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Palazzo Grassi : Détrônerait-il les gondoles ?

A quelques jours de la Biennale de Venise, le Palazzo Grassi accueille "Sequence 1", la 3ème exposition de la Fondation Pinault après l'inaugural "Where are we going ?" et la rétrospective "Picasso et la joie de vivre". L'occasion pour l'homme d'affaires français d'affirmer son rôle désormais majeur dans l'art contemporain et de nous faire (re)découvrir les artistes les plus pointus du moment. Baroque, éclectique et transgénérationnel...
Au sud du nouveau !

Un an après le majeur "Where are we going ?", le palais vénitien a troqué le Balloon Dog de Jeff Koons, chantre incontesté du kitsch, contre le Very Hungry God de Subodh Gupta. Un crâne étincelant et colossal, singulière accumulation d'objets du quotidien en inox, se pose donc comme nouvelle icône du fief artistique de François Pinault, accueillant les visiteurs sur sa plate-forme miroitante. Car loin d'être uniquement le vague symbole d'un romantisme de carte-postale, vestige d'un classicisme à l'italienne, Venise s'est posée avec le Palazzo Grassi comme haut-lieu de l'avant-garde contemporaine. Accueillant la collection personnelle d'art moderne et contemporain du Breton de l'Année 2006 (sic), grand collectionneur devant l'éternel, le palais place haut cette année ses ambitions artistiques. Preuve que la Sérénissime contribue aujourd'hui très largement au petit monde de l'art contemporain, pourtant longtemps confiné aux seules capitales New York, Londres, Paris et Berlin.


Séquence 1 : A suivre...

Il y a dans le choix du titre de l'accrochage, Séquence 1, tout l'esprit de l'exposition. L'idée, d'abord, que cette première étape annonce bel et bien que d'autres suivront, ce dont doutaient peut-être tous ceux qui ont longtemps renvoyé la collection Pinault (hypothétique à l'époque) au rang de fantasme mégalomaniaque. L'idée aussi, revendiquée d'ailleurs, qu'il n'y aura guère ici fil conducteur, justifiant l'absence de thème ; s'il y avait toutefois un trait commun entre les 16 artistes, ce serait sans doute une certaine tendance à se réapproprier les techniques traditionnelles (peinture et sculpture), les renouvelant à grand renfort d'astuces et d'innovations techniques bien personnelles. On retiendra au final de l'exposition le monumental Jet Set Lady d'Urs Fischer et ses 2000 tableaux sur 11 mètres de hauteur. L'expérience sensorielle du travail de Kristin Baker, la benjamine, sur Plexiglas incurvé aux formes kaléidoscopiques, n'a pas fini également de bouleverser notre perception couleur-vitesse. Quant aux commandes du mécène, de Franz West à Anselm Reyle, elles nous réservent quelques bonnes surprises. Une chose est certaine, l'art contemporain n'est pas mort à Venise...

Estelle Burget
Juillet 2007
Palazzo Grassi
Séquence 1
du 5 mai au 1er juillet tous les jours, du 2 juillet au 11 novembre
tous les jours sauf le mardi
Tarifs : de 6 à 10 €

Réservations +39 0424 600 458
Depuis l'Italie : 899 666 805
www.palazzograssi.it
www.vivaticket.it