Navarre : Un outsider aux dents longues
Premiers effets
On apprécie tout d'abord la belle cape colorado peu nervurée et le corps souple mais ferme : la fabrication ne prête pas flanc à la critique. La dégustation s'ouvre sur des notes boisées, sous-bois humide et fougère, rapidement complétées de saveurs chocolatées, tandis que la puissance s'installe rapidement à un niveau suffisant sans être excessif. Pour fixer les idées, disons que nous sommes plus proches du Punch Punch que du D4, pour utiliser des références connues de tout le monde. Une nette pointe de terre sèche apparaît avant la fin du premier tiers, et va marquer la suite de la dégustation. Le deuxième tiers est plus satisfaisant encore, apportant une évolution sur le boisé, puis sur les épices, poivre vert en tête. Se développant de façon très linéaire depuis les premiers instants, la puissance a alors atteint un niveau assez élevé, plus conforme à ce dont ont l'habitude les inconditionnels de Cuba, que ce à quoi les amateurs de cigares des pays tiers sont accoutumés.
La suite
Les notes chocolatées apparues peu après le démarrage sont à présent bien installées, et adoucissent un peu l'ensemble. Et l'on est agréablement surpris de constater que l'évolution se poursuit jusque dans le troisième tiers, qui révèle des notes de terre sèche et de tourbe, agrémentées d'une légère pointe pimentée. Au bout du compte, le Navarre s'avère être d'emblée un excellent cigare, capable de tenir son rang sans complexe face aux références installées. On ne le comparera pas aux ténors du module, mais il affrontera facilement les Epicure 2 et autres San Luis Rey Regios, par exemple. Son prix, situé entre les représentants des pays tiers et les Cubains, est finalement assez représentatif de son positionnement.
Par Yves Denis
Photos David Nakache
Cet article est paru
dans Vins et Cigares n°2