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Une analyse détaillée sur les nouvelles technologie au sein du secteur du Luxe

Pour la troisième année consécutive, Bain & Company, cabinet de conseil en stratégie, et le Comité Colbert, regroupant les grandes Maisons du luxe français, se penchent sur les nouvelles technologies au sein de cette industrie. L’édition 2024 de leur rapport, dédiée à l’intelligence artificielle, propose une analyse détaillée de l’état d’avancement et de l’acceptation de ces technologies au sein du secteur, en mettant en lumière les cas d’usage qui façonnent déjà sa transformation.

Une adoption croissante de l’IA à tous les niveaux de la chaîne de valeur

L'étude révèle que l’adoption des solutions d'intelligence artificielle, initiée par l'IA analytique il y a plus de cinq ans, connaît un essor prometteur. À ce jour, les Maisons de luxe ont déjà intégré en moyenne deux cas d’usage parmi les vingt testés dans l’étude. De plus, une accélération notable est attendue dans les 12 à 24 mois à venir, avec chaque Maison testant ou planifiant la mise en œuvre de cinq cas supplémentaires en moyenne.

Les grandes Maisons bénéficient pour l’instant d’une avance dans ce domaine, ayant adopté trois fois plus de cas d’usage que les petites Maisons. Toutefois, cet écart tend à se réduire, puisque les petites structures expérimentent désormais autant d'applications que les plus grandes.

Mathilde Haemmerlé, Associée chez Bain & Company et co-auteur du rapport, souligne que « la prise de conscience du potentiel de l’IA est réelle au sein des Maisons de luxe. L’arrivée de l’IA générative, plus accessible et moins coûteuse que l’IA analytique, pourrait permettre aux petites Maisons de rattraper une partie de leur retard sur les grandes ».

Quatre principaux domaines d’application de l’IA, à des stades de maturité différents

Efficience opérationnelle : C’est dans ce domaine que l'IA analytique a réalisé les avancées les plus significatives, notamment pour l'optimisation des prévisions de ventes (adoptée par 26 % des Maisons, avec 34 % en phase de test) ou la gestion des stocks (23 % d'adoption, 27 % en test).

Relation client renforcée : L'IA générative ouvre des perspectives nouvelles pour affiner la personnalisation des interactions clients, en complément des outils de gestion de la relation client (22 % d'adoption, 24 % en phase de test).

Renforcement des collaborateurs : Bien que peu répandue pour l’instant (4 % d’adoption, 49 % en phase de test), la gestion des connaissances à travers l’IA pourrait se généraliser, permettant ainsi aux employés de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée et de préserver le savoir-faire de la Maison.

Enrichissement du processus créatif : C’est le domaine le plus controversé, où l’utilisation de l’IA générative soulève des débats quant à sa légitimité. 72 % des participants expriment une opposition à l'intégration de ces outils dans la création, de peur de dénaturer l’essence du luxe. Toutefois, certaines Maisons explorent déjà l’utilisation de l’IA pour des usages spécifiques, tels que l'inspiration ou l’accélération de la visualisation des prototypes.

Des perspectives prometteuses, à concilier avec l’authenticité du luxe

Pour Bénédicte Épinay, Déléguée générale du Comité Colbert, « l’alliance entre tradition et innovation, raffinement et technologie, ouvre la voie à des possibilités fascinantes où l’excellence artisanale rencontre les avancées numériques, menant à une révolution discrète ».

Joëlle de Montgolfier, Directrice mondiale des études et de la recherche chez Bain & Company, conclut : « Si les Maisons de luxe choisissent de faire de l’intelligence artificielle une priorité stratégique, elles devront veiller à moderniser leurs infrastructures technologiques, enrichir leurs compétences en gestion de données et accompagner leurs équipes dans l'appropriation de ces outils pour garantir une création de valeur durable. »