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Chrysler 300 C Touring, la tentatrice

Version break de la 300 C, la Touring affiche sa sculpturale attitude et clame haut et fort sa singularité. Si le loup de Tex Avery avait réussi à séduire le Petit Chaperon Rouge, et qu'il eût pu avec elle fonder une famille, nul doute qu'il aurait choisi de transporter leur - improbable - marmaille en Chrysler 300 C Touring... Car en ces temps d'uniformité et de conformisme esthétique, la 300 C marque une belle tentative de rébellion de la part du plus iconoclaste des constructeurs américains. Après la PT Cruiser, qui semblait issue d'un film hollywoodien des années cinquante, la 300 C renvoie directement... à l'univers du dessin animé ! Avec son capot démesuré, ses fenêtres étroites comme des meurtrières, sa calandre prétentieuse et son profil tracé au fil à plomb, elle ne fera certes pas l'unanimité. Mais avouez qu'elle paraît diablement tentante... Dans le centre-ville de Vienne, où nous nous sommes égarés malgré le GPS, le break Touring a fait tourner les têtes. Les Autrichiens sont comme nous : ils se demandent s'ils aiment où s'ils détestent ce bébé de 4 999 (!) mm de long, croisement de char d'assaut, de corbillard et de manifeste art déco. Mais se poser la question, c'est déjà y répondre.
Attelage glamour

La 300 C est une sacrée automobile, en version break ou en berline. Thomas Hausch, directeur marketing du groupe Chrysler, ne cache pas sa fierté. "Déjà vendue à plus de 200 000 exemplaires, la 300 C est un des nouveaux modèles les plus primés dans l'histoire de l'industrie automobile !". Les designers américains se sont fait plaisir sur cette hase allemande. Car la Chrysler partage ses organes mécaniques avec sa cousine Mercedes Classe E. Dont un excellent V6 3,0 1 CRD de 218 ch, équipé d'un filtre à particules et accouplé à une irréprochable boîte automatique à 5 rapports. Cette version, qui vient s'ajouter aux deux V6 et au V8 essence, devrait attirer plus de 80 % des acheteurs. Avec son couple de 510 Nm à 1 600 tr/min, elle ne donne jamais l'impression de forcer, même à des allures hautement répréhensibles (227 km/h maxi, 0 à 100 en 7,9 s), tout en se cantonnant aux 9 litres de gazole tous les 100 km. Ceci n'en fait pas une sportive, mais pour transporter bagages et vélos d'enfants, l'attelage est autrement plus glamour qu'un monospace. Avec ses 630 l, le coffre s'apparente à une soute. Et la présentation de l'habitacle, si elle reste loin des standards teutons en termes de qualité, fait la part belle au design et à la joie de vivre. Mention spéciale aux compteurs rétro-éclairés de bleu, et à la planche de bord à l'ergonomie sans faille. Ajoutez deux fauteuils club aux places avant, et vous aurez une invitation au voyage qui ne fait pas dans la grisaille.


Qui fait mieux ?

Quant à l'équipement, c'est le jackpot de série : de la climatisation automatique double zone au système audio à 6 haut-parleurs et ampli de 276 watts, en passant par la sellerie cuir, l'assistance au freinage d'urgence, l'anti-patinage et l'ESP, rien ne manque pour s'assurer des milliers de kilomètres aussi jouissifs que sereins à son volant. Alors, zéro défaut, la 300 C ? Non, ce serait trop facile. Commençons par l'absence de visibilité vers l'arrière, que même le système d'aide au stationnement ne parvient pas à atténuer. Un petit mot, aussi, sur la vulnérabilité de la carrosserie, qui saignera au premier coup de chariot dans un parking de supermarché. Nous pesterons, encore, sur la pauvreté des plastiques intérieurs. Mais bon, un break V6 diesel pour 41 600 €, personne, en face, ne fait mieux. Non, le seul vrai handicap de cette 300 C Touring est justement ce qui fait sa force : une ligne unique, par conséquent un brin m'as-tu-vu. Oserez-vous l'acheter ?




                                                                                                      Cet article est paru dans
                                                                                                 Demeures & Châteaux n°160 

                                                                                                          
Juillet 2006
Outre le break, la 300 C existe en berline, au dessin un chouïa plus sage. Principale différence, son coffre rentre dans le rang, avec une contenance de 504 I, équivalente à celle de ses concurrentes. Question moteur, en plus du 3,0 I diesel, Chrysler nous propose un timide V6 de 2,7 I pour 193 ch, un plus convaincant 3,5 I de 249 ch, et un superbe V8 5,7 Hemi de 340 ch, qui s'offre quatre roues motrices en version break. Ceci en attendant une diabolique version SRT 8 de 6,1 I et 425 ch, qui devrait faire parler la gomme dès cet été.