Oman : au pays de Sindbad
Avec sa longue "Dishdasha" de coton blanc, sa "Kima" ornée de motifs géométriques sur la tête et ses cheveux grisonnants, Ghalib, mon guide, a l'allure fière et réservée des princes du désert. Je retrouve chez lui, l'hospitalité légendaire et la gentillesse innée qui caractérisent ce peuple omanais. Bienvenue au Sultanat d'Oman, pays de Sindbad. Un pays qui déploie dans une mosaïque de couleurs des déserts à la beauté minérale, des montagnes ornées de wadis verdoyant et des plages de sable blanc face à des lagons transparents.
Un petit royaume moderne
Ce petit royaume qui semble tout droit sorti d'un conte de fées, a vécu une vraie révolution.
Sous l'impulsion de son sultan Qabus Ibn Saïd, qui renversa son père en 1970, Oman est passé, en l'espace d'à peine trente ans, de l'âge de pierre aux temps modernes.
Grâce à la manne pétrolière, le sultan a doté le pays d'infrastructures ultra modernes, routes, hôpitaux et collèges. Plus de 1000 écoles, gratuites et obligatoires, ont fleuri à travers le pays.
Les Omanais qui autrefois partaient vers Zanzibar, pour un futur meilleur, restent maintenant au pays et participent au développement de son économie.
Le sultan a su préserver le fragile équilibre entre tradition et modernité. Fait suffisamment rare pour être souligné, l'architecture omanaise est stricte et respectée. Dans l'ensemble du pays, les maisons blanches, aux toits travaillés, sont en majorité à un étage et conformes à l'architecture traditionnelle. Sauf à Mascate, où les buildings s'élèvent sur neuf étages. Un bonheur de poser son regard sur une harmonie de constructions, sans être heurté par une disparité de bâtiments anarchiques et anachroniques.
Autre signe distinctif, la propreté qui règne dans la ville et dans le pays. Les Omanais sont, dans l'ensemble, respectueux de leur environnement.
Nizwa, ancienne capitale
Après avoir visité en une journée Mascate, qui offre peu d'attraits, il faut vite quitter sa chaleur étouffante pour s'émerveiller des richesses que recèle Oman. Sur notre route : plages sauvages, paysages à la beauté minérale, wadi féerique (vallée verdoyante ou gorge creusée par les rivières), déserts aux couleurs changeantes, vieilles tours de gué, marchés locaux et pittoresques.
Heureusement, la voiture est climatisée, et même Galid se plaint de la chaleur. Rassurant !
Surnommée "la route des forts", la voie qui mène à Nizwa, ancienne capitale, à la croisée des pistes caravanières du Nord et du Sud, réserve déjà des surprises.
Au détour d'un virage, le regard découvre de vieux villages authentiques en altitude, Fanjah, Biskat al Mawz niché dans une oasis, Wadi Bani Jaber. Des moutonnements de constructions traditionnelles, blanches et basses, au toit plat. A Al Aqor, nous sommes impressionnés par un village en pisé, accroché au flanc de la montage, aux cultures de roses et d'arbres fruitiers, en terrasses. La vue du canyon est époustouflante.
Ici l'hospitalité n'est pas feinte, elle vient du cœur. Partout, nous sommes accueillis chaleureusement. Nulle crainte de vous faire attaquer à Oman, vous pouvez sillonner le pays en toute tranquillité.
Marchés et souk
Long ruban d'asphalte, la route traverses des mosaïques de paysages, des forts antiques (Nizwa, Jabrin, Al Azam...), des oasis , des déserts lunaires, des châteaux de pierre où se profilent des cités imaginaires (Tanouf). Parfois des étendues de roches hérissées de petits cailloux, qui font office de cimetière.
Au petit matin, quand la chaleur est encore supportable, direction Nizwa, pour visiter le marché local. Sur le chemin, nous croisons des camélidés sur des pick-up, des chargements de chèvres qui seront ensuite négociées aux enchères.
D'autres marchés ou souks, sont à voir. Notamment celui de Mascate, à Muttrah.
Dans ces charmants dédales de ruelles, des marchands de toutes origines (Indes, Portugal, Oman) exposent leurs richesses (soieries, étoffes, antiquités, encens, objets en argent...). Ici le marchandage est de rigueur et fait partie du plaisir. Des Omanaises, voilées de noir et parées de fines chaînes d'or et d'argent sur le front, font également leurs emplettes et marchandent avec âpreté.
Une côte ourlée de plages poudrées
Puis direction Sur dont les boutres rentrent chaque matin, toutes voiles dehors, avec une cargaison de poisson frais. Nous négocions des poissons, que nous ferons griller dans une crique sauvage. Sur le chemin, des falaises abruptes finissent leur course dans des lagons transparents. Des kilomètres de plages, inondées de lumière succèdent à de petits villages de pêcheurs, Tiwi, Fins... Un grand moment lorsque nous découvrons, Wadi Shab, une oasis et sa palmeraie, superbe entaille dans la montagne, creusée par l'érosion, avec sa piscine naturelle.
Un océan minéral
Le désert, ou plutôt, les déserts, constituent 80 % de la toile de fond d'Oman. Au sud-est de Mascate, voici Wahiba Sands, avec ses 180 km de dunes ourlées, dessinées par les vents, de couleur or, ocre ou rouge. Un paradis pour les amateurs de nuit à la belle étoile.
Au petit matin, nous partons à l'assaut des dunes et restons cois, devant la beauté du paysage qui s'offre à nous. Figées dans la colère des éléments, d'immenses montagnes de sable aux reflets changeants, se dressent comme un océan minéral. Par-ci, par-là, un "samra" (arbre du désert), dresse ses branchages épineux, en signe de rébellion à la sècheresse. Avec une superficie de 8.000 km², la notion d'infini prend ici tout son sens. Au loin, des bédouins à dos de chameau, rejoignent leur campement rudimentaire, simples huttes de branches. Coiffés d'un turban blanc, certains arborent à leur ceinture, le fameux "kjhanjar". Au soir, lorsque le soleil décline à l'horizon, le désert à l'air de s'embraser et nous offre un spectaculaire festival de couleurs rougeoyantes.
Nuit à la belle étoile dans le désert
Nous basons notre camp à Al Raha, en plein désert. A peine arrivés, le rituel du thé nous attend. Nous buvons avec reconnaissance ce nectar sucré, qui coule dans nos gorges desséchées. Puis direction la chambre. Ce n'est pas une vraie tente puisqu'elle est construite en dur. Mais l'intérieur reste rudimentaire, désert oblige. Le soir, une veillée avec viande grillée au feu de bois sous le ciel étoilé, nous ramène à une autre dimension. Retour à la vie (presque) sauvage.
Le point d'orgue de cette scénographie naturelle, nous le vivrons le lendemain avec le mariage de la mer et de la montagne à Moussandam, là où le Jabal Hajar précipite ses colossales avancées de pierre et de sable dans les eaux turquoises de l'Océan Indien.
Mais tout paradis a une fin et le nôtre aussi.
C'est avec regret et une pointe de nostalgie que nous quittons ce pays attachant et si surprenant.
Ce petit royaume qui semble tout droit sorti d'un conte de fées, a vécu une vraie révolution.
Sous l'impulsion de son sultan Qabus Ibn Saïd, qui renversa son père en 1970, Oman est passé, en l'espace d'à peine trente ans, de l'âge de pierre aux temps modernes.
Grâce à la manne pétrolière, le sultan a doté le pays d'infrastructures ultra modernes, routes, hôpitaux et collèges. Plus de 1000 écoles, gratuites et obligatoires, ont fleuri à travers le pays.
Les Omanais qui autrefois partaient vers Zanzibar, pour un futur meilleur, restent maintenant au pays et participent au développement de son économie.
Le sultan a su préserver le fragile équilibre entre tradition et modernité. Fait suffisamment rare pour être souligné, l'architecture omanaise est stricte et respectée. Dans l'ensemble du pays, les maisons blanches, aux toits travaillés, sont en majorité à un étage et conformes à l'architecture traditionnelle. Sauf à Mascate, où les buildings s'élèvent sur neuf étages. Un bonheur de poser son regard sur une harmonie de constructions, sans être heurté par une disparité de bâtiments anarchiques et anachroniques.
Autre signe distinctif, la propreté qui règne dans la ville et dans le pays. Les Omanais sont, dans l'ensemble, respectueux de leur environnement.
Nizwa, ancienne capitale
Après avoir visité en une journée Mascate, qui offre peu d'attraits, il faut vite quitter sa chaleur étouffante pour s'émerveiller des richesses que recèle Oman. Sur notre route : plages sauvages, paysages à la beauté minérale, wadi féerique (vallée verdoyante ou gorge creusée par les rivières), déserts aux couleurs changeantes, vieilles tours de gué, marchés locaux et pittoresques.
Heureusement, la voiture est climatisée, et même Galid se plaint de la chaleur. Rassurant !
Surnommée "la route des forts", la voie qui mène à Nizwa, ancienne capitale, à la croisée des pistes caravanières du Nord et du Sud, réserve déjà des surprises.
Au détour d'un virage, le regard découvre de vieux villages authentiques en altitude, Fanjah, Biskat al Mawz niché dans une oasis, Wadi Bani Jaber. Des moutonnements de constructions traditionnelles, blanches et basses, au toit plat. A Al Aqor, nous sommes impressionnés par un village en pisé, accroché au flanc de la montage, aux cultures de roses et d'arbres fruitiers, en terrasses. La vue du canyon est époustouflante.
Ici l'hospitalité n'est pas feinte, elle vient du cœur. Partout, nous sommes accueillis chaleureusement. Nulle crainte de vous faire attaquer à Oman, vous pouvez sillonner le pays en toute tranquillité.
Marchés et souk
Long ruban d'asphalte, la route traverses des mosaïques de paysages, des forts antiques (Nizwa, Jabrin, Al Azam...), des oasis , des déserts lunaires, des châteaux de pierre où se profilent des cités imaginaires (Tanouf). Parfois des étendues de roches hérissées de petits cailloux, qui font office de cimetière.
Au petit matin, quand la chaleur est encore supportable, direction Nizwa, pour visiter le marché local. Sur le chemin, nous croisons des camélidés sur des pick-up, des chargements de chèvres qui seront ensuite négociées aux enchères.
D'autres marchés ou souks, sont à voir. Notamment celui de Mascate, à Muttrah.
Dans ces charmants dédales de ruelles, des marchands de toutes origines (Indes, Portugal, Oman) exposent leurs richesses (soieries, étoffes, antiquités, encens, objets en argent...). Ici le marchandage est de rigueur et fait partie du plaisir. Des Omanaises, voilées de noir et parées de fines chaînes d'or et d'argent sur le front, font également leurs emplettes et marchandent avec âpreté.
Une côte ourlée de plages poudrées
Puis direction Sur dont les boutres rentrent chaque matin, toutes voiles dehors, avec une cargaison de poisson frais. Nous négocions des poissons, que nous ferons griller dans une crique sauvage. Sur le chemin, des falaises abruptes finissent leur course dans des lagons transparents. Des kilomètres de plages, inondées de lumière succèdent à de petits villages de pêcheurs, Tiwi, Fins... Un grand moment lorsque nous découvrons, Wadi Shab, une oasis et sa palmeraie, superbe entaille dans la montagne, creusée par l'érosion, avec sa piscine naturelle.
Un océan minéral
Le désert, ou plutôt, les déserts, constituent 80 % de la toile de fond d'Oman. Au sud-est de Mascate, voici Wahiba Sands, avec ses 180 km de dunes ourlées, dessinées par les vents, de couleur or, ocre ou rouge. Un paradis pour les amateurs de nuit à la belle étoile.
Au petit matin, nous partons à l'assaut des dunes et restons cois, devant la beauté du paysage qui s'offre à nous. Figées dans la colère des éléments, d'immenses montagnes de sable aux reflets changeants, se dressent comme un océan minéral. Par-ci, par-là, un "samra" (arbre du désert), dresse ses branchages épineux, en signe de rébellion à la sècheresse. Avec une superficie de 8.000 km², la notion d'infini prend ici tout son sens. Au loin, des bédouins à dos de chameau, rejoignent leur campement rudimentaire, simples huttes de branches. Coiffés d'un turban blanc, certains arborent à leur ceinture, le fameux "kjhanjar". Au soir, lorsque le soleil décline à l'horizon, le désert à l'air de s'embraser et nous offre un spectaculaire festival de couleurs rougeoyantes.
Nuit à la belle étoile dans le désert
Nous basons notre camp à Al Raha, en plein désert. A peine arrivés, le rituel du thé nous attend. Nous buvons avec reconnaissance ce nectar sucré, qui coule dans nos gorges desséchées. Puis direction la chambre. Ce n'est pas une vraie tente puisqu'elle est construite en dur. Mais l'intérieur reste rudimentaire, désert oblige. Le soir, une veillée avec viande grillée au feu de bois sous le ciel étoilé, nous ramène à une autre dimension. Retour à la vie (presque) sauvage.
Le point d'orgue de cette scénographie naturelle, nous le vivrons le lendemain avec le mariage de la mer et de la montagne à Moussandam, là où le Jabal Hajar précipite ses colossales avancées de pierre et de sable dans les eaux turquoises de l'Océan Indien.
Mais tout paradis a une fin et le nôtre aussi.
C'est avec regret et une pointe de nostalgie que nous quittons ce pays attachant et si surprenant.
Janvier 2007
Par Katya PELLEGRINO