BLC Design Hotel jette un blanc...
Après le Color Design Hotel qui, comme son nom naturellement l'indique, avait fait de la couleur son pari, c'est au blanc que s'est attaquée la décoratrice Carole Picard, visiblement toujours inspirée par le quartier de la Bastille. Au menu : un hôtel 100% blanc bien sûr mais qui pêche un peu par l'exiguïté de ses espaces et le minimalisme de sa convivialité. Voilà qui jette un petit blanc...
Blanc comme neige...
Adeptes de tissus chaleureux, de couleurs cocooning, de fresques colorées qui titillent la pupille, passez votre chemin ! Pureté, sérénité, minimalisme... au BLC Design Hotel on aime le blanc jusqu'à l'étourdissement. Évidemment, entre blanc polaire et blanc solaire distillés par un savant jeu de leds et les photos XXL des 29 chambres immortalisant des détails féminins, l'hôtel parvient à échapper à la routine et l'austérité de son orientation visuelle un tantinet monacale. Fort heureusement ! Car si l'on salue le parti-pris esthétique censément audacieux, les effets ouatés, les monochromes doucement teintés, les contrastes des matières et les fantaisies de perspective, on ne saurait en dire autant de tous ces détails qui font le bonheur d'une nuitée en dehors de son home sweet home...
Trop de design tue le design ?
Vous cherchez un cintre pour suspendre votre veste mise à mal par de longues de heures de voyage, pestant contre cet oubli impardonnable ? Rassurez-vous, point de penderie ne vient encombrer inutilement (?) le BLC ! C'est dans un tiroir sous le lit que se logeront pantalons à pinces et autres robes en mousseline froissées mettant à mal toutes les lois de l'apesanteur... Besoin de l'intimité de la salle de bain pour vous préparer gaiement à une folle nuit parisienne ? Il faudra faire sans cloison mais avec une "séparation éphémère" pour vous isoler. Le lieu ayant fait vœu de sobriété absolue, il abandonne de surcroît tout agrément technique pour prendre possession de l'espace, ne serait-ce que pour poser un pot de crème ici ou une brosse à dents par là. Ils resteront farouchement reclus dans notre trousse de toilette, il faut savoir faire quelques concessions que diable ! Quant au petit-déjeuner, assis au bar, certes central mais mural, on imagine qu'il doit y avoir des disciples... En bref, un hôtel tout à la fois bluffant sur le parti-pris du monochrome mais un peu particulier sur le plan du service et de la commodité. Dommage.
Avril 2010
Par Estelle BURGET