L'Âge d'or de la peinture anglaise
De Reynolds à Turner, les chefs-d'oeuvre de la Tate Britain sont exposés jusqu'au 16 février prochain, au musée du Luxembourg à Paris. À voir absolument !
Teaser
L'âge d'or de la Peinture Anglaise
Les années 1760, au début du règne de George III, ont marqué un tournant pour l’art britannique, avec l’ascension triomphante de Joshua Reynolds (1723-1792) et de Thomas Gainsborough (1727- 1788), ainsi que la fondation de la Royal Academy of Arts dont Reynolds fut le premier président. Reconnus comme les maîtres du portrait, Reynolds et Gainsborough ont rivalisé pour élever le genre à des niveaux d’innovation visuelle et intellectuelle inédits. Ils ont su faire honneur aux grands maîtres, tout en faisant preuve d’une grande acuité psychologique et d’une maîtrise de la peinture sans cesse réinventée.
Thomas Gainsborough - Gainsborough Dupont - vers 1770-1775 - Huile sur toile - Tate : légué par Lady d’Abernon en 1954 © Tate, London, 2019
Joshua Reynolds - L’Honorable Miss Monckton - 1777-1778 - Huile sur toile - Tate : légué par Sir Edward Stern en 1933 © Tate, London, 2019
L’exposition L’Âge d’or de la peinture anglaise s’ouvre par la confrontation des deux peintres, à travers des portraits en pied et des études intimistes, à la ressemblance frappante, de notables, de membres de la famille royale ou de personnalités. Les ambitions intellectuelles et références historiques de Reynolds contrastent alors avec l’instantanéité et l’aisance picturale de Gainsborough. À eux deux, ils ont redéfini l’art britannique et ont hissé la nouvelle génération vers de nouveaux sommets. Leur influence durable est ensuite explorée à travers une sélection de portraits majeurs réalisés par leurs concurrents directs ou par leurs disciples, attirés pour la plupart par la nouvelle Royal Academy, notamment John Hoppner, William Beechey et Thomas Lawrence. Soutenue par le roi, mais aussi et surtout par les acteurs du commerce et de l’industrie, la peinture britannique s’épanouissait dans une diversité de styles, qui fut alors perçue par les contemporains comme le signe d’un âge d’or artistique.
Vue de l'exposition © Musée du Luxembourg
Joshua Reynolds - Le Colonel Acland and Lord Sydney : Les Archers - 1769 -Huile sur toile - 236 × 180 cm -Tate : acheté en 2005 grâce au soutien du National Heritage Memorial Fund, des membres de la Tate, de l’Art Fund (avec la contribution de la Wolfson Foundation) et d’autres donateurs © Tate, London, 2019
George Stubbs - Un Hunter gris avec un palefrenier et un lévrier à Creswell Crags
vers 1762-1764 - Huile sur toile - Tate : acheté en 1895 © Tate, London, 2019
vers 1762-1764 - Huile sur toile - Tate : acheté en 1895 © Tate, London, 2019
Sont ensuite abordés des thèmes alors en vogue comme celui de la lignée, de la famille et du foyer dans les portraits et la peinture de genre. L’époque a vu naître un nouveau regard sur l’enfance, caractérisé par des accents intimes et une apologie de la décontraction. Les représentations de la famille et de l’innocence enfantine illustrent alors une nouvelle compréhension de la nature et de l’émotion. La section suivante développe ce thème en s’intéressant aux peintures représentant le quotidien, en particulier la vie rurale. D’importants travaux de Gainsborough (dans son rôle préféré de peintre paysagiste), de George Stubbs et de George Morland montrent la nouvelle attention portée au pittoresque, alors que l’extraordinaire portrait de Reynolds, The Archers (Les Archers), met le concept de nature sauvage au service d’une nouvelle image héroïque de la classe dirigeante britannique.
Joseph Mallord William Turner - Chamonix et le Mont Blanc, depuis les versants de Montenvers - vers 1802 - Mine de plomb, aquarelle et gouache sur papier - Tate : parvenu dans les collections nationales avec le legs Turner en 1856 - © Tate, London, 2019
Une section plus resserrée illustre ensuite la présence de la Grande-Bretagne en Inde et dans les Antilles, rappelant que le progrès artistique et culturel du pays était, essentiellement, fondé sur l’exploitation politique et commerciale de territoires outre-mer. Une sélection d’œuvres sur papier montre parallèlement l’essor formidable en Angleterre d’une autre forme d’expression picturale : l’aquarelle, qui permet à de nombreux d’artistes de se faire remarquer, tout en répondant au besoin d’une nouvelle société d’amateurs.
John Martin - La Destruction de Pompéi et d’Herculanum - 1822 - Huile sur toile - Tate : Acheté en 1869 © Tate, London, 2019
Joseph Mallord William Turner - La Destruction de Sodome - Probablement exposé dans la galerie personnelle de Turner en 1805 - Huile sur toile - Tate : parvenu dans les collections nationales avec le legs Turner en 1856 - © Tate, London, 2019
Reynolds, en tant que Président de la Royal Academy, définit de nouvelles ambitions pour l’art britannique, centrées sur la peinture d’histoire, seul genre permettant à un artiste de s’accomplir pleinement, même s’il constatait lui-même que les mécènes étaient rarement enclins à soutenir ce genre si noble. Les portraits, les paysages et les scènes de la vie quotidienne prospéraient en revanche, et la variété même de l’art britannique dans ces domaines semblait relever d’un génie propre au pays, affranchi des règles et des conventions. La peinture d’histoire se développa toutefois en Grande Bretagne et subit au cours de cette période une transformation radicale. La dernière partie de l’exposition montre comment les artistes britanniques ont fait évoluer la figuration narrative pour l’emmener vers le sublime. Les travaux d’Henri Fuseli, de John Martin et de P.J. De Loutherbourg, ainsi que l’oeuvre de J.M.W. Turner, ont ouvert la voie à une nouvelle conception de l’art comme support de l’imaginaire.
Octobre 2019
Par Luxe Magazine