Voir Naples et puis mourir !
Roméo Hôtel, entre design et tradition
L’ancien Palazo Lauro, appartenant à un armateur, fut vendu à Monsieur Roméo, créateur éponyme de l’hôtel en 2008. Cinq années de travaux furent nécessaires pour achever cet ambitieux projet où le maître mot était l’art sous toutes ses formes, tout en mariant innovation et tradition. Seule condition, la décoration devait impérativement faire appel aux racines de Naples.
Pour réussir ce mélange de genres audacieux, monsieur Roméo fit appel au cabinet d’architecture KenzoTange & Associate de Tokyo, tout en apportant à chaque étape son regard de collectionneur et sa touche personnelle par ses œuvres d’art.
L’architecte a su restituer l’environnement historique et culturel de la ville dans l’hôtel. Mêler pièces de collection, antiquités chinées à travers le monde, meubles sur mesure, réalisés par des artisans locaux et œuvres d’artistes napolitains comme Lello Esposito, Francesco Clemente, Sergio Fermarielo ou comme les talentueux italiens Schifano et Gregorio Botta.
Le résultat est étonnant et loin des clichés du design ou du contemporain minimaliste, sans âme.
L’hôtel Roméo : un bâtiment de verre et de métal
Première surprise, la façade de verre du Roméo. Ornée de structures de métal ondulantes, une évocation de la mer, c’est le seul bâtiment en verre de Naples.
Une fois franchies les portes de l’établissement, le contraste ne laisse pas indifférent.
Vu la façade extérieure, il ne serait pas surprenant de découvrir un design « classiquement » épuré et minimaliste. Pourtant la surprise est là, agréable et étonnante. Le lobby, et sa réception en paroi de verre veinée de bleue, révèlent un décor inattendu, où la pointe du design côtoie meubles anciens, peintures et sculptures d’artistes contemporains et napolitains.
L’hôtel Roméo : des contrastes à chaque instant
Ici chaque détail soigné a son importance.
Par touches, l’hôtel a su peaufiner et décliner jusqu’au bout son histoire. Depuis les assiettes, en forme de pétales de fleur en passant par le miroir acier dans les chambres, qui s’appuie sur une tige façon talon, les chaises Hermès habillées en peau de crocodile, les meubles du designer Antonio Cittero pour B&B, l’ascenseur, où une vidéo de vie sous marine défile avec poésie ou des clichés en noir et blanc des années 1937 à 1959 des Archives d’Alinari, rendant grâce à la beauté féminine dans les salles de bain.
De multiples ambiances émanent des coins et recoins crées dans le lobby. Ici l’espace se joue du visiteur et l’entraîne de surprise en surprise. Toujours ce contraste entre tradition et modernité, entre Naples et la mer.
Pièces anciennes et art contemporain à chaque pas
Deux armures japonaises de la période Edo ( 17ème/19ème), sentinelles immobiles, vous accueillent non loin d’un bar, le rétro Sushi Bar. Huit mètres de marbre plein, qui s’étire dans l’espace, ponctué d’halo mauve. Les sushis, d’une remarquable fraîcheur, méritent la halte, même si vous n’êtes pas amateur.
A deux pas, dans l’intimité d’une salle à manger ouverte, on peut dîner, sous le regard d’un tableau représentant le Vésuve en éruption de Schifano, accoudé à une table en verre posée sur une porte ancienne de Naples, en fer forgé.
Ou pourquoi ne pas préférer grignoter près de la cheminée en tête à tête, où deux tables façon bridge et chaises en cuir signées Tramentano, vous tendent les bras. Ou encore au Cristal Bar dans une ambiance intime, sous l’œil bienveillant du tableau « métamorphose » en 3 actes de Francesco Clemento, qui change selon l’angle où l’on se trouve.
Non loin de là, un fauteuil "sumo" en bois de cèdre taillé dans une seule pièce de Isamu Kenmochi (1961) flirte avec des chaises asiatiques anciennes et deux bergères françaises habillées de crin de cheval chuchotent de concert.
Et pour les amateurs de cigares, le Cigar Bar délimité par une paroi convexe en verre. Une bibliothèque en ébène, offre tout le confort chaleureux d’un petit salon, pour déguster ses cigares et ses alcools préférés.
Les chambres : place au design le plus actuel
Les 83 chambres et suites affichent une constante : le mariage réussi entre le verre, l’acier, le bois et le cuir, donnant à ces pièces un caractère contemporain et confortable. Art et innovations techniques restant le leitmotiv de l’établissement.
Oubliées les recettes traditionnelles, place aux codes du design le plus actuel :
Verre à rayures côtoient le bois de Marcassar, apportant une note chaleureuse à l’ensemble. Porte vitrée semi transparente et coulissante séparant la chambre de la salle de bain et baie vitrée s’élançant du sol au plafond, prolongent la pièce sur le port et la mer. Chaise longue en cuir noir de B&B et panneaux de bois façon persienne filtrant la lumière du Sud.
On retrouve le même souci du détail, avec des tables de chevet en verre qui s’allument au moindre mouvement la nuit, une vasque en verre sans évacuation apparente, un choix de 20 oreillers et un éventail de 7 couleurs pour les draps, sans oublier la possibilité de se faire prêter un ipod et sa station d’accueil, pour une fin de soirée en musique.
L’innovation high tech est partout, parfois même un peu trop pointue. On se sent désemparé lorsque la lumière s’éteint automatiquement ou que l’ascenseur s’élance de lui-même dans les airs !
Visitez Naples et finir au Spa Daniela Steiner
Ne manquez pas d’aller rendre visite à Lello Esposito, un artiste napolitain, qui travaille les symboles de Naples (polichinelle, soleil, œuf, volcan…l) sur des matières comme le bronze, l’argile, la terre cuite ou le métal, comme personne. Personnalité connue, il a élu domicile dans d’anciennes écuries et son atelier mérite le détour.
Ayant démarré il y a 30 ans par le polichinelle, il a restauré l’image du masque traditionnel en le liant aux rues de Naples. Il s’est réapproprié l’identité de la ville en métamorphosant tous ses symboles en objets.
Le soir venu, on fait une pause au 8ème au spa Daniela Steiner pour remettre d’aplomb nos corps malmenés par une vie urbaine, entre les mains de thérapeutes aux mains expertes avant de finir au restaurant Gourmet sur la terrasse du toit, en compagnie d’œuvres de Lello Esposito, autour d’une cuisine terrienne et marine, goûteuse et lumineuse et une vue sans pareille sur la mer.
A l’hôtel Roméo, tout concourt à transposer le visiteur dans une autre dimension, grâce à l’élégance racée de cette architecture d’intérieur et ce foisonnement d’art contemporain et classique.