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La Seine-Maritime sur le mode gourmand

La Normandie recèle plus d’un trésor gourmand. Entre bords de Seine et bord de mer, jouez le chaland qui passe et se régale. Véritable garde-manger pour la capitale qu’elle a largement approvisionné au cours des siècles, elle est très réputée pour ses laitages, ses fromages, ses viandes, ses pommes et produits dérivés : le cidre, le pommeau et le calvados…


Château à croquer



Le château de Martainville

Belle entrée en matière pour un périple gourmand avec l’exposition « A la table des Normands » au Château de Martainville qui donne au visiteur bien des raisons d’imaginer les délices dont se régalaient les normands lors des grandes occasions.
Au fil de nombreuses vitrines présentant les ustensiles traditionnels, des petites merveilles d’artisanat mettant en œuvre l’osier, le bois, le cuivre, la faïence mais aussi à travers des scénographies bien vivantes, on se replonge dans l’atmosphère entourant ces agapes et leurs soigneux préparatifs. Toute l’opulence pleine de vie et de gaieté des tablées normandes, tous les savoir-faire en matière de transformation des denrées en délices sont ici déclinés. Comment ne pas avoir d’avance l’eau à la bouche devant la table dressée comme aux siècles passés, au pied de la grande cheminée et son monumental tourne-broche !


A la table des Normands

Une visite au Château musée de Martainville pour admirer cette exposition qui s’y tient jusqu’au 8 mars 2015 (et jeter un œil sur ses salles dédiées aux arts et traditions locales), constitue l’introduction idéale pour se lancer à la découverte des belles et bonnes tables qui s’égrènent entre Rives de Seine et Pays de Caux.


Chambre conservée du musée du château de Martainville

Etape rouennaise

Etape incontournable à Rouen où le restaurant L’Odas porte haut les couleurs des Châteaux & hôtels Collection. C’est uniquement la table qui est classée ici, pas d’hébergement associé bien que le restaurant ait trouvé refuge sur le site d’un ancien hôtel particulier qui fût édifié par un riche marchand du 16 ème siècle.


A L'Odas, Cabillaud poché dans un bouillon de crevettes et coquillages et zeste de main de Bouddha

A deux pas de la Cathédrale et de la fameuse Rue du Gros-Horloge, la plus commerçante de la ville, Olivier Da Silva a ouvert son restaurant en novembre 2013 et affûte ses talents de cuisinier dans ce lieu intime pouvant accueillir 28 personnes au maximum. Outre sa carte et un menu à l’aveugle, il propose à ses clients une approche différente sur le mode « un produit, plein d’idées » et brode à chaque saison autour d’un produit vedette tels les cèpes, le homard, la côte de Bœuf etc. Les saveurs sont délicates, les mariages subtils et sophistiqués. Le lieu reste intime, les convives pouvant avoir une vue sur l’activité déployée en cuisine derrière une baie vitrée. En été, ils profitent d’une jolie terrasse, elle aussi à l’abri du passage redécouvert à l’occasion des travaux d’ouverture du restaurant.


L'Odas Restaurant

Effet charme au Manoir de Retival


Le Manoir de Retival

A Caudebec-en-Caux, le Manoir de Retival acquiert, année après année un charme fou. Difficile de ne pas succomber à l’attrait de sa position perchée, depuis les jardins en terrasse offrant une magnifique vue sur la Seine jusqu’à la petite chapelle Saint-Clair qui surmonte le mini-fief du jeune chef David Goërne. Venu d'Hambourg, il affirme son talent sur les hauteurs romantiques de cet étroit coteau dominant le fleuve.


Chef David Goërne

Sa table baptisée " G.a " est un concept de cuisine tout aussi charmant que le reste, plus près de la table d’hôte que du classique restaurant tant on se sent bien, installé au chaud autour d’une grande table ou en tête à tête dans la cuisine du chef. Concentré, séduisant et attentif, David veille sur chacun et pratique une cuisine surprenante, succulente qui se démarque par sa force et son originalité. On y goûte, et c’est un choc, la fleur de poivre du Setchuan, la viande japonaise Waygu et l’on s’adonne au mélange de saveurs avec des plats délicieux et surprenants tels le maquereau réglisse et basilic, le foie gras poêlé cassis et popcorn, l’huître gratinée au cresson d’Ecosse. Au-delà de 16 convives, les salons sont là pour recevoir et depuis peu, le Manoir a aussi son Bistrot. L’été, on y sert des grillades préparées sur de petits braseros, à l’intérieur ou sur la terrasse.


Accueil convivial du restaurant "G.a"

C’est une expérience bien particulière que de séjourner dans l’une des tours du Manoir : Tour de la Petite Chapelle ou Tour de la Forêt ; mais je vous recommande particulièrement la Chambre de l’Atelier nichée au fond d’un joli jardin/terrasse privatif. Véritable studio au décor douillet relevé de trouvailles décoratives oscillant entre touches vintage et clin d’œil malicieux, cette chambre dotée d’une baie vitrée donnant sur la Seine possède toutes les qualités pour que l’on se sente seul au monde …à deux. Parfait pour la Saint Valentin !


Chambre de l'Atelier

La vérité dans l’assiette

Plus près de la mer, à Valmont le chef Pierre Caillet accueille dans une maison traditionnelle « dehors », et contemporaine « dedans ». Son restaurant éponyme offre, dans un cadre sobre et lumineux, une cuisine précise osant des associations sophistiquées comme en témoigne les intitulés : Foie gras comme un nougat, betterave crapaudine, zist et zest de cédrat ou filet de Saint-Pierre juste cuit aux 2 caviars, chicons braisés au jus de volaille, réduction d’agrumes. Un grand bravo pour le dessert concocté par la jeune pâtissière de la maison qui montre des dispositions prometteuses avec une mousse pomme au four, brunoise de rubinette, coulis de Boskoop au Cidre tout en délicatesse parfumée. Adepte d’un approvisionnement plus que nature puisqu’il possède son propre potager, le chef, Meilleur Ouvrier de France depuis 2011, dispense également des cours de cuisine.


Le restaurant de Pierre Caillet

La pomme c’est aussi le cidre fermier ½ sec ou brut «Le P’tit clos Normand » que l’on déguste dans le décor authentique, face aux prés, de la ferme Craquelin. Une ferme, pas tout à fait comme les autres, puisqu’elle est aussi la première à proposer de la viande de race normande naturellement persillée et d’une tendreté parfaite après un mode d’élevage à la façon du bœuf de Kobé.


La pomme au cœur des desserts

Un tel périple ne peut faire l’impasse sur le palais Bénédictine de Fécamp où, dans un décor néo-gothique, l’atelier cocktails Bénédictine permet de découvrir les ressources de cette fameuse liqueur, quintessence de 27 plantes et épices, avant de visiter la superbe collection d’art sacré du Palais. Sous la houlette d’un sympathique barman de l’Association des Barmen de France, passionné et pédagogue, vous pratiquerez l’art de la mixologie en confectionnant vous-même votre cocktail Bobby Burns ou Monk’s Sour d‘anthologie ! Et c’est encore plus amusant à plusieurs !


Découverte de l'art du cocktail au palais Bénédictine de Fécamp

Février 2015
Par Claire CAYLA
Musée des Traditions et Arts Normands
Château de Martainville
Martinville-Epreville 76116
www.chateaudemartainville.fr

Restaurant l’ODAS
4 passage Maurice Lenfant
76000 Rouen
tél : 02 35 73 83 24
Ouvert du mardi au samedi
www.lodas.fr

Manoir de Retival
2 rue Saint-Clair
76490 Caudebec-en-Caux
tél : 06 50 23 43 63
www.restaurant-ga.fr

Pierre Caillet Restaurant
Hôtel le Bec au Cauchois
22 rue André Fiquet
76540 Valmont
Tél : 02 35 29 77 56.

Ferme Craquelin
Hameau des Coudréaux
76 490 Villequier


Bénédictine
Le Palais
110, rue Alexandre le Grand
76400 Fécamp
tél : 02 35 10 26 10