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Célestina Agostino marie votre paraître à votre être

Parce qu'elle ne trouvait pas sa robe de mariée idéale, Célestina la dessina et son avenir bascula. De directrice commerciale chez Hachette, elle devient styliste et artisan. Un parcours atypique mais rayonnant au royaume féerique des toilettes nuptiales haut de gamme.





Femme-orchestre


La brune Célestina à la peau mate et aux yeux noirs, de par ses origines calabraises, est une femme pressée. Toujours entre deux rendez-vous, deux essayages, deux taxis, toujours entre son atelier et le Bon Marché qui abrite ses salons cosy et feutrés, conçus par Olivier Lempereur. L'unique créatrice de robes de mariée admise rive gauche dans le célèbre grand magasin, parle vite, avec volubilité et précision. Habillée sobrement mais avec élégance et un zeste de fantaisie, elle a l'œil à tout. De la cliente qui arrive pour un essayage, au marié qui n'a pas trouvé le petit nœud qui s'accordera à la robe de sa fiancée. Elle dispense un mot à chacun, trouvant rapidement des solutions au problème du moment, tout cela, entre deux éclats de rire. "J'ai un métier saisonnier, il ne faut rien rater", surtout pas le nouvel essor qu'elle aimerait donner à son entreprise créée en 1993. Aujourd'hui elle souhaite diffuser ardemment ses modèles en version couture, tout en gardant, bien sûr la haute couture qui a fait sa réputation.


Des origines modestes

Le luxe, la vie facile ne fait pas partie de l'univers d'enfance de Célestina dans le Pas de Calais. Elle grandit dans un milieu modeste où sa mère couturière de métier, réalise ses vêtements. "Je détestais ça. Ma mère ne m'a jamais acheté d'habits". Malgré ou à cause de cela, elle ressent un véritable amour pour les vêtements. A 15 ans, ses parents lui offrent sa première veste, "je l'ai encore et je la garderai toute ma vie". Pour s'échapper peut-être d'un univers peu glamour, elle se tourne vers la musique et se jette à cœur perdu dans la pratique de l'accordéon qui la mènera jusqu'à devenir championne du monde à 14 ans.
Elle entre chez Hachette à l'occasion d'un job d'été destiné à financer ses études et y reste. L'autodidacte se forme dans la maison d'édition, grimpe les échelons et devient à 23 ans la plus jeune directrice commerciale du groupe. A 30 ans, la jeune femme ressent la nécessité de réfléchir à sa vie dont la carrière professionnelle a débuté très tôt et est allée tambour battant.


Retour à la couture

"J'aime tellement les habits". Son amour "des parures" lui impose la prochaine étape dans sa nouvelle voie : apprendre à coudre mais pas pour elle. Simplement, "pour que les femmes soient jolies". La couture comble ses désirs, elle démissionne et se lance dans un apprentissage de 3 ans auprès de Jacqueline Maurin où elle se formera aux costumes de théâtre. Pour l'artiste qu'elle est et la musicienne qu'elle reste "coudre et jouer, nécessite le même doigté, la même gymnastique". Son parcours singulier lui confère aussi un œil neuf, une autre façon de voir la mode ou la couture, une autre approche, une expérience différente.


La psy du paraître pour mieux être

Célestina ne voit pas dans la mode, de la futilité mais un phénomène social digne d'intérêt. "Un peuple avec son costume porte une histoire intellectuelle. Son envie de coudre professionnellement "pour l'autre", est supportée par sa conviction qu'une femme "psychologiquement peut se décaler du mental avec un autre paraître". La créatrice veut aider les femmes dans leur paraître et par là même dans leur être. Son vœu : leur permettre d'être ce qu'elles sont en les habillant au plus près de leur personnalité, même cachée. "Le vêtement doit être une communion avec soi".
Alors que les ambitions professionnelles se précisent, Célestina se fiance et se met à chercher sa robe de mariée idéale... qu'elle ne trouve pas. Qu'à cela ne tienne, elle la dessine et la fait réaliser. Cette quête est définitive pour son avenir. Elle dessinera des robes de mariée, le costume qui concentre tous les paramètres du vêtement idéal. "La robe de mariée est le vêtement le plus intelligent de sa vie", aime-t-elle à souligner.


Naissance d'une griffe

Qui dit robe de mariée, pense à "l'artistique, la psychologie, le bonheur". Pour toutes les femmes, cette toilette de fête, cette robe d'un jour représente le fait "d'être une seule fois dans sa vie à l'état 100 de sa beauté". Il y a dans ce costume une valeur émotionnelle et intellectuelle. Le blanc incarnait jadis la virginité. Elle l'incarne toujours dans l'envie de renaissance, de nouveau départ. "Quel que soit l'âge, souvent les femmes ont envie d'une robe blanche, ne serait-ce que pour la soirée". La griffe Célestina Agostino naît en 1993 avec l'objectif de rendre les femmes plus proches d'elle-même le jour J.
Pour fabriquer la tenue idéale, Célestina reçoit les mariées et leur famille pour parler, discuter de tout, pour pouvoir cerner le caractère, la personnalité, l'environnement, les désirs de la fiancée et des autres... "J'aime que la robe plaise à tout le monde". L'excellence de ses prestations fait sa réputation. Les modèles sont, comme en Haute Couture, montés, coupés, cousus. Mais sa capacité d'accueil et d'écoute se raconte aussi de bouche à oreille. "Les mariées reviennent nous voir, les gens nous trouvent gentilles, sympas, chaleureuses", confirme sa directrice de boutique que la styliste a engagé au coup de cœur alors qu'elle "cherchait son double". Les deux femmes ont d'ailleurs le même parcours atypique. "J'étais dans les relations publiques, je cherchais à changer de voie. On s'est rencontrées par hasard, on a eu un véritable coup de foudre". Célestina aime les relations franches et directes et juger sur pièces, la directrice s'est formée pendant 4 mois et puis a intégré l'équipe. La chef d'entreprise aime les gens spontanés et cherche des gens comme elle qui "ont de l'énergie et une certaine authenticité". Conformément à ses origines méditerranéennes, la "haute couturière" est assez vive et peut s'emporter mais "on parle avec elle et c'est réglé".


La prochaine étape : l'export

Treize ans après le début de l'entreprise, Célestina est toujours aussi passionnée par le vêtement "et même de plus en plus". Créativement "je me suis dépassée, je suis un chef d'orchestre par rapport à la personnalité, je dirige la création". Elle ne dirige pas que cela. Pour faire connaître et croître son entreprise, elle s'est aussi, un temps, transformée en "public-relation". Elle se rendait personnellement à tous les mariages, pour parler, expliquer, faire connaître, sa griffe. A la robe de mariée, elle a ajouté, le trousseau d'antan, histoire de bien démarrer sa relation à deux ou sa vie de famille dans le luxe et l'élégance. Une ligne de linge de maison, faits de tissus précieux, "qu'on garde toute sa vie".
En ce moment elle met en pointillé son rôle de créatrice pour s'occuper presque à plein temps de son rôle d'entrepreneur. "Je suis artisan-artisan". Elle veut donner plus d'ampleur à ses créations, pouvoir l'offrir à un plus grand nombre "comme un peintre offre des lithographies à ceux qui ne peuvent acquérir une toile originale". La demande est importante mais elle ne peut offrir ses modèles Haute Couture à moins d'un certain prix. Elle souhaite aujourd'hui diffuser son art. "J'ai créé l'âme de ma maison, maintenant je voudrais que quelqu'un me la développe". La marque est courtisée mais pas par celui qu'elle aimerait. Elle veut "quelqu'un du métier qui comprenne ma sensibilité pour le vêtement". Pas qu'un financier, donc, mais plutôt quelqu'un qui lui ressemble. On sent bien qu'avec toute la conviction et l'énergie qu'elle déploie, elle arrivera à son but et à ses exigences.


Est-ce son prénom qui a guidé Célestina vers la blancheur virginale du vêtement de noces, ou sa mère couturière et sa grand-mère brodeuse ? Son père peut-être. Au cours de la conversation, Célestina s'interrompt, surprise par cette pensée qui surgit à son esprit : "mon père était mineur. Moi je travaille le blanc, lui le noir. C'est drôle dans ma vie qu'il y ait ces deux extrêmes". Elle en oublie presque son prénom prédestiné. Dans le royaume céleste, les anges sont sûrement vêtus de blanc, non ? S'ils sont habillés bien sûr...
Juin 2006
Par Véronique GUICHARD
Célestina Agostino Paris à la Boutique Mariage du Bon Marché
24 rue de Sèvres 75007 Paris
Tél. : 01 44 39 80 00 poste 62-20 
info@celestinaagostino.com

Robe de 7000 à 30 000€. Cortège sur mesure jusqu'à 10 ans.