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Magritte, la trahison des images

L’exposition « Magritte. La trahison des images » propose une approche monographique à ce jour inédite de l’œuvre de l’artiste belge René Magritte. Rassemblant une centaine de tableaux, de dessins, et des documents d’archives, l’exposition offre une lecture renouvelée de l’une des figures magistrales de l’art moderne et explore un intérêt du peintre pour la philosophie, qui culmine, en 1973, avec "Ceci n’est pas une pipe" que publie Michel Foucault, fruit de ses échanges avec l’artiste.
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Les mots et les images

C’est avec les poètes qui constituent l’essentiel des rangs du surréalisme que Magritte engage son premier combat pour la revendication de la dignité intellectuelle de son art. Il prend la forme d’un tableau « La trahison des images » qui répond à la définition de la poésie, donnée quelques mois plus tôt par André breton et Paul Eluard : « la poésie est une pipe ». Une histoire conflictuelle des mots et des images qui s’enracine dans l’épisode biblique qui voit Moïse fracasser les tables de la Loi devant son peuple en proie à l’idolâtrie des images.

L'invention de la peinture

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C’est encore aux ombres que renvoie le récit de l’invention de la peinture par Pline L’Ancien dans son Histoire naturelle. De ce texte fondateur, Magritte retient trois éléments constitutifs de son vocabulaire : la bougie, l’ombre, la silhouette. Originellement « empreinte » du désir amoureux, la peinture devient l’objet d’une interrogation sur la capacité de l’art à restituer le réel.

Allégorie de la caverne

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Aucun texte n’a autant contribué au discrédit philosophique des images, que l’allégorie de la caverne de Platon. Le philosophe y met en scène des prisonniers que leur confinement à l’intérieur d’une grotte trompe sur la réalité du monde. À plusieurs reprises, Magritte a explicitement illustré la fable platonicienne, isolant et recomposant les éléments qui la constituent : feu, perception depuis des espaces clos, grottes, chambres ou maisons…

Rideaux et trompe-l’œil

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Pline l’Ancien a fait des rideaux peints, le motif illustrant le plus parfaitement l’illusionnisme pictural. Vermeer et Rembrandt ont eux aussi usé de ce stratagème, exprimant leur distance ironique à l’égard de leur virtuosité réaliste. Magritte, le plus réaliste peut-être des peintres modernes, a également fait des rideaux l’attribut récurent de son art : « je pouvais voir le monde comme s’il était un rideau placé devant mes yeux ».

La beauté composite

« Il ne crut pas pouvoir découvrir en un modèle unique tout son idéal de la beauté parfaite, parce qu’en aucun individu la nature n’a réalisé la perfection absolue. » relate Cicéron. Magritte n’aura cessé de réinterpréter cette loi classique d’une beauté fragmentaire, de digresser picturalement à partir des lois harmoniques de la beauté classique, qui devient, sous son pinceau, une Folie des grandeurs. « Beau comme la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection » écrit Lautréamont dans les Chants de Maldoror.

Allons-y !

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Hélène Feltin
Septembre 2016
Par La rédaction
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris
https://www.centrepompidou.fr/
Du 21 septembre 2016 au 23 janvier 2017