Destination Glasgow, la ville aux mille cultures
Ville culturelle par excellence
Attachée à une civilisation autant qu'à un patrimoine, on pourrait dire de Glasgow qu'elle est une ville faite pour les études, la réflexion, le commentaire. La littérature mais aussi l'art, et le design en particulier, y sont à l'honneur. Des étudiants venus de tout le royaume, mais aussi de France ou du Canada, viennent spécialement y passer deux, trois ou quatre ans pour étudier. Question de réputation. Après tout, le célèbre Charles Rennie Macintosh, créateur de l'école des beaux-arts «Glasgow School Art» (splendide) y est né et l'on trouve son empreinte un peu partout dans les beaux quartiers, jusqu'au salon de thé « The Willow », dont les hautes chaises qui affichent un style moderniste « art nouveau », font toujours partie, aujourd'hui, du décor. Partout, la ville semble osciller entre le style victorien et celui de Macintosh. En avril dernier, la ville était en effervescence grâce au Festival international d'art visuel contemporain, qui s'étendait sur pas moins de trente sites, dont l'ancien hangar à tramways, transformé en galerie d'art hyper-tendance.
Mais on aurait tort d'oublier la musique. Glasgow reste le siège des organisations nationales des arts du spectacle. Citons le « Royal Scottish National Orchestra », le « BBC Scottish Symphony Orchestra », le « Scottish Opera » ainsi que le « Scottish Ballet ». A débuté le 22e « Festival international de jazz de Glasgow » (20-29 juin), et en août prochain est prévu « Indian summer », autrement dit un véritable été indien qui pour la troisième année consécutive devrait explorer les musiques les plus neuves, dans le parc Victoria, dans le West end.
Une ville à part, so chic !
Cet engouement pour la musique, le magazine Time a pu le traduire ainsi : « Glasgow est la capitale secrète de la musique en Europe ». En écho à cela, les électeurs du magazine anglais Traveller ont élu Glasgow « Ville préférée du Royaume uni ». Une politique culturelle qui porte ses fruits et qui est montrée en exemple dans tout le royaume. Devrait-on alors parler de « douceur de vivre » à Glasgow ? 600.000 personnes seraient heureux d'y habiter au moins onze mois par an. Certes, il suffit de s'y promener, de se perdre d'un musée à l'autre, d'y flâner comme un retraité, pour comprendre que Glasgow est une ville à part, toujours jeune dans son allure, animée sans intermittence à chaque saison. So chic ! s'exclament ses adorateurs. Il y a Dublin en Irlande, et Glasgow en Écosse, dit-on. Deux cités intemporelles. Et il faudrait presque s'étonner de ce que Glasgow la stylée soit jumelée avec une ville comme Marseille, plus populaire, méditerranéenne par excellence. Elisabeth Cameron, l'ancienne maire écologiste, aujourd'hui en charge de la culture, parle (dans un français savoureux) de ce « partenariat » avec une certaine gourmandise, comme si les deux villes aimaient avec instinct cultiver leurs contrastes et leurs différences, au-delà de leur propension à verser dans les audaces culturelles les plus extravagantes, comme le design et la mode. On soupçonne surtout cette amoureuse de Ronsart, Béranger et Colette d'aimer la Provence et de profiter d'une virée à Marseille pour s'échapper dans la campagne la plus reculée, quand l'occasion lui en est donnée. Et vice versa : Jean-Claude Gaudin raffolerait de la quiétude de Glasgow. Il y était encore en avril dernier. Qui s'étonnerait alors de constater que l'Alliance Française (très active dans la ville) n'a jamais compté autant d'inscrits anglophones ? Preuve que le français reste une langue de culture au cœur même du Royaume-Uni. Après tout, les Français eux-mêmes restent les visiteurs les plus appréciés par les Écossais de Glasgow qui aiment parler notre langue avec le cœur autant qu'avec l'esprit.