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Le palace surplombe le joli village de Sils Maria dans le canton des Grisons (Suisse) où Friedrich Nietzsche résida à plusieurs reprises. L'auberge où il résidait est devenue un musée.

« En Suisse, les paquebots, à peine construits, sont hissés sur le sol et deviennent grands hôtels » écrit Erik Orsenna. Récompensé en 2015 du grand prix jubilé « 20 ans d’hôtels Historiques de l’année», décerné par l’ ICOMOS, le Conseil International des Monuments et des Sites qui s’investit dans le patrimoine culturel, le « Waldhaus Sils » peut s’enorgueillir d’avoir garder le bon cap au-dessus des eaux très calmes du lac de Sils.

Des attentions qui comptent comme fruits et eaux mis à la disposition de la clientèle

Le Bel étage situé avant le 1er étage correspond à la vision du début du 20ème siècle

Et même s’il occupe une position dominante sur les hauteurs de Sils Maria, il reste humblement lové au flanc des montagnes qui lui font un écrin de verdure ou de blancheur poudreuse selon la saison. Palace 5 étoiles, le Waldhaus Sils ne prétend pas être le plus grand et le plus luxueux hôtel de Suisse, cependant il marque les esprits. Question d’atmosphère ?

Belle saga hôtelière

A l’intérieur de ce vaisseau, 142 chambres (souvent reliables) et suites (dans la tour nord-ouest) offrent espace, luninosité, calme et douceur de vivre. Elles naviguent au rythme d’un luxe qui n’a rien d’ostentatoire et qui s’apprécie dans les détails : luminaires Art Nouveau, moulures délicates aux plafonds, portes aux placages raffinés, service souriant et discret etc.

Le grand salon de l'hôtel Waldhaus Sils

Ouvert en 1908 après deux années et demi de construction, l’hôtel doit à son architecte Karl Koller les qualités de son plan quasiment inchangé, son emplacement génial et la répartition intelligente et fonctionnelle des locaux. Josef et Amalie Giger les commanditaires, réalisèrent ainsi sur le tard leur rêve de construire leur propre hôtel après toute une vie consacrée à la direction de plusieurs établissements prestigieux en Europe. Le « Waldhaus Sils » est toujours géré, 108 ans plus tard, par leurs descendants en ligne directe.

La Junior Suite 146

Depuis 2010, la cinquième génération est à la barre. Claudio et Patrick Dietrich se sont partagés la tâche : Claudio s’occupe de tout ce qui touche à la restauration et à l’administration. Patrick est responsable avant tout de l’hébergement. Leur présence physique, leur sens de l’accueil et leur professionnalisme souriant donnent un visage et un caractère tout particulier au palace.

Plaisir de la table

La cuisine en direct à l'occasion d'un dîner Chef's Table du lundi

150 personnes sont employées dans l’hôtel. Le jeune Chef Dennis Brunner officie à la tête d’une brigade de 20 personnes. Cet autrichien de 33 ans pratique une cuisine variée, créant plus d’un millier de plats différents au cours d’une saison, avec toujours un menu végétarien complet et en ayant largement recours aux produits locaux.

Steak de Kobia à la crème de chou-fleur, salade de chou-fleur aux pommes et châtaignes, vinaigrette à la moutarde anglaise

Chaque lundi, les hôtes peuvent voir de près les coulisses gourmandes du palace à l’occasion du « Chef’s table » : un menu généreux et exclusif, dégusté en petit comité et au cœur de l’action dans la cuisine. Il est précédé d’un apéritif dans la cave où le sommelier Oscar Comalli choisit les vins avec soin pour ce moment particulier. Il veille sur un trésor de 30 000 bouteilles, de 500 crus, régulièrement enrichi. La cave, simple d’apparence bien que cachant des pépites (le flacon le plus précieux est un vin de Bourgogne de la Romanée-Conti d’une valeur estimée à 13 000 euros), n’a pas changé de place ni d’aspect depuis l’origine de la construction.

Une cave qui n'a pas changé depuis l'origine de la construction

« Walhaus Sils » est l’endroit idéal pour parfaire sa connaissance des vins suisses qui représentent 30 à 40 % des vins servis. Oscar Comalli sait en parler avec passion et guide l’amateur vers de belles découvertes.
Outre les repas servis dans les salles à manger aux vastes baies, le dîner à « l’Arvenstube » propose des plats traditionnels, des préparations flambées, découpées sous vos yeux dans un décor engadinois plus traditionnel avec ses boiseries blondes ponctuées de beaux paysages peints, pour certains par le peintre engadinois Giovanni Segantini qui a son musée à Saint-Moritz. Le bar recèle lui aussi de surprises avec des « amers » appréciés dans cette région alpine ainsi qu’une très belle sélection de whiskies et de gins, entre autres propositions liquides.

Laisser du temps au temps

Le Salon Bleu

Cabinet de lecture, fumoir, concert quotidien : au « Waldhaus Sils » ces endroits et ces moments, que l’on peut juger inutiles ou surannés, n’ont pas disparu. Grâce à ce choix assumé, on peut profiter pleinement de toutes ces magnifiques pièces à vivre, spacieuses et lumineuses qui donnent de l’oxygène à l’imagination et aux échanges d’idées. Les plaisirs sont à la mesure du décor : au fil des saisons, une dizaine de bons musiciens se relaient pour agrémenter l’heure du thé ou de l’apéritif. Ils contribuent à la permanence d’un séjour fait pour « vivre, lire, se détendre, danser, converser et réfléchir ». Les hôtes célèbres ne s’y sont pas trompés venus nombreux pour respirer cette atmosphère propice à la réflexion comme à la création.

Une histoire qui dure

Claudio et Patrick Dietrich

Sils Maria est un petit village de Haute Engadine qui sépare les lacs de Silvaplana et de Sils. Nietzsche y loua durant 7 ans pour 3 mois, une modeste chambre dans une maison qui faisait également office d’épicerie du village durant la belle saison (c’est un petit musée aujourd’hui). Les promenades autour des lacs, bénéfiques à sa santé précaire, lui permirent de noter les idées essentielles de son œuvre. C’est ici qu’il écrivit « Ainsi parlait Zarathoustra ».

Concerts classiques et de jazz viennent rythmer l'heure du thé ou de l'apéritif

De nombreux écrivains et artistes lui emboîtèrent le pas : Proust, Gide, Cocteau, Herman Hesse, Thomas Mann, Pablo Neruda et bien d‘autres vinrent découvrir à leur tour la paix majestueuse de cette vallée ouverte, non loin de Saint-Moritz. L’établissement est un lien au cœur de l’Europe alpine entre l’Italie toute proche derrière Majola d’un côté, et l’Autriche via le Tyrol de l’autre. Ils résidèrent au « Waldhaus Sils », contribuant à la réputation du lieu. Le mouvement ne s’est pas éteint puisque acteurs et réalisateurs ont aussi élu l’hôtel comme décor et lieu de résidence. On y tourna notamment le film de Claude Chabrol « Rien ne va plus » en 1997 et celui d’Olivier Assayas « Sils Maria » en 2014. Mais chut !.. Les célébrités tiennent à préserver leur tranquillité.

Hier et aujourd’hui

Ces luminaires décoratifs sont restés en bonne place et évoquent la longue histoire du palace suisse

Du « Bel étage », un long corridor mène tout droit vers le Spa ouvert cet hiver dans un bâtiment séparé. Sur 3 étages et avec un dépouillement qui ne porte pas ombrage au style de l’hôtel mais donne toute sa place à la lumière, à la roche et à l’eau, il offre de nombreuses possibilités de bien-être : bain bouillonnant en plein air et piscine au niveau supérieur, cabines de soins au niveau médian, espace sauna et bains de vapeur au niveau bas. L’espace soins dispose de plusieurs cabines pour des massages thérapeutiques : massages classiques, drainages lymphatiques et réflexologie plantaire, mais aussi pour des traitements bien-être dédiés à l’équilibre intérieur. Techniques de massages décontractantes, huiles chaudes et essences naturelles efficaces permettent de se libérer du stress et de l’effervescence du quotidien.

un Spa pour se détendre

Côté beauté, une série de soins naturels anti-âge et de soins beauté plus généralistes sont dispensés par les esthéticiennes qui utilisent les produits Susanne Kaufmann. Les soins pour hommes mais également pour adolescents (bien utiles pour rétablir la confiance en soi à un âge difficile), les massages pour enfants et les rituels pour deux font également partie d’une offre des plus complètes.

Moments partagés

L’histoire même de l’hôtel en fait un lieu de détente transgénérationnel. Au « Waldhaus Sils », on ne rencontre que des enfants bien élevés et ..heureux. Ils ne sont pas oubliés car nombre d’habitués reviennent fidèlement avec enfants et petits-enfants, les jeunes couples appréciant eux aussi ces moments privilégiés. L’hiver, Anita et son équipe prennent en charge les 3-12 ans et l’école de ski Sils-Silvaplana donne des cours dès 4 ans.

Les enfants sont rois et ont des ateliers dédiés

Les tout-petits ont droit à l’initiation au « jardin des neiges ». Les parents peuvent donc eux aussi se livrer en toute quiétude aux joies de la neige : les terrains de ski de fond se situent au pied de l’hôtel. Le ski alpin est praticable également à proximité immédiate ; les minibus de l’hôtel emmènent toutes les 10 minutes les skieurs vers le téléphérique de Furtschellas pour accéder au domaine de Sils et de Korvatsch jusqu’à 3 300 m. Mais les plus mordus de ski peuvent profiter aussi du grand domaine skiable de St-Moritz/Celerina Dia-volezza/Lagalb (soit 350 km de pistes réparties en 3 domaines). C’est aussi l’occasion d’assister à tout un panel de sports hivernaux étonnants comme le snow polo, le curling, le bobsleigh… Mais le ski de piste garde d’autant plus la vedette que Saint-Moritz recevra les épreuves du mondial de ski du 6 au 19 février 2017.

Découvrir la Haute-Engadine

Le Waldhaus Sils se fond dans l'écrin majestueux des montagnes de la Haute-Engadine en Suisse

« A la fois accueillante et barricadée dans ses particularismes » comme l’écrit Jacques Pilet dans un texte écrit à l’occasion du 90ème anniversaire du « Waldhaus Sils », l’Engadine mérite l’intérêt. On en découvre les divers aspects au musée engadinois de Saint-Moritz à travers la reconstitution des différentes pièces de la maison traditionnelle ou règne en maître le bois, et surtout le sapin des Alpes travaillé de diverses manières et toujours savamment orné de sculptures, de découpes, de marqueteries. A travers lui, se donne à voir la plus ou moins grande opulence des familles d’Engadine et le mode de vie d’antan. Certaines traditions restent cependant bien ancrées comme celle du Schlittéda qui, une fois l’an, permet d’aller chercher la promise chez son père en luge superbement décorée avant d’aller danser. Une scène que l’on peut encore découvrir dans les villages de Haute-Engadine, de la vallée de Fex : une promenade à s’offrir soi-même en calèche au départ de l’hôtel, bien protégé par de chaudes peaux de mouton…