Madagascar l’authentique ! (1ère partie)
C’est le pays du « mora-mora » (tout doux, tout doux) ! Une silhouette énigmatique s’allongeant sur plus de 1500 km dans l’Océan Indien. Une île, presque une géante, aux dimensions continentales plus grande que la France, avec ses 590 000 km². Des côtes presque à l’infinie (5000 km), nanties d’une faune et d’une flore endémiques, uniques au monde. Madagascar, la mystérieuse, la bien- nommée « Grande Ile », reste un trésor presque vierge de l’industrialisation humaine, une terre à découvrir, riche de bois précieux, de fleuves, de forêts et d’espèces rares. Véritable arche deNoé, elle mérite notre visite, malgré son instabilité politique et économique.
Luxe Magazine a éprouvé un authentique coup de cœur pour cette île attrayante à découvrir en famille. Zoom sur cette destination en deux parties. Aujourd’hui, Tana, Eulophiella, Andasibe et Manambato
A Tana, flotte toujours un parfum de France
Edifiée sur les douze collines des « Hautes terres sous le ciel », la capitale, Antananarivo, - aussi surnommée Tananarive par les français - à l’ombre de ses jacarandas et frangipaniers, domine de 1300 mètres la plaine. Elle fut également la ville phare de l’Imerina, région historique où sont encore visibles les traces des anciens royaumes malgaches.
Malgré l’accroissement de sa population - passée de 50.000 à sa création à 1.7 million aujourd’hui -, de son rythme bruyant, de sa pollution, son charme provincial demeure et la courtoisie de ses habitants reste intacte.
La ville haute respire encore l’époque coloniale et le centre se découvre toujours à pied : maisons en bois, vieilles églises, écoles surannées..
Eulophiella, une belle surprise
Prenant la route en direction du Canal des Pangalanes, nous roulons prudemment sur les chemins à la nuit tombée, traversant des villages endormis, pour arriver à un petit hôtel situé en pleine réserve naturelle, à 5 km du parc d’Andasibe : Eulophiella.
Belle surprise ! Quelques bungalows en dur ou en bois de palissandre dispersés dans la nature, abritent de grands lits habillés de moustiquaires, des petits canapés et fauteuils en osier aux assises en tissu rose et blanc et une belle terrasse où s’installer au soleil couchant. Un bungalow central aux imposantes baies vitrées, abrite la salle à manger et une cheminée circulaire en brique rouge, que nous apprécierons en fin de soirée, la température frisant les 8°C. N’oublions pas qu’ici nous sommes à 920 m d’altitude, et que les nuits sont fraîches. Malgré l’heure tardive de notre arrivée, un dîner simple mais copieux nous fait découvrir la viande de Zebu !Au petit matin, après un sommeil réparateur sous une couette chaude - les bungalows n’étant pas équipés de chauffage, nous découvrons en ouvrant nos fenêtres un paysage sauvage et vallonné où la nature, dans un désordre savamment orchestré, s’exhibe dans toute sa splendeur : caféiers, cannelle, Ylang-ylang, néflier, manguier, palmiers, bananiers, bougainvillées, orchidées, dont la fameuse Eulophiella, d’où le nom éponyme de l’établissement, s’épanouissent dans cette réserve.
Le parc national d’Andasibe- Analamazaotra
Après un petit-déjeuner frugal, nous voici en chemin pour le parc d’Andasibe, à 5 km de là. S’étendant sur plus de 810 hectares, cette réserve de collines boisées et de forêts tropicales renferme un large éventail de palmiers, bambous, fougères et autres orchidées endémiques.Dans la forêt luxuriante de Mantadia, nous découvrons un monde végétal inattendu : les plantes grimpantes escaladent les arbres, les orchidées fixent leurs racines sur les branches, formant un véritable jardin suspendu. Des cours d’eau, rivières ou étangs apportent la vie. C’est ici que l’on rencontre l’indri-indri, le célèbre lémurien malgache, le plus grand également.A la suite de notre guide (choisi par Mada 2047), nous nous enfonçons dans cette forêt tropicale humide qui s’ouvre comme un patio, aux cris stridents des perroquets noirs qui se posent sur des lianes pour nous observer.
La rencontre avec des Indri-Indri
Un caméléon immobile roule de l’œil. Quelques oiseaux lancent des trilles comme pour prévenir leurs semblables de notre présence. Plus loin, l’inquiétant lac vert en forme de croissant, forme une tache sombre et se confond avec le fouillis végétal.Puis arrrive enfin le moment tant attendu : une famille d’indri-indri s’agite au sommet d’un ficus megapoda, nous observant de leurs yeux en boutons de bottine. De temps en temps, ils bondissent de branche en branche comme de vrais acrobates. Venus sur terre avant les singes, ces primates originaires de l’Afrique, un rien élitistes, ne vivent qu’à Madagascar. Comme ils sont essentiellement diurnes, ils furent baptisés « lémurien », nom dérivé de lémure : spectre, fantôme.
En route vers Manambato et le Lac Sacré
Après ce premier contact furtif avec la famille des lémuriens - qui nous laisse un peu frustrés, il faut bien le dire, car nous ne les avons qu’entraperçus -, direction Manambato, à 3 heures de route. Le soleil se lève doucement, réchauffant la terre et les feuilles de palmier. Au petit matin, nous traversons des villages aux quelques centaines d’âmes.
Le marché local se tient alors parfois sous un gros manguier, ou le long de la rue : de petites échoppes brinquebalantes, offrant cinq tomates ou trois bananes d’un côté, du manioc ou quelques salades de l’autre. Vivant dans des cases en feuilles et bois de bambou et pandanus pour le toit, montées sur pilotis, pour leurs poules, la population, bien que très pauvre, reste digne et s’accommode de ce que la nature ou la vie lui apporte. Les enfants habillés de vêtements disparates jouent, comme tous les enfants du monde, avec des pierres ou des bouts de bois.
Certaines femmes portent le masque de beauté à la comorienne, dessins géométriques de poudre blanche, à la fois protection contre le soleil et maquillage. D’autres, sur des parcours parfois de 5/10 km, portent fièrement leur fardeau le long de la route, fagots, paniers de riz, bassine d’eau…Après la route, un chemin de terre, qui lors des pluies devient presque impraticable, ce qui est le cas aujourd’hui, nous mène, en nous malmenant, au lac sacré, le « lac Rasoa Be ». Là nous déjeunerons très simplement à l’hôtel Acacia (une dizaine de bungalows très rustiquement meublés), situé en bordure du lac.
Puis l’aventure commence : nous embarquons dans une pirogue qui prend l’eau et nous prierons durant deux heures trente pour ne pas couler en traversant différents lacs et canaux du Canal des Pangalanes !