Des étoiles dans l'espace ?!
Des normes de sécurité drastiques
On n'imagine probablement pas toutes les contraintes inhérentes à une alimentation hygiénique et efficacement nutritive à des milliers de kilomètres au-dessus de la planète bleue. Faible taux d'humidité résiduel pour n'avoir ni bulles de liquide dans l'air ni miettes trop sèches risquant d'être inhalées ou morceau de viande "flottant", apports caloriques exagérément élevés pour les sorties extra-véhiculaires (à savoir 7 000 Kcal quotidiennes !), cahier des charges strict pour respecter transport, conservation et, bien entendu, le "zéro bactérie", en bref, saveur rime ici avec rigueur et l'exercice n'en est que plus périlleux...
C'est bon pour le moral
Magret de canard confit, Dos d'espadon façon Riviera, morceaux de pommes fondantes, Cailles rôties au Madiran, Céleri rave en délicate purée à la noix de muscade, Ricepudding aux fruits confits... non ceci n'est donc pas la dernière carte du PlazaAthénée mais les plats tout droit sortis du cerveau de jeunes marmitons en herbe du célèbre pôle de formation ADF (Alain Ducasse Formation) au regard des multiples critères requis pour la nourriture spatiale. Une initiative loin d'être aussi futile qu'il y parait quand on se figure les multiples épreuves tant physiologiques que psychologiques auxquelles sont soumis les astronautes en mission longue. Or, de toute évidence la gastronomie permet de réintègrer les notions de plaisir et de partage, en un mot tout ce qui fonde l'être social que ne cessent jamais d'être ces hommes de l'espace.... Aussi, dorénavant les événements exceptionnels (relèves d'équipage, sorties extra-véhiculaires, fêtes etc.) seront donc l'objet d'une "repas français" (selon l'expression russe) car la haute-gastronomie spatiale ne saurait non plus être quotidienne !
Des applications inespérées
Un bonheur ne vient jamais seul, ces innovations scientifico-culinaires auront, c'est certain, des retombées dans des champs d'application voisins et plus lointains. Les repas ainsi conçus répondent en effet aux exigences sévères d'autres types de nourritures "extraordinaires" : les grands malades isolés en chambres stériles mais aussi les sports de l'extrême, type courses en solitaire ou traversées polaires, requièrent également le support psychologique de mets gastronomiques, forme de lien nourricier avec la Terre. Sans compter que dans le champ purement médical, ces recherches nutritives sur l'évolution du rapport muscle/graisse (pré-requises pour l'élaboration des plats) sont tout à fait fondamentales pour mieux comprendre les grandes maladies contemporaines de nos sociétés sédentaires. Bientôt des solutions pour l'obésité et le diabète ?
E.B