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Espèce à protéger…

Dans le théâtre de la vie, certains sont spectateurs, d’autres acteurs. Jean-Yves Routier est de cette espèce-là. Associé depuis 2002 avec Michel Laforêt, propriétaire du lodge Mopaya en Afrique du Sud, il est responsable du programme CRESAM (Conservation et Reproduction des Espèces sauvages Africaines Menacées). Rallié par des sommités comme le professeur Fontbonne, président des vétérinaires spécialisés en reproduction, le CRESAM compte aujourd’hui environ 120 membres, tous bénévoles et avant tout dans l’action. Pas de peoplisation ni de paroles chimériques. Rien que des Homo Sapiens engagés, conscients du fait que notre espèce doit changer pour éviter un krach biologique et un crash humain. Rencontre avec une espèce… à protéger.

 


Comment est venue l’idée du CRESAM ?


Nous sommes partis d’un constat. Les causes de disparition d’espèces sont liées à deux facteurs : l’un environnemental lié à l’homme (destruction ou restriction de l’habitat, chasse, braconnage, pollution…) ; l’autre biologique (maladies, appauvrissement génétique…). Nous ne voulions pas nous en tenir à des travaux sur l’environnement mais voir une approche complémentaire en améliorant « in situ » la reproduction d’espèces africaines menacées, ce qui ne s’était jamais fait auparavant.



C’est-à-dire ?


A travers cette ONG composée en majorité de scientifiques (vétérinaires, généticiens, biologistes, géophysiciens), nous souhaitons créer à terme une banque génétique de référence pour la faune sauvage. Grâce à la pluridisciplinarité de son équipe et à une collaboration étroite avec des institutions universitaires ou de recherches comme l’Ecole Nationale de Maisons- Alfort ou l’Institut de Recherche sur la faune sauvage de Berlin, le CRESAM a mis au point une nouvelle technique d’insémination artificielle par endoscopie et une méthode inédite de typage génétique, reconnues sur un plan international.



Et le sanctuaire au Mozambique ?


La création de ce sanctuaire est unique et exclusive. L’idée est donc de créer un réservoir génétique d’espèces menacées aptes à repeupler d’autres réserves.



Ce projet s’inscrit-il uniquement dans une dimension scientifique ?


La création d’une banque génétique et d’un centre de recherche scientifique pouvant accueillir des chercheurs et des étudiants du monde entier ; un autre pédagogique proposant un tourisme scientifique (l’une des particularités du sanctuaire sera d’offrir la possibilité aux touristes de suivre des scientifiques dans leur travail et la construction d’un lodge est en projet) ; enfin le dernier objectif est humain et participera au développement socio-économique local en créant des activités alternatives génératrices de revenus, à la formation de personnels (il y aura une école de rangers) et au développement de programmes d’éducation de la population concernant la santé, l’hygiène et l’agriculture.
En plus de travailler en partenariat avec l’état mozambicain, en collaboration avec la faculté vétérinaire et l’Institut des Sciences Animales de Maputo, la capitale, nous avons également signé un accord de coopération avec le Ministère du Tourisme et l’US Aid. Le sanctuaire se veut un modèle d’aide au développement par la protection de la diversité et aussi un modèle sur le plan humain en associant en tous points le Mozambique et les populations à ce projet novateur qui associe l’homme et l’animal dans un intérêt partagé.

Avril 2010
Par Claire BUART