Christophe Salin, le "gentleman farmer" de luxe de Lafite Rothschild
La sortie du film Mondovino de Jérôme Nossiter dans plus de cent trente salles en France est un étonnant succès. Rares sont les documentaires de cette force. Luxe-magazine a souhaité, à cette occasion, obtenir le commentaire d'une sommité impartiale sur les problèmes évoqués. Christophe Salin qui tient avec brio les rênes du grand vin de luxe Château Lafite Rothschild est en effet au-dessus de la mêlée... que par ailleurs cet ancien troisième-ligne de rugby connaît bien. Voici l'opinion du "gentleman-farmer" des Domaines Barons de Rothschild sur l'évolution du vin dans le monde et la globalisation à l'oeuvre dans le domaine vinicole, si important pour la France. Rassurant.
L'esprit pétillant, des yeux bleus laser qui vous jaugent en un clin d'œil, une poignée de main ferme et solide et un langage direct, Christophe Salin, Directeur général des Domaines Barons de Rothschild, ne pratique pas la langue de bois.
Il a passé son enfance dans les effluves du champagne grâce son père et son arrière-grand-père qui possédaient une affaire de champagne. Malgré un goût peu prononcé pour le vin, il fera cependant, à 20 ans, connaissance avec un Château Lafite 1928 qui le marquera à vie.
Après avoir baroudé en Afrique, en Iran et au Niger en tant que directeur de société, il retrouve ses sources et rejoint en 1985 les Domaines Barons de Rothschild.
Première certitude : Il n'est pas question pour les Domaines Barons de Rothschild de changer quoi que ce soit à leurs méthodes traditionnelles et à leur savoir-faire qui ont fait leurs preuves dans le monde entier en terme de qualité et de notoriété depuis 1868.
Quelle est l'origine de Lafite Rothschild ?
L'histoire est belle. Elle démarre au 18ème siècle, dans le ghetto de Francfort, avec un homme, Mayer Amshel, qui a une petite échoppe appelée 'A l'écu rouge',(roth schild). Comme il est juif, il a le droit de travailler l'argent, ce que s'interdisent les autres religions.
Son affaire se développe et au commerce du vin, des étoffes et des épices, viennent s'ajouter des opérations financières. Ses 5 fils, qui s'appellent désormais Rothschild, travaillent avec lui. Mais comme l'affaire est trop petite, il en garde un avec lui et envoie les autres sur les grandes places financières de Paris, de Naples, de Vienne et de Londres, leur expliquant que séparément, comme une flèche ils sont vulnérables, mais qu'ensemble comme un faisceau, ils sont invincibles. C'est d'ailleurs ce qui explique l'emblème avec les cinq flèches des Domaines Barons de Rothschild.
Il crée alors le premier réseau de banque mondiale Rothschild.
En 1868, un de ses fils, James, un homme de goût aimant les arts, va acheter Château Lafite et mourir trois mois après l'achat sans avoir vu le domaine...
Depuis Château Lafite est dirigé en ligne directe par ses héritiers dont son arrière petit-fils, Eric de Rothschild, est actuellement Président.
Quelle est l'histoire du Château Lafite ?
C'est un vin qui existe depuis le 13ème siècle.
Mais ce sont les anglais qui le font connaître, en 1707, quand il apparaît dans la très officielle London Gazette.
En France, Il va connaître une première consécration en 1755 grâce au Marquis de Ségur, surnommé "le Prince des Vignes", qui introduit les vins de Lafite à la cour de Louis XV.
Puis grâce au Maréchal de Richelieu, qui en fit son tonique quotidien, sur les prescriptions d'un médecin de Bordeaux, le Château Lafite gagna le titre de "Vin du Roi" et devint le breuvage quotidien, non seulement du roi, mais également de Madame de Pompadour et plus tard de Madame du Barry.
Depuis 1855, Château Lafite a été classé premier. Sa notoriété est basée sur la qualité.
Le vin Château Lafite le plus ancien, qui existe encore, date de 1797...
Quelles sont, selon vous, les principales caractéristiques du Château Lafite ?
C'est un vin de référence.
Il a beaucoup de finesse et de raffinement. C'est un vin qui donne beaucoup plus de devoirs que de pouvoir. A Lafite on ne change pas les vins, c'est plutôt Lafite qui vous change.
C'est là une des caractéristiques d'un grand terroir.
Quels sont les critères qui caractérisent un vin de qualité ?
C'est clairement le terroir, un terme qui désigne tout à la fois le sol, le cépage et le climat.
En tant que viticulteur de Château Lafite ce sont ces trois critères qui comptent. On ne peut pas changer ces trois composantes. En France, l'irrigation est interdite et les cépages sont réglementés par ce que l'on appelle les AOC (appellation d'origine contrôlée).
Dans d'autres pays, il est possible d'irriguer et de planter des cépages, comme au Chili par exemple où nous avons produit un second vin appelé Los Vascos, en tenant compte de la qualité du sol, en choisissant nos cépages et en irriguant si nécessaire. Mais sans perdre de vue nos méthodes qui restent naturelles.
Il existe donc des méthodes non naturelles ?
Absolument. Le pire restant le non respect de la production. C'est-à-dire une poussée de la production ou une poussée de la maturation.
Sans oublier le travail dans le chai. Certains œnologues peuvent changer le goût du vin avec des enzymes, en mettant trop de fûts neufs, ou en lui mettant du bois pour lui donner un goût boisé.
Que pensez-vous de l'expansion des californiens vers l'Europe et notamment de la société américaine Mondavi aujourd'hui ?
La société Mondavi périclite car elle a mal géré sa croissance. Après avoir produit des vins de haut de gamme elle s'est diversifiée dans les vins de bas de gamme. Comme ce sont les acheteurs qui font les prix, elle se trouve face à de gros problèmes financiers. Ils ont d'ailleurs revendu leur participation au Chili.
Elle a voulu aussi s'installer dans une région de France, au Languedoc, et acheter des vignobles en défrichant les terres, ce qui explique la réaction des français et des viticulteurs en général qui sont restés fidèles aux méthodes traditionnelles et à leurs racines.
Par contre sa force réside dans son réseau de distribution qui est remarquable. Mais malgré cela, le groupe Mondavi est à vendre et il y a d'ailleurs déjà eu une offre de rachat.
Je trouve cela triste.
Les américains mettent en avant des méthodes d'uniformisation du vin pour plaire aux consommateurs. Qu'en pensez-vous ?
Les américains changent. Leur palais s'éduque. Il ne faut pas oublier qu'ils ont été élevés avec Mac Donald et Coca Cola.
Le vin américain est plus facile à consommer, avec une sucrosité plus importante. Comme les australiens, d'ailleurs, qui produisent un vin sucré, très alcoolisé et très facile à boire.
N'ayons pas peur des mots : Les australiens et les américains font du marketing consommateur, notre société fait du marketing produit, comme bon nombre de nos confrères français.
Nous n'appartenons pas à la même catégorie que les producteurs américains.
Mais je pense que les consommateurs évoluent et que les américains savent de plus en plus apprécier un bon vin.
Peut-on à l'heure actuelle concurrencer des vins produits à une échelle industrielle comme le fait la société Mondavi avec l'Opus Wine par exemple ?
En terme de production, il n'y a qu'une seule manière de produire du bon vin, comme je l'ai expliqué. C'est de manière traditionnelle.
Nous ne produirons que ce que peut donner notre récolte dans le respect des traditions, sans rien y ajouter.
De la même façon dont nous prenons soin de nos vignes en France et nous apportons un soin méticuleux à nos cépages du Chili.
Le vin est vraiment l'expression de sa terre, c'est ce que l'on appelle des vins de vignoble.
En terme de commercialisation par contre, nous ne sommes pas armés en France pour faire des grands vins de marque qui soient sortis de leur appellation d'origine - nous en avons près de 500 ! Il nous manque un volume qu'ont les australiens ou les américains, qui nous permettrait de bâtir une marque.
Il nous faut donc revenir à une simplification d'origine avec des termes comme Bordeaux, Bourgogne et Languedoc, tout en gardant des méthodes traditionnelles, de la même façon que les maisons de champagne qui utilisent toutes le mot générique Champagne. A mes yeux, c'est la plus belle marque globale, qui se décline ensuite par maison, par cru, etc.
Château Lafite représente t-il toute votre production ?
Une fois la récolte faite nous décidons quelles cuves seront consacrées à Château Lafite.
En général, nous consacrons un tiers pour Château Lafite, un tiers pour le second vin "Carruades de Lafite" et un dernier tiers pour Pauillac.
Les pourcentages peuvent varier en fonction du climat et de la production.
Il y a un engouement actuellement pour le deuxième vin des grands châteaux qui sont issus du même lieu et travaillés par les mêmes personnes.
Evidemment, les prix varient de 1 à 6.
On parle beaucoup de Robert Parker, spécialiste et oenologue américain reconnu, qui selon les côtes qu'il donne au vin, peut faire ou défaire une marque. Quel est votre avis ?
Robert Parker est un très bon analyste qui a une bonne connaissance des vins et qui aime beaucoup la France. A mes yeux c'est un bon ambassadeur des vins français. Par contre lorsqu'il goûte des vins plus jeunes, il a un palais peut-être un peu particulier.
C'est vrai que sa cotation influe le marché du vin et donc des marques, mais il ne faut pas changer les vins. Je trouve stupides ceux qui essayent de changer le goût du vin pour lui plaire. Mais gardons à l'esprit qu'il n'y a pas besoin d'avoir une note de Parker pour être un bon vin.
Peut-on comparer vos seconds vins de Bordeaux, et vos vins des autres propriétés dans le monde, comme étant de la "haute couture diffusion" ?
Oui, d'une certaine façon, bien que nos seconds vins soient faits selon les mêmes méthodes.
Ceci dit, par le prix, nous sommes en effet plus abordables, donc plus proches de la diffusion (de 20 à 30 €).
A l'international nous sommes allée en 1988 au Chili pour montrer que l'on pouvait utiliser des méthodes françaises traditionnelles et faire de belles choses sans copier les vins américains ou australiens. Nos vins du Chili, comme le Los Vascos sont issus des mêmes techniques que nous appliquons en France en respectant les contraintes du pays (climat, irrigation.)
Concernant les Etats-Unis, nous sommes actionnaires majoritaires de la société Chalone Wine Group comprenant 11 vignobles, que nous allons privatiser.
Par contre nous n'apposons pas notre nom.
C'est le seul endroit où nous ne voulons pas avoir la maîtrise du vin, puisque c'est un vin conçu et produit pour le marché américain. Nous apportons notre vision et notre argent en acquérant des vignobles de qualité.
Quelle est la définition d'un vin de luxe ?
Il est difficile de parler de grands vins sans citer Lafite.
C'est un vin que l'on peut dire de luxe, et pourtant accessible.
Avez-vous des projets ?
Nous souhaitons réhabiliter un grand vignoble dans le Languedoc, dont le premier vin sera présenté l'année prochaine.
Nous avons également planté en Toscane.
En Chine, où Lafite est très connu, nous souhaitons un jour monter un vignoble pilote pour leur montrer que l'on peut travailler sur du long terme sans être dans le domaine du mercantile, mais préparer des terres qui donneront des vins qui seront bus par nos arrières petits-enfants.
C'est une philosophie, une vision que les chinois peuvent comprendre, car ils ont le sens de la dynastie. C'est un enracinement à long terme.
C'est effectivement un marché qu'il ne faut pas ignorer.
Il a passé son enfance dans les effluves du champagne grâce son père et son arrière-grand-père qui possédaient une affaire de champagne. Malgré un goût peu prononcé pour le vin, il fera cependant, à 20 ans, connaissance avec un Château Lafite 1928 qui le marquera à vie.
Après avoir baroudé en Afrique, en Iran et au Niger en tant que directeur de société, il retrouve ses sources et rejoint en 1985 les Domaines Barons de Rothschild.
Première certitude : Il n'est pas question pour les Domaines Barons de Rothschild de changer quoi que ce soit à leurs méthodes traditionnelles et à leur savoir-faire qui ont fait leurs preuves dans le monde entier en terme de qualité et de notoriété depuis 1868.
Quelle est l'origine de Lafite Rothschild ?
L'histoire est belle. Elle démarre au 18ème siècle, dans le ghetto de Francfort, avec un homme, Mayer Amshel, qui a une petite échoppe appelée 'A l'écu rouge',(roth schild). Comme il est juif, il a le droit de travailler l'argent, ce que s'interdisent les autres religions.
Son affaire se développe et au commerce du vin, des étoffes et des épices, viennent s'ajouter des opérations financières. Ses 5 fils, qui s'appellent désormais Rothschild, travaillent avec lui. Mais comme l'affaire est trop petite, il en garde un avec lui et envoie les autres sur les grandes places financières de Paris, de Naples, de Vienne et de Londres, leur expliquant que séparément, comme une flèche ils sont vulnérables, mais qu'ensemble comme un faisceau, ils sont invincibles. C'est d'ailleurs ce qui explique l'emblème avec les cinq flèches des Domaines Barons de Rothschild.
Il crée alors le premier réseau de banque mondiale Rothschild.
En 1868, un de ses fils, James, un homme de goût aimant les arts, va acheter Château Lafite et mourir trois mois après l'achat sans avoir vu le domaine...
Depuis Château Lafite est dirigé en ligne directe par ses héritiers dont son arrière petit-fils, Eric de Rothschild, est actuellement Président.
Quelle est l'histoire du Château Lafite ?
C'est un vin qui existe depuis le 13ème siècle.
Mais ce sont les anglais qui le font connaître, en 1707, quand il apparaît dans la très officielle London Gazette.
En France, Il va connaître une première consécration en 1755 grâce au Marquis de Ségur, surnommé "le Prince des Vignes", qui introduit les vins de Lafite à la cour de Louis XV.
Puis grâce au Maréchal de Richelieu, qui en fit son tonique quotidien, sur les prescriptions d'un médecin de Bordeaux, le Château Lafite gagna le titre de "Vin du Roi" et devint le breuvage quotidien, non seulement du roi, mais également de Madame de Pompadour et plus tard de Madame du Barry.
Depuis 1855, Château Lafite a été classé premier. Sa notoriété est basée sur la qualité.
Le vin Château Lafite le plus ancien, qui existe encore, date de 1797...
Quelles sont, selon vous, les principales caractéristiques du Château Lafite ?
C'est un vin de référence.
Il a beaucoup de finesse et de raffinement. C'est un vin qui donne beaucoup plus de devoirs que de pouvoir. A Lafite on ne change pas les vins, c'est plutôt Lafite qui vous change.
C'est là une des caractéristiques d'un grand terroir.
Quels sont les critères qui caractérisent un vin de qualité ?
C'est clairement le terroir, un terme qui désigne tout à la fois le sol, le cépage et le climat.
En tant que viticulteur de Château Lafite ce sont ces trois critères qui comptent. On ne peut pas changer ces trois composantes. En France, l'irrigation est interdite et les cépages sont réglementés par ce que l'on appelle les AOC (appellation d'origine contrôlée).
Dans d'autres pays, il est possible d'irriguer et de planter des cépages, comme au Chili par exemple où nous avons produit un second vin appelé Los Vascos, en tenant compte de la qualité du sol, en choisissant nos cépages et en irriguant si nécessaire. Mais sans perdre de vue nos méthodes qui restent naturelles.
Il existe donc des méthodes non naturelles ?
Absolument. Le pire restant le non respect de la production. C'est-à-dire une poussée de la production ou une poussée de la maturation.
Sans oublier le travail dans le chai. Certains œnologues peuvent changer le goût du vin avec des enzymes, en mettant trop de fûts neufs, ou en lui mettant du bois pour lui donner un goût boisé.
Que pensez-vous de l'expansion des californiens vers l'Europe et notamment de la société américaine Mondavi aujourd'hui ?
La société Mondavi périclite car elle a mal géré sa croissance. Après avoir produit des vins de haut de gamme elle s'est diversifiée dans les vins de bas de gamme. Comme ce sont les acheteurs qui font les prix, elle se trouve face à de gros problèmes financiers. Ils ont d'ailleurs revendu leur participation au Chili.
Elle a voulu aussi s'installer dans une région de France, au Languedoc, et acheter des vignobles en défrichant les terres, ce qui explique la réaction des français et des viticulteurs en général qui sont restés fidèles aux méthodes traditionnelles et à leurs racines.
Par contre sa force réside dans son réseau de distribution qui est remarquable. Mais malgré cela, le groupe Mondavi est à vendre et il y a d'ailleurs déjà eu une offre de rachat.
Je trouve cela triste.
Les américains mettent en avant des méthodes d'uniformisation du vin pour plaire aux consommateurs. Qu'en pensez-vous ?
Les américains changent. Leur palais s'éduque. Il ne faut pas oublier qu'ils ont été élevés avec Mac Donald et Coca Cola.
Le vin américain est plus facile à consommer, avec une sucrosité plus importante. Comme les australiens, d'ailleurs, qui produisent un vin sucré, très alcoolisé et très facile à boire.
N'ayons pas peur des mots : Les australiens et les américains font du marketing consommateur, notre société fait du marketing produit, comme bon nombre de nos confrères français.
Nous n'appartenons pas à la même catégorie que les producteurs américains.
Mais je pense que les consommateurs évoluent et que les américains savent de plus en plus apprécier un bon vin.
Peut-on à l'heure actuelle concurrencer des vins produits à une échelle industrielle comme le fait la société Mondavi avec l'Opus Wine par exemple ?
En terme de production, il n'y a qu'une seule manière de produire du bon vin, comme je l'ai expliqué. C'est de manière traditionnelle.
Nous ne produirons que ce que peut donner notre récolte dans le respect des traditions, sans rien y ajouter.
De la même façon dont nous prenons soin de nos vignes en France et nous apportons un soin méticuleux à nos cépages du Chili.
Le vin est vraiment l'expression de sa terre, c'est ce que l'on appelle des vins de vignoble.
En terme de commercialisation par contre, nous ne sommes pas armés en France pour faire des grands vins de marque qui soient sortis de leur appellation d'origine - nous en avons près de 500 ! Il nous manque un volume qu'ont les australiens ou les américains, qui nous permettrait de bâtir une marque.
Il nous faut donc revenir à une simplification d'origine avec des termes comme Bordeaux, Bourgogne et Languedoc, tout en gardant des méthodes traditionnelles, de la même façon que les maisons de champagne qui utilisent toutes le mot générique Champagne. A mes yeux, c'est la plus belle marque globale, qui se décline ensuite par maison, par cru, etc.
Château Lafite représente t-il toute votre production ?
Une fois la récolte faite nous décidons quelles cuves seront consacrées à Château Lafite.
En général, nous consacrons un tiers pour Château Lafite, un tiers pour le second vin "Carruades de Lafite" et un dernier tiers pour Pauillac.
Les pourcentages peuvent varier en fonction du climat et de la production.
Il y a un engouement actuellement pour le deuxième vin des grands châteaux qui sont issus du même lieu et travaillés par les mêmes personnes.
Evidemment, les prix varient de 1 à 6.
On parle beaucoup de Robert Parker, spécialiste et oenologue américain reconnu, qui selon les côtes qu'il donne au vin, peut faire ou défaire une marque. Quel est votre avis ?
Robert Parker est un très bon analyste qui a une bonne connaissance des vins et qui aime beaucoup la France. A mes yeux c'est un bon ambassadeur des vins français. Par contre lorsqu'il goûte des vins plus jeunes, il a un palais peut-être un peu particulier.
C'est vrai que sa cotation influe le marché du vin et donc des marques, mais il ne faut pas changer les vins. Je trouve stupides ceux qui essayent de changer le goût du vin pour lui plaire. Mais gardons à l'esprit qu'il n'y a pas besoin d'avoir une note de Parker pour être un bon vin.
Peut-on comparer vos seconds vins de Bordeaux, et vos vins des autres propriétés dans le monde, comme étant de la "haute couture diffusion" ?
Oui, d'une certaine façon, bien que nos seconds vins soient faits selon les mêmes méthodes.
Ceci dit, par le prix, nous sommes en effet plus abordables, donc plus proches de la diffusion (de 20 à 30 €).
A l'international nous sommes allée en 1988 au Chili pour montrer que l'on pouvait utiliser des méthodes françaises traditionnelles et faire de belles choses sans copier les vins américains ou australiens. Nos vins du Chili, comme le Los Vascos sont issus des mêmes techniques que nous appliquons en France en respectant les contraintes du pays (climat, irrigation.)
Concernant les Etats-Unis, nous sommes actionnaires majoritaires de la société Chalone Wine Group comprenant 11 vignobles, que nous allons privatiser.
Par contre nous n'apposons pas notre nom.
C'est le seul endroit où nous ne voulons pas avoir la maîtrise du vin, puisque c'est un vin conçu et produit pour le marché américain. Nous apportons notre vision et notre argent en acquérant des vignobles de qualité.
Quelle est la définition d'un vin de luxe ?
Il est difficile de parler de grands vins sans citer Lafite.
C'est un vin que l'on peut dire de luxe, et pourtant accessible.
Avez-vous des projets ?
Nous souhaitons réhabiliter un grand vignoble dans le Languedoc, dont le premier vin sera présenté l'année prochaine.
Nous avons également planté en Toscane.
En Chine, où Lafite est très connu, nous souhaitons un jour monter un vignoble pilote pour leur montrer que l'on peut travailler sur du long terme sans être dans le domaine du mercantile, mais préparer des terres qui donneront des vins qui seront bus par nos arrières petits-enfants.
C'est une philosophie, une vision que les chinois peuvent comprendre, car ils ont le sens de la dynastie. C'est un enracinement à long terme.
C'est effectivement un marché qu'il ne faut pas ignorer.
Novembre 2004
Par Katya PELLEGRINO