Tendances


Paris Première : Des programmes, une âme

1986 : A l'heure où Béatrice Dalle crève l'écran dans 37,2 le matin et où Les Rita Mitsouko affirment à qui veut les entendre que "C'est comme çaaaaaa... lalalala", naît, dans un paysage audiovisuel singulièrement creux, et ce à l'initiative de la Mairie de Paris et de la Lyonnaise des Eaux, la 5e chaîne de l'histoire de la télévision française. 20 ans plus tard, malgré la concurrence des réseaux câblés, satellite, TNT et ADSL, "La télé qui donne envie de sortir" séduit 9 millions de téléspectateurs hebdomadaires ets'impose comme la 2ème chaîne du câble et du satellite sur les CSP+. Le secret ? Son âme...

Naissance d'une identité


 


Qu'elle est loin l'époque où la petite chaîne citadine, bobo avant l'heure, pouvait à peine prétendre séduire une fois par semaine 50% de ses 170 000 abonnés ! Et pourtant, avec sa ligne éditoriale atypique et innovante faisant la part belle à la contre programmation (films à horaires décalés, large place réservée à la mode, au cinéma, au théâtre et à la musique), Paris Première portait déjà haut les couleurs d'une programmation ambitieuse. Une signature à laquelle elle ne renoncera jamais dut-il lui en coûter cher par ailleurs en termes d'audience. 
Nous sommes déjà en 1991, le World Wibe Web (www) s'étend au grand public posant les jalons d'un nouveau monde numérique, Curt Cobain provoque un sursaut de rébellion adolescente sous nos oreilles ébahies, une chaîne est née.


 


Ce n'est pas de la télé !


Phénomène étrange, si regarder certaines émissions peut engendrer un certain crédit, de façon générale, une présence trop assidue face au petit écran est bientôt jugée suspecte. Loisir de ceux qui n'auraient rien à faire selon les milieux autorisés, la pratique télévisuelle, activité très banale, est étrangement déniée par ceux qui la pratiquent. Un écueil de taille pour une chaîne censément culturelle mais sur lequel Paris Première n'a pas achoppé. Ici les programmes maison sont fortement identitaires et flirtent avec culture, art de vivre et tendance. Ajoutez à celà un esprit à la fois léger et irrévérencieux, un ton et des formats uniques (le road-movie Paris Dernière où les dîners du 93 Faubourg) et vous réunissez ainsi tous les ingrédients pour apprivoiser un public certes pas profondément populaire mais capable d'intérioriser les normes discursives de la chaîne et de s'affranchir, ce faisant, de tout jugement de valeur. En un mot un public qui s'en laissera convaincre : "Vous pouvez rallumer la télé !"


La télé qui donne envie de sortir

Dès les années 90 et ses Paris Mode (et ses incursions dans les défilés), Paris Déco (1ère émission"déco"du PAF) ou Table Ouverte (pour les découvertes gastronomiques) mais aussi les rendez-vous cinéma d'Elizabeth Quin, littéraires du regretté Jean Hedern's Club ou inculturellement corrects du Thierry Ardisson de Rive Droite-Rive Gauche, la chaîne opte sans ambages pour une ligne éditoriale chic et culturelle. Dès l'an 2000, Paris Première peut d'ailleurs s'enorgueillir de quelque 3,8 millions d'abonnés ."La télé qui a l'esprit plus large que le petit écran" a donc mué tranquillement vers "La télé qui donne envie de sortir" tandis que de nouveaux programmes de format toujours atypique et créatifs - bien loin de la déferlante des reality-shows - voient le jour. Ce sont alors les heures de gloire des intrusions littéraires de Frédéric Beigbeider, des mini-magazines de la Branchitude (Maps ou Toast), des décryptages de Michel Field, des dîners du tout-Paris de Thierry Ardisson et des tribulations des chirurgiens de Nip-Tuck. Aujourd'hui, malgré son rachat par M6, la chaîne oeuvre plus que jamais pour conserver une identitité désormais si forte : paris gagné avec les nouveaux venus de la rentrée 2006-2007 :

Du désopilant "Ding-Dong", forme de caméra-cachée menée tambour-battant par l'homme qui vanne plus vite que son ombre (Laurent Baffie, au très acide "HénautPrésident" (Michel Muller présidentiable, fallait pas voter...!), des interventions sans complaisance de Pierre Lescure dans la nouvelle équipe de "ça balance à Paris" au portrait musical d'une personnalité par le jazzman émérite de la NouvelleStar, André Manoukian, le divertissement n'est pas en reste cette saison. Rayon art de vivre, on retrouve un trio féminin de choc pour un week-end sous le signe de la culture et de la détente  : si Mélissa Theuriau, nouvelle recrue, nous fait découvrir dès janvier 2007  sa destination fétiche du moment, PriscillaTelmon continue, avec Hôtels du monde, à nous faire voyager dans des palaces d'exception tandis qu'Alexandra Golovanoff nous introduit dans l'agenda des hommes et femmes publics, histoire de se faire une idée des recettes de leur succès. En un mot, plus besoin de zapper !



Estelle Burget
Février 2007