Madagascar l'authentique ! (2ème partie)
Le Canal des Pangalanes
Aménagé et navigable depuis le début du XX siècle, le Canal des Pangalanes, le long de la côte orientale, presque linéaire, coûta plusieurs milliers de vie lors de sa construction. C'est une succession de lagunes, cours d’eau intérieurs et lacs artificiels ou naturels s’étirant sur près de 600 km.
Le long de ses rives, la vie est partout présente. Sous nos yeux curieux défilent de petits villages de pêcheurs, constitués une fois de plus de cases en bois de pandanus et bambou, des femmes lavant leur linge, faisant leur toilette ou des enfants jouant avec bonheur, de ces jeux immuables de l’enfance.
Partout une végétation touffue et variée composée d’eucalyptus, de niaouli, pandanus, oreilles d’éléphants, de bois d’ébène, d’arbre du voyageur se dresse devant nous, majestueuse. Et cette richesse végétale gomme la misère, la faisant paraître moins dissonante.
Le Palmarium : un petit paradis sauvage à Ankanin’Ny Nofy
Enfin nous arrivons au Palmarium. Une jetée, un banc de sable et des marches abruptes nous mènent à notre halte sauvage. Sylvain, le manager local du lieu, nous accueille dans un grand éclat de rire et nous accompagne à notre bungalow face au lac, enfoui dans la végétation. Une jolie terrasse avec hamac complète ce petit éden sauvage. Attention, ici le luxe, c’est la nature environnante. La lumière est fournie par un groupe électrogène capricieux, l’eau chaude, chauffée par deux femmes au charbon de bois, est donc aléatoire, mais constitue également tout le charme d’un retour à la vie naturelle.
Ce petit hôtel possède une réserve privée de 50 hectares, regroupant des centaines de variétés de végétaux et plusieurs espèces de lémuriens et de reptiles. Les lémuriens très effrontés et gourmands, n’hésitent pas à s’inviter à notre table pour chiper dans nos assiettes des fruits et des bananes, leur fruit de prédilection, comme nous le constatons.
Séquence émotion, car premier vrai contact avec les lémuriens. De couleur chatain, certains avec quelques taches, le beau Sifaka à diadème, le barbakoto, le Coronatus, sautent sur nos épaules pour prendre le bout de banane que nous leur tendons. Leur longue queue touffue s’enroule autour d’eux comme une cape, lorsqu’il fait plus frais.
Une réserve de 50 hectares au Palmarium
Avec Bruno le guide, nous nous enfonçons ensuite dans la réserve à la découverte de ses trésors naturels. Nous, les purs citadins, découvrons avec bonheur l’arbre du café, robusta ou arabica, du cacao, la vanille, une plante carnivore, des espèces différentes de palmiers. Puis Bruno pousse le cri des indri-indri pour les faire venir. Ils lui répondent et soudain, ils sont là devant nous.
Fourrure blanche et noire, plus grands que leurs congénères, des yeux ronds comme des billes, arborant l’air toujours étonné, ils s’approchent presque familièrement de nous et se laissent caresser, pendant qu’ils dégustent une banane que nous leur tendons. Leur "main" à la peau très douce, nous prend le poignet. Un grand moment !
Le lendemain, nous irons à la rencontre des habitants d’un petit village de pêcheurs, Vohibola Andranokooitra, vivant sur l’autre rive du canal. Un autre moment touchant où nous prenons la pleine mesure de la pauvreté de cette population, qui malgré sa grande misère, vous accueille avec plaisir, sourire et grande générosité. Une leçon de vie pour nous, citadins.
Le princesse Bora & Lodge, un écolodge authentique à Sainte Marie
Après une traversée assez chahutée de près de 2 heures au départ de Soanierana Ivongo, nous mettons avec soulagement pied à terre sur l’île de Sainte Marie, baptisée de ce nom par des marins portugais au XVI siècle. Ancien repaire de pirates à la fin du XVIIème siècle, elle représentait un lieu idéal pour attaquer les marchands naviguant par le Cap de Bonne –Espérance.
Plus sauvage et plus authentique que sa sœur de Nosy Bé, elle s’étire sur 57 km de long et 9 km au plus large. Son atout majeur : la migration des baleines à bosse dans la Baie d’Antongila. Un spectacle féérique et magique et un ballet irréel ! Cette baie voit se croiser plusieurs centaines de cétacés mettant bas ou s’accouplant durant l’été (juillet- septembre). Enfin nous arrivons à notre destination finale : Princesse Bora & Lodge.
Un petit Eden
L’air sent la vanille et l’ylang-ylang. Les plages s’étirent à l’infini et se fondent dans le bleu indien de l’océan. Le vent joue avec les filaos, les bougainvillées et cocotiers. Le bout du monde existe bel et bien !Sur la plage, quelques bungalows en palissandre et une architecture en pierre et verre soufflent un parfum de luxe authentique, sans fioriture. Des chemins de sable tracés, desservent chaque bungalow et mènent à la plage. Une moustiquaire enveloppe les nuits, un hamac paresseux attend au lever du jour. La nuit on n’entend que le chuintement de la mer. Il est alors facile de se prendre pour des Robinson, détachés de tout stress.Premier geste au réveil, se jeter dans la mer si le temps s’y prête, et se charger en iode. Jouer avec les poissons multicolores en palmant. Ne rien voir d’autre que le ciel et le soleil. A la tombée du jour, se remettre entre les mains des Malgaches au Jungle Spa. Un lieu étonnant, ouvert sur la nature, totalement intégré au site. Lavabos en roche, tables de massage en bois, sous forme de pirogue, tadelakt vert turquoise, ciment ciré au sol, troncs d’arbre servant de comptoir. Le soir, dîner simplement au restaurant ouvert sur la nuit, magique… Et surtout rencontrer les baleines à bosse.
CétaMada, une association qui a du cœur
Le Princesse Bora & Lodge est très impliqué dans la protection des baleines, chassées à outrance et en voie de disparition. Son propriétaire, François-Xavier Mayer, a créé il y a un an l’association malgache« CétaMada », pour sensibiliser la population et développer un système économique, non seulement à Madagascar, mais également dans d’autres îles telles que Mayotte, la Réunion… Grâce à ces safaris baleines et à ses produits dérivés (tee shirts, DVD, sculpture, ateliers artisanaux...), il permet à la population de vivre du tourisme et de sortir de sa pauvreté tout en développant un système économique. Des conférences sur les baleines, des films, sont organisés chaque semaine au sein de l’hôtel pour sensibiliser et faire connaître ces mammifères marins à ses clients. Approche intelligente et humaine ! Un moment magique, lorsqu’en pleine mer, les baleines croisent notre chemin. Ombre furtive ou masse sombre, arborant leur dorsale ou pectorale pour séduire la femelle, nous aurons la chance de voir un baleineau et un groupe actif. 3 heures de navigation où nous scrutons l’horizon pour apercevoir les jets de vapeur et nous diriger vers eux. Un moment inoubliable qui restera imprimé au fond de notre cœur, lors de notre retour au bercail !Un pays, comme le décrivait Robert Mallet, un poète amoureux de cette Grande Ile « où les épines font de l’ombre » où « les carapaces de tortues servent de portes à quelques hommes secrets »…