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Cifonelli, une famille d'artistes tailleurs sur mesure

Cifonelli, c'est une histoire de famille, une histoire de tailleur qui dure depuis plus d'un siècle (1860). A cette époque Giuseppe l'arrière grand-père pose les premières bases de la marque à Rome. Cette véritable saga de famille, est aujourd'hui perpétuée par les deux arrières petits-fils du fondateur, Massimo et Lorenzo Cifonelli.

 



Arturo, le génie de la famille


C'est le fils de Giuseppe Cifonelli, Arturo, artiste passionné, architecte à ses heures et génie de la famille, qui va consolider et développer la marque Cifonelli.
Envoyé par son père en Angleterre pour étudier la coupe anglaise, il va s'en imprégner et marier ce je-ne-sais-quoi d'indéfinissable au pur style italien. Un mariage qui perdure encore aujourd'hui et qui a largement dépassé les frontières.
Mais la grande signature, qui reste un secret de famille jalousement gardé, réside dans la "fameuse épaule Cifonelli".


L'épaule Cifonelli, la signature

Cette épaule, a été créée par le grand-père, qui souhaitait donner de l'aisance à ses gestes, sans se sentir engoncé dans sa veste. Que n'a-t-on écrit sur cette célèbre épaule, travaillée vers l'avant pour lui donner plus de longueur !
En résumé, la manche est montée d'une manière incurvée et le haut, à l'avant, est plus étroit pour mieux bouger. Elle est ensuite mouillée, puis rentrée au ciseau. Cette technique maison se transmet de père en fils.
"Notre grande fierté, cite avec modestie Massimo, fut quand Karl Lagerfeld évoqua, à deux reprises, notre signature. On reconnaît une épaule "Cifonelli à 20 mètres disait-il".


Le salon Cifonelli rue Marbeuf en 1926

Après avoir agrandi et transformé en salon, l'atelier de Rome, Arturo vient s'implanter en France en 1926, et s'installe très rapidement au 31 rue Marbeuf, au premier étage.
C'est là qu'il va asseoir toute sa réputation et établir sa notoriété, pour le plus grand plaisir des connaisseurs.
C'est un homme intransigeant, exigeant et passionné. Il était respecté et craint par ses ouvriers qui se signaient lorsqu'il traversait l'atelier. En effet, si une veste finie n'avait pas l'honneur de lui plaire, il y mettait un coup de ciseaux. Un cauchemar pour l'ouvrier qui voyait ses heures de travail anéanties - un costume nécessitant près de quatre vingt heures de confection.


Arturo, un artiste exigeant et passionné

A ses yeux, l'important restait le tomber du costume. Il est vrai qu'à cette époque, un coup de ciseau dans une veste, ne mettait pas en péril la société. "Impensable à notre époque, reprend Massimo. Mon grand-père n'étant pas gestionnaire, c'est surtout ma grand-mère qui veillait au grain. Heureusement d'ailleurs, car notre grand-père était un artiste, uniquement passionné par son métier". Un grand-père que Massimo n'a pas eu la chance de connaître car il est décédé en 1972, sur sa table de travail, alors que son petit-fils avait un an.
"Mais j'ai été élevé dans sa mémoire par mon père qui me parlait avec tant de passion d'un métier qu'il exerçait sans concession.
Il m'a enseigné cette perpétuelle recherche de la liberté de mouvement, du confort et de l'élégance".


Premiers pas d'enfant dans le monde des grands

A la mort du grand-père, c'est Adriano, l'oncle, qui reprend le salon, aidé par sa mère qui était partie travailler chez Dior et le cousin de sa mère, Gino, tailleur de son état.
C'est d'ailleurs Gino qui fait faire à Massimo ses premiers pas dans la couture.
"Pendant les vacances, Lorenzo, mon cousin, (fils d'Adriano) et moi-même passions nos mois de juillet dans le salon à découvrir ce monde de la couture qui nous fascinait. Je commencerai d'ailleurs à 12 ans à créer mes premiers patronages".
En 1977, Liliane, la mère ouvre la boutique du rez-de-chaussée, et démarre timidement le prêt-à-porter. Celui-ci sera repris d'une manière plus sérieuse en l'an 2000.


Adaptation et évolution à partir de 91

A la fin des ses études, Massimo reste indécis quant à son futur métier. Va-t-il reprendre ou non le salon ? Sa mère le laisse choisir. Finalement, après le bac, en 1991, il rejoint le salon Cifonelli. Son cousin Lorenzo, le suit également.
Le concept de l'épaule Cifonelli est précieusement perpétué, et reste le garant d'un tomber sans pareil pour une veste. Mais le besoin se fait sentir de s'adapter et d'évoluer avec son temps et les matières. Comme le précise Lorenzo : "nous avons créé des modèles pour donner des idées à nos clients, changé les finitions intérieures, et avons travaillé la peau, le cuir".
Un concurrent respectable, Rousseau, formé à l'école de Mr. Camps, (un tailleur d'origine espagnole) les rejoint en l'an 2000.


Un nouveau challenge fin 2006, la boutique de prêt-à-porter

Actuellement le gros challenge reste la boutique de la rue Marbeuf. En rénovation, elle va offrir en septembre toute une ligne de costumes en prêt-à-porter et en demi mesure, de chemises, de pulls, de cravates, de ceintures Cifonelli. Ceux-ci seront fabriqués en Italie, mais le patronage sera réalisé par la maison, pour conserver la touche visuelle et l'image Cifonelli.
Cifonelli s'exporte aussi au Japon, avec Isetan, un gros distributeur japonais, qui diffuse la marque dans ses magasins similaires, en qualité, au Bon Marché. Là-bas, un costume Cifonelli est vendu à partir de 8.000 €.


Massimo et Lorenzo, des artistes modernes

Massimo et Lorenzo vous parlent d'une étoffe comme les peintres d'une toile. Ils vous décrivent les boutons corozo en provenance d'Italie comme des orfèvres ; ils vous dessinent le devant d'une veste comme pourrait le faire un sculpteur.
Le luxe d'un costume Cifonelli est une affaire de connaisseurs. La griffe "Cifonelli" est invisible, cousue dans la poche intérieure comme signe d'appartenance à un club privé.
On ne se montre pas en Cifonelli, mais on est conscient d'appartenir à un club très sélect, voire à une famille. Et c'est tant mieux !



Juin 2006
Par Katya PELLEGRINO
Cifonelli
31 rue Marbeuf
75008 Paris
Tel : 01 42 25 38 84

Un costume nécessite près de 80 heures de travail et repasse quatre fois entre les mains des tailleurs.
Les mesures sont en inches.
Toute commande d'un costume passe par trois phases :
Prise de mesures
Patronage
Fabrication

Coût d'un costume :
Sur mesure : à partir de 4.000 € jusqu'à 9.000 €
Demi mesure (retouches effectuées sur un costume de prêt-à-porter) : à partir de 2. 300 €
Prêt-à-porter : à partir de 1.900 €
Ensuite il faut tenir compte du grammage du tissu, de son poids et donc de sa finesse.
Plus le tissu est précieux, plus le travail va demander de la délicatesse et de l'attention. C'est le cas par exemple, d'un tissu super 250.
Une flanelle ou une laine classique 120/130 permet un travail plus aisé.