Namibie, beauté sauvage
"La nature et la qualité de notre rapport au monde sont largement tributaires de la perception que nous avons de nous-mêmes". Amina Traoré
Ballottée par le 4x4 qui aspire à toute allure la piste en sable comme un spaghetti bétonné, je ne peux m'empêcher de penser à ce proverbe africain. Des immensités granitiques s'étendent à perte de vue. Le soleil se lève paresseusement derrière des kopje brûlés (petite colline en sud-africain) et éclaire lentement le bush. Perdu au milieu de nulle part, le portail du lodge Goche Ganas ouvre ses portes sur un autre rapport au monde : celui des sources qui fécondent et vivifient. Pas à pas. Agrippée à la pointe sud-ouest de l'Afrique et bordée à l'ouest par l'Atlantique, la Namibie (825 000 km²) est grande comme presque deux fois la France. Ses quelque 2 millions d'habitants se partagent un territoire au relief varié entre paysages lunaires, hauts plateaux arides, plaines infinies, immenses dunes sur le littoral. Colonisée successivement par l'Allemagne et l'Afrique du Sud, la Namibie a fêté ses 10 ans d'Indépendance en 2000.
La langue officielle est l'anglais mais on parle communément l'allemand, le portugais, l'afrikaan, sans compter les différents dialectes. Si le pays se remet doucement de la ségrégation raciale, des clivages sociaux et géographiques qui régnaient à l'époque coloniale (c'est un exemple de passation et de répartition des pouvoirs réussis) il est conscient qu'il reste encore du chemin pour abolir des disparités économiques et culturelles encore lourdes de conséquences. Sa petite capitale Windhoek, affiche une modernité élégante qui a gardé l'empreinte architecturale de la présence allemande d'avant la première guerre mondiale. Perchée à 1720m d'altitude et cernée par des massifs montagneux, Windhoek est un drôle de mélange : sa colonne vertébrale s'appelle Independance Avenue; certaines maisons semblent avoir été parachutées de Bavière; l'artisanat africain côtoie la boutique de luxe ; des Ladies Hereros ondulent sous leurs robes à cerceaux au milieu d'un passage clouté ; des Himbas jouent au billard dans un square à l'occasion d'un festival! Peuple de pasteurs nomades, les Himbas ont émigré vers la fin du XVIe siècle de l'est de l'Afrique pour s'installer avec leurs troupeaux sur le territoire du Kaokoland, dans le nord de la Namibie. Il resterait entre 10 000 et 15 000 Himbas menacés par l'acculturation et un projet de barrage qui inonderait leurs terres. Le choix de leur mode de vie "durable" ancré dans le respect de l'environnement est loin d'être arriéré ou dépassé et renvoie à ceux qui se disent "civilisés", leurs nombreuses erreurs et lacunes face à la nature. Par respect, demandez-leur la permission de les photographier et faites appel à un guide interprète pour aller à leur rencontre.
Goche Ganas ou le "rêve d'un gosse"
L'histoire de ce lodge est celle d'un rêve de gosse. D'un petit garçon né ici, en Namibie. D'un homme, "happé" en 2001 par l'évidence de l'endroit : "Mon père avait acheté le terrain (6000 hectares) en 97. J'étais moi-même à la recherche d'un lieu où construire un lodge. Après une expérience de plusieurs années en Europe dans l'hôtellerie, j'avais besoin de concrétiser mon rêve". Ingo Stritter est de ces personnes déterminées que rien ne peut arrêter, un passionné des gens, de la terre, des animaux, qui carbure à la nature. Bref, une espèce rare au service des autres espèces. Quand il découvre l'emplacement de son futur lodge, c'est le coup de foudre et le début d'un challenge un peu fou. Il consacre jour et nuit à son projet, dessine, calcule, va chercher dans la plaine, le bois, les pierres, le sable. Le premier "chalet" est terminé en 2002. Le parc n'a pas d'animaux? Pour Ingo, ce n'est pas un problème. Il s'est entraîné à la capture avec des professionnels au Zimbabwe. Son premier hôte est un rhinocéros blanc. En 2 ans, 1000pensionnaires découvrent leur nouvelle résidence. Aujourd'hui, le parc compte quelque 2500animaux et rassemble une faune et une flore uniques. Seize chalets posés sur une butte dominent le bush. Avec ses 11 cabines de soins et de massage, Goche Ganas est aussi le plus gros centre de bien-être et le plus réputé de la Namibie. Le massage en pleine nature est un des moments inoubliables de la carte de cette parenthèse dédiée au corps. D'ici mai 2007, le lodge devrait s'agrandir encore de 6 autres habitations. Ingo, lui, a passé la main "marketing" au savoir-faire du groupe Constance (ouverture de deux autres lodges dans le Nord à Etosha et dans le Sud à Sossusvlei) qui l'épaule dans la gestion de ce paradis : "J'ai besoin après 6 ans de folie de profiter de ce lieu magique". Et on le comprend. Que ce soit par la piste ou en avion privé, l'arrivée au lodge plonge le visiteur dans un univers minéral et végétal où l'animal n'est jamais très loin.
De ce balcon perché à 1600m et totalement ouvert sur la nature, on réapprend à voir, à entendre, sentir, à renouer avec la simplicité. Chaque chalet d'environ 60m2 "surveille" l'horizon. Les salles de bain font la part belle aux matières, comme le granit ou le bois et donnent sur une terrasse ceinte d'un mur qui abrite une douche en plein soleil. De l'esplanade panoramique de la piscine, le regard plonge sur la plaine et le point d'eau. Alors, nature et homme se livrent à un jeu de cache-cache, d'apparition et d'évanouissement. Au loin, des girafes gourmandes s'arrêtent pour déguster des acacias. On devine des silhouettes noires: ce sont des gnous qui ondulent sur le plateau. Ce n'est pas le visiteur qui pénètre l'Afrique. C'est elle qui choisit de visiter l'étranger capable de se nourrir du spectacle qui s'offre à lui. Goche Ganas réveille ce que l'on a oublié. L'oeil s'aiguise, l'oreille s'affine, le nez se rappelle des senteurs de terre mouillée après l'orage.
Respecter
Rien ne vaut un game-drive ou un game-walk au petit matin pour partir à la rencontre du bestiaire du parc. À chaque heure son bruit. Junge Jansen, manager des rangers et responsable scientifique de la gestion de la faune et de l'environnement, me sert de guide. C'est lui aussi qui supervise le programme de recyclage des déchets du lodge. Il est 7 heures du matin et la plaine s'éveille de cris et de sifflements. Véritable alarme volatile de la jungle, "l'African go away bird" joue les sentinelles à notre approche. Le cri sourd d'un gros babouin me fait sursauter. Un phacochère suivi de sa marmaille, traverse le chemin devant nous, la queue droite comme une antenne de repérage, au cas où ses petits le perdraient dans les hautes herbes. Des hirondelles fusent au-dessus de nos têtes, gobant des insectes que les pluies de la veille ont délogés. Déjà, les "sun beetle" (cigales) crissent de tous côtés, annonçant la chaleur du jour. Nous laissons les baskets pour le 4x4. On nous a prévenus qu'un groupe de girafes se trouvait à quelques encablures du lodge. La rencontre est à la hauteur de l'attente et c'est une forêt gracile qui nous accueille dans un galop aérien. Nous suivons les indices de la nature avec concentration : fleurs, papillons, traces, squelettes. En véritable expert, Junge explique, goûte, sent, invitant le néophyte à une expérience biologique mais
aussi humaine.
Règle n° 1: ne jamais oublier que "nous" sommes les intrus dans un territoire qui ne nous appartient pas.
Intégrer
Cette expérience humaine ne se limite d'ailleurs pas aux hôtes du lodge. Goche Ganas et le groupe Constance s'inscrivent dans un programme d'aide aux communautés (Constance Community Care Programm). Enfant du pays, Ingo souhaitait intégrer les populations locales dans son projet. Sa relation avec le staff rend compte de son engagement personnel mais aussi de l'esprit qu'il insuffle au fonctionnement du lodge. Jennifer, chef du restaurant, est fière de faire partie de cette aventure depuis le début et nous fait l'honneur de revêtir l'habit traditionnel de sa tribu, les Hereros. Moment fort aussi quand les élèves de l'école Aris nous accueillent en chantant. En plus d'assurer un soutien financier, le lodge reçoit régulièrement les enfants autour d'un barbecue et leur permet d'aller découvrir en 4x4 les animaux paradoxalement inconnus pour eux. Le directeur de l'école, M. Folsher, se bat bec et ongles depuis 25 ans pour donner à ses quelque 225 enfants (7 à 16 ans) les moyens d'étudier et de loger dans des conditions décentes. Avec les 58 N$ octroyés par le gouvernement namibien (1N$= 0,15 €) par enfant et par an, forcément le combat est quotidien. Riska veille sur tout ce monde discipliné et joue à la fois le rôle de cuisinière, de femme de ménage, de nounou ou de maman. Sur la totalité des élèves, seule une vingtaine accèdera à la High School. Pour cela il faut aller à Windhoek et débourser 240 N$. Une fortune pour la plupart de ces enfants de fermiers qui parcourent jusqu'à 180 Kms pour venir à l'école. Comme ce jeune garçon de 14 ans qui met deux jours pour rentrer chez lui à pied (plus de 100 Kms) et dort en brousse, seul. Du coup, certains passent plusieurs mois dans l'école faute de temps pour retourner chez eux durant un week-end ou même des vacances. Les ambitions de ces gosses-là (médecins, professeurs, avocats.) resteront pour la plupart à l'état de rêves face au poids de certaines traditions mais aussi face aux pressions économiques qui ne laissent pas de place à des envies urbaines.
Alors que le soleil se glisse derrière une couette de nuages, le feu crépite dans l'amphithéâtre de Goche Ganas. Un endroit magique, sorte de troisième oeil d'où l'on embrasse le paysage sur 360°. Pour les Hereros, le feu est un élément sacré, une façon de communiquer avec les ancêtres, d'invoquer leur protection et de demander des solutions. Il est aussi le symbole du feu sacré que l'on maintient en soi. Pendant que le ciel flamboyant chante un coucher de soleil comme seule en offre l'Afrique, l'esprit s'empourpre d'un tableau à la beauté sauvage. Ici, comme le dit la tradition Mossi, c'est bien "la terre qui est finalement propriétaire de l'homme". Goche Ganas nous rend poreux à tout ce qui nous entoure, aux vibrations de l'Afrique, à ses silences bruyants qui résonnent comme des échos souterrains. Tout parle alors pour qui sait entendre. Et tout sonne comme une évidence.
La langue officielle est l'anglais mais on parle communément l'allemand, le portugais, l'afrikaan, sans compter les différents dialectes. Si le pays se remet doucement de la ségrégation raciale, des clivages sociaux et géographiques qui régnaient à l'époque coloniale (c'est un exemple de passation et de répartition des pouvoirs réussis) il est conscient qu'il reste encore du chemin pour abolir des disparités économiques et culturelles encore lourdes de conséquences. Sa petite capitale Windhoek, affiche une modernité élégante qui a gardé l'empreinte architecturale de la présence allemande d'avant la première guerre mondiale. Perchée à 1720m d'altitude et cernée par des massifs montagneux, Windhoek est un drôle de mélange : sa colonne vertébrale s'appelle Independance Avenue; certaines maisons semblent avoir été parachutées de Bavière; l'artisanat africain côtoie la boutique de luxe ; des Ladies Hereros ondulent sous leurs robes à cerceaux au milieu d'un passage clouté ; des Himbas jouent au billard dans un square à l'occasion d'un festival! Peuple de pasteurs nomades, les Himbas ont émigré vers la fin du XVIe siècle de l'est de l'Afrique pour s'installer avec leurs troupeaux sur le territoire du Kaokoland, dans le nord de la Namibie. Il resterait entre 10 000 et 15 000 Himbas menacés par l'acculturation et un projet de barrage qui inonderait leurs terres. Le choix de leur mode de vie "durable" ancré dans le respect de l'environnement est loin d'être arriéré ou dépassé et renvoie à ceux qui se disent "civilisés", leurs nombreuses erreurs et lacunes face à la nature. Par respect, demandez-leur la permission de les photographier et faites appel à un guide interprète pour aller à leur rencontre.
Goche Ganas ou le "rêve d'un gosse"
L'histoire de ce lodge est celle d'un rêve de gosse. D'un petit garçon né ici, en Namibie. D'un homme, "happé" en 2001 par l'évidence de l'endroit : "Mon père avait acheté le terrain (6000 hectares) en 97. J'étais moi-même à la recherche d'un lieu où construire un lodge. Après une expérience de plusieurs années en Europe dans l'hôtellerie, j'avais besoin de concrétiser mon rêve". Ingo Stritter est de ces personnes déterminées que rien ne peut arrêter, un passionné des gens, de la terre, des animaux, qui carbure à la nature. Bref, une espèce rare au service des autres espèces. Quand il découvre l'emplacement de son futur lodge, c'est le coup de foudre et le début d'un challenge un peu fou. Il consacre jour et nuit à son projet, dessine, calcule, va chercher dans la plaine, le bois, les pierres, le sable. Le premier "chalet" est terminé en 2002. Le parc n'a pas d'animaux? Pour Ingo, ce n'est pas un problème. Il s'est entraîné à la capture avec des professionnels au Zimbabwe. Son premier hôte est un rhinocéros blanc. En 2 ans, 1000pensionnaires découvrent leur nouvelle résidence. Aujourd'hui, le parc compte quelque 2500animaux et rassemble une faune et une flore uniques. Seize chalets posés sur une butte dominent le bush. Avec ses 11 cabines de soins et de massage, Goche Ganas est aussi le plus gros centre de bien-être et le plus réputé de la Namibie. Le massage en pleine nature est un des moments inoubliables de la carte de cette parenthèse dédiée au corps. D'ici mai 2007, le lodge devrait s'agrandir encore de 6 autres habitations. Ingo, lui, a passé la main "marketing" au savoir-faire du groupe Constance (ouverture de deux autres lodges dans le Nord à Etosha et dans le Sud à Sossusvlei) qui l'épaule dans la gestion de ce paradis : "J'ai besoin après 6 ans de folie de profiter de ce lieu magique". Et on le comprend. Que ce soit par la piste ou en avion privé, l'arrivée au lodge plonge le visiteur dans un univers minéral et végétal où l'animal n'est jamais très loin.
De ce balcon perché à 1600m et totalement ouvert sur la nature, on réapprend à voir, à entendre, sentir, à renouer avec la simplicité. Chaque chalet d'environ 60m2 "surveille" l'horizon. Les salles de bain font la part belle aux matières, comme le granit ou le bois et donnent sur une terrasse ceinte d'un mur qui abrite une douche en plein soleil. De l'esplanade panoramique de la piscine, le regard plonge sur la plaine et le point d'eau. Alors, nature et homme se livrent à un jeu de cache-cache, d'apparition et d'évanouissement. Au loin, des girafes gourmandes s'arrêtent pour déguster des acacias. On devine des silhouettes noires: ce sont des gnous qui ondulent sur le plateau. Ce n'est pas le visiteur qui pénètre l'Afrique. C'est elle qui choisit de visiter l'étranger capable de se nourrir du spectacle qui s'offre à lui. Goche Ganas réveille ce que l'on a oublié. L'oeil s'aiguise, l'oreille s'affine, le nez se rappelle des senteurs de terre mouillée après l'orage.
Respecter
Rien ne vaut un game-drive ou un game-walk au petit matin pour partir à la rencontre du bestiaire du parc. À chaque heure son bruit. Junge Jansen, manager des rangers et responsable scientifique de la gestion de la faune et de l'environnement, me sert de guide. C'est lui aussi qui supervise le programme de recyclage des déchets du lodge. Il est 7 heures du matin et la plaine s'éveille de cris et de sifflements. Véritable alarme volatile de la jungle, "l'African go away bird" joue les sentinelles à notre approche. Le cri sourd d'un gros babouin me fait sursauter. Un phacochère suivi de sa marmaille, traverse le chemin devant nous, la queue droite comme une antenne de repérage, au cas où ses petits le perdraient dans les hautes herbes. Des hirondelles fusent au-dessus de nos têtes, gobant des insectes que les pluies de la veille ont délogés. Déjà, les "sun beetle" (cigales) crissent de tous côtés, annonçant la chaleur du jour. Nous laissons les baskets pour le 4x4. On nous a prévenus qu'un groupe de girafes se trouvait à quelques encablures du lodge. La rencontre est à la hauteur de l'attente et c'est une forêt gracile qui nous accueille dans un galop aérien. Nous suivons les indices de la nature avec concentration : fleurs, papillons, traces, squelettes. En véritable expert, Junge explique, goûte, sent, invitant le néophyte à une expérience biologique mais
aussi humaine.
Règle n° 1: ne jamais oublier que "nous" sommes les intrus dans un territoire qui ne nous appartient pas.
Intégrer
Cette expérience humaine ne se limite d'ailleurs pas aux hôtes du lodge. Goche Ganas et le groupe Constance s'inscrivent dans un programme d'aide aux communautés (Constance Community Care Programm). Enfant du pays, Ingo souhaitait intégrer les populations locales dans son projet. Sa relation avec le staff rend compte de son engagement personnel mais aussi de l'esprit qu'il insuffle au fonctionnement du lodge. Jennifer, chef du restaurant, est fière de faire partie de cette aventure depuis le début et nous fait l'honneur de revêtir l'habit traditionnel de sa tribu, les Hereros. Moment fort aussi quand les élèves de l'école Aris nous accueillent en chantant. En plus d'assurer un soutien financier, le lodge reçoit régulièrement les enfants autour d'un barbecue et leur permet d'aller découvrir en 4x4 les animaux paradoxalement inconnus pour eux. Le directeur de l'école, M. Folsher, se bat bec et ongles depuis 25 ans pour donner à ses quelque 225 enfants (7 à 16 ans) les moyens d'étudier et de loger dans des conditions décentes. Avec les 58 N$ octroyés par le gouvernement namibien (1N$= 0,15 €) par enfant et par an, forcément le combat est quotidien. Riska veille sur tout ce monde discipliné et joue à la fois le rôle de cuisinière, de femme de ménage, de nounou ou de maman. Sur la totalité des élèves, seule une vingtaine accèdera à la High School. Pour cela il faut aller à Windhoek et débourser 240 N$. Une fortune pour la plupart de ces enfants de fermiers qui parcourent jusqu'à 180 Kms pour venir à l'école. Comme ce jeune garçon de 14 ans qui met deux jours pour rentrer chez lui à pied (plus de 100 Kms) et dort en brousse, seul. Du coup, certains passent plusieurs mois dans l'école faute de temps pour retourner chez eux durant un week-end ou même des vacances. Les ambitions de ces gosses-là (médecins, professeurs, avocats.) resteront pour la plupart à l'état de rêves face au poids de certaines traditions mais aussi face aux pressions économiques qui ne laissent pas de place à des envies urbaines.
Alors que le soleil se glisse derrière une couette de nuages, le feu crépite dans l'amphithéâtre de Goche Ganas. Un endroit magique, sorte de troisième oeil d'où l'on embrasse le paysage sur 360°. Pour les Hereros, le feu est un élément sacré, une façon de communiquer avec les ancêtres, d'invoquer leur protection et de demander des solutions. Il est aussi le symbole du feu sacré que l'on maintient en soi. Pendant que le ciel flamboyant chante un coucher de soleil comme seule en offre l'Afrique, l'esprit s'empourpre d'un tableau à la beauté sauvage. Ici, comme le dit la tradition Mossi, c'est bien "la terre qui est finalement propriétaire de l'homme". Goche Ganas nous rend poreux à tout ce qui nous entoure, aux vibrations de l'Afrique, à ses silences bruyants qui résonnent comme des échos souterrains. Tout parle alors pour qui sait entendre. Et tout sonne comme une évidence.
Janvier 2007
Par Claire BUART