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Mazda RX8 : De la différence...

Avec la RX8, Mazda prouve de manière magistrale que l'automobile est un genre en perpétuelle évolution, sans qu'il soit besoin d'afficher des tarifs prohibitifs.
Berline ou Coupé ?

Première originalité, cette voiture est-elle une berline ou un coupé ? Difficile à trancher. Avec ses deux petites portes arrière s'ouvrant en sens inverse de la marche, la Mazda se donne des faux airs de familiale.
Mais ne nous y trompons pas, la RX8 adopte plutôt la philosophie d'un coupé sportif à quatre places, dont l'accès serait facilité par cette fantaisie architecturale (partagée, dans un autre genre, par la récente Rolls-Royce Phantom !).
Saluons toutefois l'élégance de l'ensemble. L'absence de montant milieu donne une véritable sensation d'espace, tant que les portes sont ouvertes. Car, même si les sièges passagers sont confortables et suffisamment spacieux pour deux adultes, l'étroitesse des fenêtres arrière a tôt fait de rendre claustrophobe.
Ne boudons pas notre plaisir, tant l'habitacle est soigné.

La seule automobile vendue en Europe à être équipée d'un moteur rotatif

Les matériaux sont d'excellente facture, et les designers ont pris soin de rappeler à peu près partout la forme triangulaire du rotor qui anime le moteur. Car, et c'est la deuxième originalité de la RX8, elle est la seule automobile vendue en Europe à être équipée d'un moteur rotatif. Une solution technique apparue dans les années soixante, à laquelle se sont essayés Audi et Citroën, mais qui reste l'apanage de Mazda depuis 1967.
Comment fonctionne-t-il ? Sans se perdre dans les détails techniques, à la différence d'un moteur classique dont les pistons font un va-et-vient continuel de haut en bas dans les cylindres, un moteur rotatif est animé par un rotor (deux, en l'occurence) qui tourne en permanence dans le même sens.
Sur le papier, cette solution est éminemment satisfaisante, car il n'y a aucune perte d'énergie dans son cycle de fonctionnement. Mais en pratique, le rotor est un moteur assez glouton, et son étanchéité est difficile à obtenir.
D'où son abandon par la totalité des constructeurs... à part Mazda, qui s'offrit en 1991 le luxe d'emmener une voiture ainsi équipée à la victoire des Vingt-quatre Heures du Mans !

Des sièges-baquets habillés façon "coque"

La forme du rotor, donc, est présente au cœur des appuie-têtes, sur le levier de vitesse ou au milieu du tableau de bord. Un reproche à ce sujet, le plastique brillant noir habillant la console centrale et la chaîne hi-fi, et que l'on retrouve au niveau du réglage des rétroviseurs sur les portes, est indigne du reste de l'auto... Sinon, on frôle le sans-faute.
Les sièges-baquets avant, réglables électriquement en tous sens et revêtus d'un très joli cuir, permettent d'ajuster une excellente position de conduite. On appréciera, au passage, l'habillage de leur envers façon "coque", très flatteur à l'œil. Toutes les commandes tombent sous la main de manière naturelle, à l'image du court levier commandant la boîte 6 vitesses.
Le système audio Bose avec chargeur 6 CD est aussi facile à utiliser qu'agréable à écouter. Nous serons moins laudatifs sur le GPS, aux indications parfois fantaisistes.

Il est facile - et très tentant - d'attaquer à son volant

Mais c'est au volant que l'on juge une telle auto. Très discret au démarrage, le moteur émet un bruit peu habituel, rotor oblige. A bas régime, il sonne comme une petite cylindrée. Il faut accélérer franchement pour le faire rugir, ce qu'il fait sans rechigner jusqu'au régime élevé de 9.000 tr/min (vitesse maxi annoncée : 235 km/h pour la version 231 ch essayée). Pour assurer de bonnes reprises et s'offrir des sensations de pilotage, la RX8 demande à être cravachée. Mais elle sait se faire très douce, notamment en ville ou dans les encombrements.
La tenue de route est équilibrée, il est facile - et très tentant - d'attaquer à son volant. Sauf sur chaussée dégradée, où le confort montre ses limites. Reste la consommation, un chouïa trop élevée (environ 13 l aux 100 km en moyenne à rythme normal, mais beaucoup plus en conduite sportive). Le réservoir de 61 l avoue donc rapidement ses limites, et demandera à être abreuvé tous les 350 km.

A 33.500 euros en version "Performance" tout équipée, la Mazda RX8 n'a quasiment aucune concurrente... à part une autre nippone, la Nissan 350 Z !




Cet article est paru dans Demeures & Châteaux
www.demeuresetchateaux.fr
Juin 2005
Par Laurent CAILLAUD