Escapade à la liégeoise !
Le Tour de France a cela de bien qu'il nous a fait découvrir cette année... la Belgique qui en a assuré le départ. Flamboyante avec sa gare moulée sur le galbe d'un rein, Liège a donc lancé les hostilités cet été pour la petite reine et en a profité pour convaincre ses augustes voisins de venir découvrir les mille-et-unes richesses de la "Cité ardente". Des coteaux de la citadelle aux rivages de la Meuse, des authentiques boulets liégeois au flambant neuf 5 étoiles local : itinéraire d'une cité gâtée.
La grande banlieue de Paris
2h10 de Thalys, de confortables sièges et du mauvais café et vous voilà enfin en contact directement avec elle... la Gare de Liège-Guillemins. Vous aurez beau avoir épluché le Guide Michelin et lu à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur elle, il faut malgré tout être préparé mentalement à être confronté, comme cela, sans ambages, avec la personnification de l'Ego. L'ingénieur-architecte espagnol Santiago Calatrava a mis vraisemblablement tout ce qu'il avait dans cette œuvre monumentale. Là, en aval de la Colline de Cointe, c'est un chaos de verre et d'acier qui se dresse fièrement. Un édifice colossal à la cambrure prometteuse qui laisse songeur et en dit long sur l'enjeu de cette ville fondamentale pour le petit monde de la Wallonie...
Alors certes Liège n'est sans doute pas la ville la plus belle de Belgique mais du haut de son histoire millénaire, de son urbanisme ambitieux, de ses ruelles pittoresques, de ses coteaux nantis de 3 étoiles au Guide Michelin, de ses quartiers trépidants où il fait bon vivre et se laisser porter par une bonne humeur "à la liégeoise", la ville peut légitiment trouver sa place entre Bruges et Bruxelles. Consciente du potentiel de son patrimoine, Liège s'est d'ailleurs naturellement portée candidate pour l'Exposition Internationale 2017, profitant du challenge pour accueillir en son sein ce qui lui faisait jusqu'à il y a quelques mois encore cruellement défaut : un cinq étoiles.
Liège dans les étoiles
Évidemment difficile de faire monter en gamme sa clientèle et de s'imposer comme spot touristique sans un 5 étoiles digne de ce nom. Passage obligé, le 5 étoiles n'en demeure pas moins un investissement périlleux et c'est donc non sans pression que le Crown Plaza local a élu domicile dans deux anciens hôtels particuliers du 17e siècle, restructurés et restaurés à l’identique puis flanqués d’un nouvel immeuble sur 7 niveaux. Seul complexe de cette envergure à 100 km à la ronde et plus généralement en Belgique francophone (hors banlieue bruxelloise), le Crown Plaza, tout en lambris, boiseries et stucs, ne déçoit pas et remplit vaillamment son rôle de miroir du patrimoine exceptionnel de Wallonie. Au programme 9 suites (jusqu'à 100 m2), 117 chambres avec plus ou moins vue sur jardin, une piscine de 55 m2, 11 cabines de soin signés Carita, une brasserie conviviale “Ô Cocottes” et un restaurant gastronomique “Le Sélys”. Rien à redire, tout est restauré et repensé avec goût, le service est attentif et souriant, la literie moelleuse tandis que la salle de bain fait bon usage du corian. Naturellement on déplorera, comme cela devient hélas légion dans nombre de 5 étoiles, la nécessité d'une licence d'ingénieur pour décrypter le mode d'emploi d'un pommeau de douche ou d'un interrupteur !
Où manger ?
Un premier constat s'impose : aucun risque de mourir de faim à Liège. La ville cumule les petits restaurants aux plats bon marché, les adresses trendy et les spots plus luxueux mêlant spécialités du pays et tentatives culinaires audacieuses avec plus ou moins de succès. Vous le saisirez rapidement, LA spécialité locale reste le Boulet liégeois et ses frites. Le principe ? Une boulette XXL accompagnée d'une sauce sucrée au-delà de l'entendement que l'on déguste - impeccable et bien entendu arrosée de Pékèt - chez Lequet, par exemple, dont le service approximatif n'est pas sans nous rappeler la légendaire convivialité des brasseries françaises... Le soir, direction LE LABO4 un ancien laboratoire de biochimie dressé au milieu d'un parc encore chargé des esprits des étudiants qui l'ont fréquenté. C'est de loin l'institution bobo du moment avec ses lumières tamisées, ses grandes tablées estudiantines et ses becs Bunzen. Si la carte, singulièrement alléchante, enthousiasme par endroit, elle pèche parfois par une surcharge de saveurs. Le cadre jubilatoire et la gentillesse du service prennent alors le relais pour parfaire, dans l'allégresse, la soirée. Le lendemain, un détour par The kitchen s'impose, moins pour la finesse des plats (pourquoi cette passion de la mayonnaise ?) que pour le plaisir du concept d'un restaurant plongé au coeur d'une boutique de cuisines haut de gamme sur 3 étages. Entre la poire et les dessert on s'offre manu-militari une cuisine Bulthaup ou une centrifugeuse Magimix. C'est cela aussi le génie liégeois !
Que faire ?
On débute le week-end par la visite de l'Archeoforum pour s'assurer que, oui, la cité encore porte en elle, là sous la place Saint-Lambert, quelques traces préhistoriques, les murs d'une villa gallo-romaine, les stigmates d'édifices médiévaux, le tout dans une scénographie didactique et ludique de bon aloi. On se laisse ensuite porter sur les traces de Georges Simenon, vers sa maison natale rue Léopold puis Place du Congrès, ère de jeu de prédilection de petit Simenon où trône désormais son buste. On continue la balade jusqu'au prodigieux Palais de Justice dont les plans, nous confie-t-on, ont été volés à Léonard de Vincihimself avant de s'offrir une virée sur les coteaux de la citadelle, soit 86 ha de verdure, terrasses et sentiers en plein coeur de la ville. Le soir, après une virée shopping (à voir le concept-store "All I need" de la Djette Aurore Daerden), une gaufre engouffrée chez André, un pèlerinage chez les chocolatiers Darcis, Galler et Framz, on fait comme le liégeois : la fête outre-Meuse. Dans ce Saint-Germain local, on danse, on boit et l'on retrouve plus généralement la tradition latine de la dolce-vita. Une étape indispensable avant le marché dominical sur le Quai de la Batte, le long de la rive gauche de la Meuse. Vous voilà désormais un parfait liégeois !
2h10 de Thalys, de confortables sièges et du mauvais café et vous voilà enfin en contact directement avec elle... la Gare de Liège-Guillemins. Vous aurez beau avoir épluché le Guide Michelin et lu à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur elle, il faut malgré tout être préparé mentalement à être confronté, comme cela, sans ambages, avec la personnification de l'Ego. L'ingénieur-architecte espagnol Santiago Calatrava a mis vraisemblablement tout ce qu'il avait dans cette œuvre monumentale. Là, en aval de la Colline de Cointe, c'est un chaos de verre et d'acier qui se dresse fièrement. Un édifice colossal à la cambrure prometteuse qui laisse songeur et en dit long sur l'enjeu de cette ville fondamentale pour le petit monde de la Wallonie...
Alors certes Liège n'est sans doute pas la ville la plus belle de Belgique mais du haut de son histoire millénaire, de son urbanisme ambitieux, de ses ruelles pittoresques, de ses coteaux nantis de 3 étoiles au Guide Michelin, de ses quartiers trépidants où il fait bon vivre et se laisser porter par une bonne humeur "à la liégeoise", la ville peut légitiment trouver sa place entre Bruges et Bruxelles. Consciente du potentiel de son patrimoine, Liège s'est d'ailleurs naturellement portée candidate pour l'Exposition Internationale 2017, profitant du challenge pour accueillir en son sein ce qui lui faisait jusqu'à il y a quelques mois encore cruellement défaut : un cinq étoiles.
Liège dans les étoiles
Évidemment difficile de faire monter en gamme sa clientèle et de s'imposer comme spot touristique sans un 5 étoiles digne de ce nom. Passage obligé, le 5 étoiles n'en demeure pas moins un investissement périlleux et c'est donc non sans pression que le Crown Plaza local a élu domicile dans deux anciens hôtels particuliers du 17e siècle, restructurés et restaurés à l’identique puis flanqués d’un nouvel immeuble sur 7 niveaux. Seul complexe de cette envergure à 100 km à la ronde et plus généralement en Belgique francophone (hors banlieue bruxelloise), le Crown Plaza, tout en lambris, boiseries et stucs, ne déçoit pas et remplit vaillamment son rôle de miroir du patrimoine exceptionnel de Wallonie. Au programme 9 suites (jusqu'à 100 m2), 117 chambres avec plus ou moins vue sur jardin, une piscine de 55 m2, 11 cabines de soin signés Carita, une brasserie conviviale “Ô Cocottes” et un restaurant gastronomique “Le Sélys”. Rien à redire, tout est restauré et repensé avec goût, le service est attentif et souriant, la literie moelleuse tandis que la salle de bain fait bon usage du corian. Naturellement on déplorera, comme cela devient hélas légion dans nombre de 5 étoiles, la nécessité d'une licence d'ingénieur pour décrypter le mode d'emploi d'un pommeau de douche ou d'un interrupteur !
Où manger ?
Un premier constat s'impose : aucun risque de mourir de faim à Liège. La ville cumule les petits restaurants aux plats bon marché, les adresses trendy et les spots plus luxueux mêlant spécialités du pays et tentatives culinaires audacieuses avec plus ou moins de succès. Vous le saisirez rapidement, LA spécialité locale reste le Boulet liégeois et ses frites. Le principe ? Une boulette XXL accompagnée d'une sauce sucrée au-delà de l'entendement que l'on déguste - impeccable et bien entendu arrosée de Pékèt - chez Lequet, par exemple, dont le service approximatif n'est pas sans nous rappeler la légendaire convivialité des brasseries françaises... Le soir, direction LE LABO4 un ancien laboratoire de biochimie dressé au milieu d'un parc encore chargé des esprits des étudiants qui l'ont fréquenté. C'est de loin l'institution bobo du moment avec ses lumières tamisées, ses grandes tablées estudiantines et ses becs Bunzen. Si la carte, singulièrement alléchante, enthousiasme par endroit, elle pèche parfois par une surcharge de saveurs. Le cadre jubilatoire et la gentillesse du service prennent alors le relais pour parfaire, dans l'allégresse, la soirée. Le lendemain, un détour par The kitchen s'impose, moins pour la finesse des plats (pourquoi cette passion de la mayonnaise ?) que pour le plaisir du concept d'un restaurant plongé au coeur d'une boutique de cuisines haut de gamme sur 3 étages. Entre la poire et les dessert on s'offre manu-militari une cuisine Bulthaup ou une centrifugeuse Magimix. C'est cela aussi le génie liégeois !
Que faire ?
On débute le week-end par la visite de l'Archeoforum pour s'assurer que, oui, la cité encore porte en elle, là sous la place Saint-Lambert, quelques traces préhistoriques, les murs d'une villa gallo-romaine, les stigmates d'édifices médiévaux, le tout dans une scénographie didactique et ludique de bon aloi. On se laisse ensuite porter sur les traces de Georges Simenon, vers sa maison natale rue Léopold puis Place du Congrès, ère de jeu de prédilection de petit Simenon où trône désormais son buste. On continue la balade jusqu'au prodigieux Palais de Justice dont les plans, nous confie-t-on, ont été volés à Léonard de Vincihimself avant de s'offrir une virée sur les coteaux de la citadelle, soit 86 ha de verdure, terrasses et sentiers en plein coeur de la ville. Le soir, après une virée shopping (à voir le concept-store "All I need" de la Djette Aurore Daerden), une gaufre engouffrée chez André, un pèlerinage chez les chocolatiers Darcis, Galler et Framz, on fait comme le liégeois : la fête outre-Meuse. Dans ce Saint-Germain local, on danse, on boit et l'on retrouve plus généralement la tradition latine de la dolce-vita. Une étape indispensable avant le marché dominical sur le Quai de la Batte, le long de la rive gauche de la Meuse. Vous voilà désormais un parfait liégeois !
Octobre 2012
Par Estelle BURGET