Nissa la belle en famille
Pourquoi partir loin, lorsque Nice, l'ensorceleuse vous tend les bras. Encerclée par la Grande Bleue et des collines peuplées d'oliviers et de chênes-lièges, cette ville aux façades ocre, safran et paprika, s'offre une révolution culturelle et nous séduit par sa douceur de vivre, somme toute bien italienne. A goûter en famille, sans modération, au sein d'un palace d'époque, le West End.
Un patrimoine artistique sans pareil
La Côte d'Azur, déjà favorisée par la nature, voue en effet un culte aux petits riens de l'existence qu'elle transforme, alchimiste talentueuse, en grands bonheurs. Jadis lieu de dévotion, cette région est aujourd'hui un lieu de culture. La muse d'hier, qui attirait nombre d'artistes (Renoir, Picasso, Matisse, Léger, Chagall...) est de nos jours héritière de ces grands peintres. Derrière les grilles de ses musées, elle abrite quelques-uns des plus grands chefs d'œuvre de notre temps.
Culture élitiste et culture populaire
Quant au Vieux Nice, il vit depuis toujours au rythme des réjouissances, à deux pas du West End.
Le matin, profitez des premiers rayons du soleil pour partir à la découverte de la ville et flâner le nez en l'air. Vous remarquerez l'architecture des maisons, les enduits génois, les balustres Art déco, les frises Art nouveau. On est loin des aberrations du Casino Ruhl ! Délaissez la Promenade des Anglais et marchez depuis Rauba Capeu jusqu'au Port, pour admirer les façades ocres et jaunes. Elles ont été restaurées selon les consignes du Consiglio d'Ornato (conseil d'ornementation) sarde, créé en 1852 par le roi de Piémont Sardaigne pour fixer le choix des couleurs.
N'hésitez pas à vous perdre le long du Cours Saleya, et découvrir le marché aux fleurs et aux primeurs.
Chiner lors de la brocante du lundi, goûter les spécialités locales comme la Socca (pizza niçoise), le pan bagnat (pain rond à l'huile d'olive, tomates et légumes) ou la pissaladière (tarte à l'oignon, anchois et olives) et s'attabler aux terrasses de bistrots, pour humer l'air du temps, s'apparente au bonheur tout simplement !
Le West End, une élégance tranquille
Le West End a l'élégance tranquille des palaces qui ont vécu et n'ont plus rien à prouver. La restauration a totalement respecté l'ambiance et l'histoire de ce vieil établissement érigé en 1842. Il a conservé l'allure proustienne, dans l'esprit des grands hôtels balnéaires fin XIXème Du roi Frédéric-Auguste III en passant par le Grand-duc Constantin Nikolaï, ou la reine des Pays-Bas, Sophie de Wurtemberg, il a connu le passage de nombre de personnalités. D'autres clients, plus contemporains, comme Tony Blair, Isabelle Adjani ou Jerry Hall, continuent à lui conférer une aura prestigieuse.
Esprit Belle Epoque et Art Déco
L'esprit de la Belle Epoque et celui de l'Art Déco, sont restés l'âme de cette décoration revue et pensée par des artistes de la région. Stucs, commodes et consoles Empire, fauteuils Napoléon III, urnes à chapeaux, murs patinés, lustres en Cristal ou appliques boules en verre dépoli, miroirs biseautés, ferronneries vert renaissance sculptées le long des rampes d'escalier...
Les chambres et suites, ont pris le parti d'un modernisme pondéré, offrant pour celles qui sont en façade, une vue irrésistible sur la Riviera. Elles sont à privilégier.
Quelques baignoires arborent de douces formes Art Déco dotées de pommeaux de douche en clocheton à l'ancienne.
Rien de décoiffant ni d'original dans le style, mais un beau classicisme revisité.
Décor contemporain et cuisine méditerranéenne
On petit-déjeune sous un patio ombragé, à deux jets d'écume de la Promenade des Anglais, on déjeune sur la plage face à la Grande Bleue et le soir s'organise au Siècle, sous les ors de la salle de style Art Nouveau. Plusieurs niveaux de restauration et un plafond orné d'un vitrail/puits de lumière, dans le pur style Mucha, rythment le lieu. Une cuisine méditerranéenne se déguste, sous le bruissement des palmes et le chuintement de la mer à deux pas.
Une atmosphère glamour Belle époque, tout simplement.
Juin 2006
Par Lilo v. HOEPFNER