumes représentatifs de cet art.
Les habitués du théatre de Kabuki sont en général de grands connaisseurs de kimono et ils ont généralement les moyens d'acheter des kimonos de qualité. les prix de ces derniers sont, à l'aune occidentale, très élevés : le kimono d'une jeune fille atteint facilement les 20.000 euros.
Les habitués du théatre de Kabuki sont en général de grands connaisseurs de kimono et ils ont généralement les moyens d'acheter des kimonos de qualité. les prix de ces derniers sont, à l'aune occidentale, très élevés : le kimono d'une jeune fille atteint facilement les 20.000 euros.
De véritables estampes mouvantes
Le Kabuki est apparu avec l'avènement du gouvernement militaire de l'époque d'Edo (1603-1868).
Ce théâtre traditionnel vieux de 400 ans est interprété uniquement par des acteurs masculins. Il a su évoluer jusqu'à nos jours en intégrant les critères esthétiques typiquement japonais de chaque époque.
La beauté du Kabuki, reflet de l'air du temps, se compose de divers éléments, à commencer par les costumes, véritables estampes mouvantes. Attestant un grand sens artistique, ils peuvent être ornés de motifs d'une rare luxuriance ou faire preuve d'une certaine sobriété.
"Giri" et apparences : le jeu des couleurs
Un des grands thèmes du théatre de Kabuki est le "Giri" : obligation, devoir ou dette morale, qui relie le sujet à toute personne dont il a reçu un bienfait. Les liens du "Giri" se nouent entre deux personnes concrètes, bien déterminées, qui peuvent avoir des statuts différents, et c'est pourquoi au Kabuki les costumes sont si importants. A l'époque d'Edo où ce théatre fit son apparition régnait une société de classe où samuraïs, paysans, artisants ou commerçants s'habillaient de manière bien distincte. C'était une société fondée sur la forme et l'apparence.
Les couleurs, souvent éclatantes, parfois plus nuancées, possèdent une symbolique particulière : le rouge exprime la passion , le violet est la couleur des nobles, le bleu pâle symbolise un beau jeune homme, le noir suggère une forte personnalité... Les motifs, teints ou brodés, sont généralement de grande dimension afin de pouvoir être vus par les spectateurs assis loin de la scène. Comme les couleurs, ils peuvent symboliser une caractéristique du rôle. Le maquillage des acteurs est également très important et obéit aussi à toute une codification des traits et des couleurs exprimant très précisément les caractères et les états d'âmes des personnages.
Les onnagatas, acteurs masculins spécialisés dans les rôles féminins
Plusieurs des costumes exposés sont portés dans les pièces appelées kabuki jûhachiban; ces "dix-huit meilleures pièces" sont celles que le célèbre acteur Ichikawa Danjurô VII (1791-1859) sélectionna dans le répertoire de la famille Ichikawa. D'abord interprété par des femmes dans la rue, le théatre de Kabuki a pris une autre dimension lorsque des hommes endossent ces personnages féminins, les fameux onnagatas. Aujourd'hui encore la tradition est respectée et tous les rôles du Kabuki sont joués par des acteurs masculins.
L'exposition présente aussi les particularités des costumes des onnagatas, ainsi que des costumes d'un personnage qui diffèrent selon l'acteur qui l'interprète.
L'art de mettre un costume de kabuki
Une des spécificités les plus intéressantes du Kabuki est le changement rapide et spectaculaire de costume sur la scène. La forme et les couleurs du nouvel habit suggèrent une brusque métamorphose dans la personnalité du personnage.
Au cours de la démonstration, vous assisterez à ces changements de costume qui font appel à plusieurs techniques (hikinuki et bukkaeri). Des personnes choisies dans le public revêtiront les tenues de samurai, de citadin, de courtisane...
Une première en Europe
Le Kabuki est aussi une affaire de transmission, de famille et de nom
La venue à Chaillot d'un Danjûrô et d'un Ebizô, un père et son fils issus de la famille Ichikawa, sans doute la plus importante à ce jour, est à ce titre exceptionnelle : en effet, au printemps 2004, Shinnosuke Ichikawa VII, héritier du nom d'Ebizô, est devenu Ebizô Ichikawa XI.
Shinnosuke, star dans son pays aussi bien comme jeune acteur de Kabuki que de séries télévisées, reprend ainsi un titre de la famille qui lui est transmis par son père... Et cela se fait en français !
Cette prise de nom constitue la seconde partie du programme Kabuki. Une première en Europe.
Le nouvel Ebizô XI, dans la cérémonie du Kôjô, où il prend officiellement son nouveau nom, pratique une série de "mie" et "nirami", des gestes et jeux de physionomie figés.
On pourra également découvrir Toribe-yama Shinjû ou "Double suicide à Mont Toribe", plus théâtral, appartenant au genre "néo-kabuki" qui s'attache à suivre la forme traditionnelle. Puis la soirée se finit dans le frémissement de Ren-jishi ou "Danse des lions", père et fils, qui met en avant la danse.
Petite anecdote, c'est pour Shinosuke que la maison Vuitton a confectionné spécialement une boîte de maquillage adaptée aux besoins d'un acteur de Kabuki...
Le Kabuki est apparu avec l'avènement du gouvernement militaire de l'époque d'Edo (1603-1868).
Ce théâtre traditionnel vieux de 400 ans est interprété uniquement par des acteurs masculins. Il a su évoluer jusqu'à nos jours en intégrant les critères esthétiques typiquement japonais de chaque époque.
La beauté du Kabuki, reflet de l'air du temps, se compose de divers éléments, à commencer par les costumes, véritables estampes mouvantes. Attestant un grand sens artistique, ils peuvent être ornés de motifs d'une rare luxuriance ou faire preuve d'une certaine sobriété.
"Giri" et apparences : le jeu des couleurs
Un des grands thèmes du théatre de Kabuki est le "Giri" : obligation, devoir ou dette morale, qui relie le sujet à toute personne dont il a reçu un bienfait. Les liens du "Giri" se nouent entre deux personnes concrètes, bien déterminées, qui peuvent avoir des statuts différents, et c'est pourquoi au Kabuki les costumes sont si importants. A l'époque d'Edo où ce théatre fit son apparition régnait une société de classe où samuraïs, paysans, artisants ou commerçants s'habillaient de manière bien distincte. C'était une société fondée sur la forme et l'apparence.
Les couleurs, souvent éclatantes, parfois plus nuancées, possèdent une symbolique particulière : le rouge exprime la passion , le violet est la couleur des nobles, le bleu pâle symbolise un beau jeune homme, le noir suggère une forte personnalité... Les motifs, teints ou brodés, sont généralement de grande dimension afin de pouvoir être vus par les spectateurs assis loin de la scène. Comme les couleurs, ils peuvent symboliser une caractéristique du rôle. Le maquillage des acteurs est également très important et obéit aussi à toute une codification des traits et des couleurs exprimant très précisément les caractères et les états d'âmes des personnages.
Les onnagatas, acteurs masculins spécialisés dans les rôles féminins
Plusieurs des costumes exposés sont portés dans les pièces appelées kabuki jûhachiban; ces "dix-huit meilleures pièces" sont celles que le célèbre acteur Ichikawa Danjurô VII (1791-1859) sélectionna dans le répertoire de la famille Ichikawa. D'abord interprété par des femmes dans la rue, le théatre de Kabuki a pris une autre dimension lorsque des hommes endossent ces personnages féminins, les fameux onnagatas. Aujourd'hui encore la tradition est respectée et tous les rôles du Kabuki sont joués par des acteurs masculins.
L'exposition présente aussi les particularités des costumes des onnagatas, ainsi que des costumes d'un personnage qui diffèrent selon l'acteur qui l'interprète.
L'art de mettre un costume de kabuki
Une des spécificités les plus intéressantes du Kabuki est le changement rapide et spectaculaire de costume sur la scène. La forme et les couleurs du nouvel habit suggèrent une brusque métamorphose dans la personnalité du personnage.
Au cours de la démonstration, vous assisterez à ces changements de costume qui font appel à plusieurs techniques (hikinuki et bukkaeri). Des personnes choisies dans le public revêtiront les tenues de samurai, de citadin, de courtisane...
Une première en Europe
Le Kabuki est aussi une affaire de transmission, de famille et de nom
La venue à Chaillot d'un Danjûrô et d'un Ebizô, un père et son fils issus de la famille Ichikawa, sans doute la plus importante à ce jour, est à ce titre exceptionnelle : en effet, au printemps 2004, Shinnosuke Ichikawa VII, héritier du nom d'Ebizô, est devenu Ebizô Ichikawa XI.
Shinnosuke, star dans son pays aussi bien comme jeune acteur de Kabuki que de séries télévisées, reprend ainsi un titre de la famille qui lui est transmis par son père... Et cela se fait en français !
Cette prise de nom constitue la seconde partie du programme Kabuki. Une première en Europe.
Le nouvel Ebizô XI, dans la cérémonie du Kôjô, où il prend officiellement son nouveau nom, pratique une série de "mie" et "nirami", des gestes et jeux de physionomie figés.
On pourra également découvrir Toribe-yama Shinjû ou "Double suicide à Mont Toribe", plus théâtral, appartenant au genre "néo-kabuki" qui s'attache à suivre la forme traditionnelle. Puis la soirée se finit dans le frémissement de Ren-jishi ou "Danse des lions", père et fils, qui met en avant la danse.
Petite anecdote, c'est pour Shinosuke que la maison Vuitton a confectionné spécialement une boîte de maquillage adaptée aux besoins d'un acteur de Kabuki...
Octobre 2004
Par Sawako TAKAHASHI