A La Une


Le 118 WallyPower ou la volonté de puissance

Luca Bassani Antivari, 47 ans, (photo ci-contre) entrepreneur italien et ancien champion de yachting fait des vagues dans le monde du yachting et du design.
Son 118 WallyPower, est le seul bateau à avoir été choisi par le fameux Musée d'Art Moderne de San Francisco pour participer à son exposition d'architecture et de design Glamour : Fashion, Industrial Design, Architecture qui se déroule du 9 octobre 2004 au 16 janvier 2005.
Son yacht super-puissant - il est capable d'atteindre les 60 noeuds - possède une ligne "furtive" étonnante pour un bateau de plaisance.
Un défi de puissance et d'élégance



Que ce soit dans un musée ou dans l'encadrement d'une petite crique méditerranéenne au premier coup d'oeil certains croient voir apparaître une vedette de guerre, un de ces engins furtifs que construisent désormais les militaires. Son constructeur s'en défend et affirme que ce n'est que le fruit d'une application rationnelle d'options de construction, la réponse à un défi de puissance et d'élégance.
Lui-même cependant compare la superstructure de son 118 WallyPower au bombardier furtif, la proue à celle d'un voilier de course, les prises d'air à celles d'une Formule 1 ou un Tornado et il voit une influence japonaise dans le dépouillé de la décoration intérieure.


Testé dans les souffleries de Ferrari à Maranello



L'idée de cette réalisation est née en 2000 quand un client a demandé un yacht motorisé qui ressemblat au Tiketitan, un sloop de 27 m conçu par Wally et la Compagnie allemande Frers. Jusque là en effet Wally dont le fondateur et propriétaire est un ancien champion de la voile, ne s'était occupé que de la construction de voiliers. Le défi a donné le Wally Tender, le WallyPower 88 et pour finir le 118.
Avec une équipe intercisciplinaire de jeunes ingénieurs et architectes qui ont répondu sur ordinateurs aux directives et concepts de Luca Bassani, c'est un véritable programme de recherche et de développement qui a été mis sur pied. Le résultat de ce projet nautique très sophistiqué a été testé dans les légendaires souffleries de Ferrari à Maranello, notamment pour l'optimisation des ouies latérales d'aération des turbines à gaz. La glisse et la pénétration dans l'eau ont quant à elles été testées en Suède. Ont aussi été testés les matériaux composites légers qui assurent confort et stabilité à haute vitesse et la parfaite isolation des machines afin que soient totalement effacés les vibrations et le bruit des moteurs.


Une vitesse de croisière annoncée de 60 noeuds (111 km/h)...



Et c'est heureux car c'est une puissance de 16.800 chevaux que développe le système de propulsion animé par trois turbines à gaz... Il génère ainsi trois jets d'eau, deux orientables et un fixe, au centre. Pour les manœuvres et les longues distances les jets dirigeables sont cependant mus par deux moteurs diesels de 370 chevaux.
Leur cadre est en titane pour alléger le poids tout en étant très résistant à la haute température générée par les turbines à gaz. La vitesse de croisière du 118 WallyPower peut ainsi amener ses 6 invités et ses 6 membres d'équipages aux alentours des 60 nœuds (environ 111 km/h) sur 400 miles nautiques tandis que les longues distances et les passages transatlantiques peuvent être effectués à 9 nœuds en utilisant les moteurs diesels. Le yacht ne déplace que 95 tonneaux grâce à la technologie sophistiquée de construction qui utilise une structure hybride pour économiser du poids en ne transmettant pas le clapot et rendant donc confortable la rigidité de la coque composite.


Un beau monstre de 21 millions d'euros



C'est là aussi que l'ampleur du défi de Luca Bassani apparaît pleinement. La perfection technologique et esthétique l'a emporté sur les basses considérations commerciales : Pour atteindre cette vitesse ce beau monstre de fibre de verre et de carbone de 21 millions d'euros engloutit près de 4 tonnes de carburant à l'heure. On peut estimer qu'un aller-retour Cannes St-Tropez à 50 noeuds de moyenne ne prendra que 90 minutes et consommera plus de 6.000 euros en carburant... avec les trois turbines en marche.
Il reste alors 16 tonnes de gasoil en réserve. Il est cependant prévu de présenter une autre version plus calme et moins puissante dont le prix sera d'environ 14 millions d'euros.


"L'athmosphère d'un loft à New-York"



Le 118 WallyPower s'il présente la puissance et les caractéristiques nautiques d'un garde-côtes y associe tout le confort spatial d'un mégayacht le long de ses 36 mètres. A l'intérieur de la superstructure l'athmosphère recherchée par son créateur est celle "d'un loft à New-York". Le pont présente de la proue à la poupe : le garage de l'annexe, équipée d'une grue créée spécialement par Wally, un vaste salon et une salle à manger, les superstructures vitrées et le cockpit. De larges surfaces dégagées ont été prévues pour circuler confortablement et en sécurité à l'ancre, de protections en route elles s'abaissent hydrauliquement et deviennent accessibles pour circuler ou plonger.
La salle à manger peut se transformer en salle de réception en enlevant les deux tables qui viennent coiffer les deux meubles latéraux et le salon dispose de sofas sur plusieurs niveaux permettant de goûter à une superbe vue de la mer lorsque les ailes des pavois sont abaissées.
Sur le pont inférieur sont regroupées les cabines, très claires, la lumière du jour étant astucieusement dirigée depuis un bandeau translucide le long du pont en teck.
La partie réservée à l'équipage se trouve au bas de l'escalier d'accès. Les cabines des invités et des propriétaires disposent de grands lits doubles, de vastes rangements de salles de bains avec douches en annexe et de télévisions à écran plasma. La vaste cuisine est équipée de fours et fourneaux professionnels et de nombreux frigidaires.


la peinture-caméléon change sa réflexion selon la lumière et le paysage



C'est le design et l'apparence extérieure du 118 WallyPower qui resteront cependant dans les mémoires. La coque forme un V accentué de 22° et l'étrave est dessinée pour fendre les vagues. Les lignes pures, voire agressives, du 118 Wally Power sont rendues encore plus vives par l'absence de tout éléments pointant à l'extérieur : pas de winchs, pas d'antennes, pas de système d'ancre. Tout est parfaitement et nettement caché sans sacrifier à la fonctionnalité.
Le fond de la quille est en fibre de verre solide. Les flancs depuis la ligne d'eau sont en composé de fibre de verre et de carbone. Sur le pont la supestructure est en verre laminé avec des cadres de carbone : lorsqu'ils dînent les invités peuvent voir à 360° mais ne sont pas vus. Enfin, et surtout, la peinture-caméléon de la finition extérieure est d'un vert métallique foncé qui change sa réflexion selon la lumière et le paysage.


"Un concepteur rationnel mais passionné"




C'est cet ensemble qui a certainement décidé le Musée d'Art moderne de San Francisco à choisir le 118 WallyPower comme seul bateau de son exposition d'architecture et de design Glamour : Fashion, Industrial Design, Architecture qui se déroulera du 9 octobre 2004 au 16 janvier 2005.
"Je ne pense pas être un artiste, je suis plutôt un concepteur rationnel mais passionné" déclare cependant le président fondateur de la compagnie monégasque qui, en 10 ans, a établi une solide réputation de fabrication de bateaux de croisière innovants pour amateurs de "glamour".
Septembre 2004
Par Yves CALMEJANE