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Chronique d'un succès annoncé

Lancé pourvu d'une spectaculaire motorisation diesel V10, puis équipé d'un V6 essence et d'un 5 cylindres diesel, le Volkswagen Touareg est désormais également disponible doté d'un V6 diesel et d'un V8 essence. Indiscutablement les deux versions les plus homogènes de la gamme. Prises en mains.
Pas question évidemment, sur un créneau dieselisé à plus de 90%, de ne pas disposer de versions idoines lorsque l'on prétend s'adjuger une part de marché significative. Lancé avec tambours et trompettes motorisé par le plus gros et le plus puissant diesel du monde, le 4x4 Volkswagen a par la suite été pourvu d'un groupe autrement plus économique, mais nettement plus anémique aussi. Il manquait au modèle un moteur à mazout à la fois performant et accessible, c'est fait avec le V6 3.0 litres 225 ch pioché dans l'excellente banque d'organes Audi-Volkswagen. Ainsi doté, l'engin peut revendiquer les performances et le confort sonore que recherche le client capable d'investir 50 000 euros dans sa voiture, qu'il s'agisse d'une berline ou d'un 4x4 de luxe.


Home sweet home

L'habitacle reste inchangé par rapport aux versions précédentes : espace largement compté (vu l'encombrement extérieur, le contraire serait un comble), qualité perçue irréprochable, digne d'une berline de luxe, équipement complet et finitions cuir-bois-alu classieuses ; on se sent immédiatement bien à bord du Touareg. Les esthètes apprécieront tout particulièrement les compteurs ronds cerclés de chrome, l'excellente lisibilité générale, l'éclairage de nuit très convaincant... Quelques petits détails pourraient certes être améliorés - quand on cherche, on trouve toujours... Ainsi par exemple le double support à canettes, installé au centre de la luxueuse console de bois vernis, qui reste désespérément visible quoi qu'il arrive, même en avançant au maximum l'accoudoir central coulissant.
Une trappe comparable à celle du cendrier serait vraiment bienvenue. Plus contrariant : le menu de l'ensemble autoradio/navigation/télévision, qui n'a rien d'intuitif et se révèle même pénible pour rechercher une nouvelle station FM. Un écran tactile ne serait pas de trop. A côté de quoi il convient de souligner la qualité sonore de l'installation. Nettement plus énervant : les palettes (optionnelles, heureusement !) de commandes manuelles de la boîte auto séquentielle. Leur emplacement derrière le volant fait qu'à chaque fois, et on dit bien à chaque fois, que l'on veut utiliser les clignotants ou les essuie-glaces, ce sont elles que l'on manipule ! Un cauchemar, ces palettes, et une option à oublier ! Inutile de dire qu'à bord de ce vaisseau de grand gabarit, l'espace ne manque pas, et que cinq passagers peuvent y envisager sereinement un long parcours. Le coffre, qui annonce 555 dm3, est lui aussi particulièrement généreux, mais on ne peut que regretter que Volkswagen n'ait pas jugé bon de monter une plage rigide, infiniment plus classieuse et assurant une meilleure insonorisation que celle du vulgaire taud monté ici. Il est vrai que seul le Range Rover offre cet agrément, que les X5, ML, Cayenne et autres XC90 ignorent joyeusement, dommage.


Superbe insonorisation

Au-delà des performances, puissance, couple et consommation, souvent satisfaisantes aujourd'hui à partir d'un certain niveau, les qualités d'insonorisation font la différence entre un 4x4 et un autre. Et de ce point de vue, le Touareg V6 Tdi est sacrément bien armé. S'il reste clairement identifiable au ralenti (une visite chez l'ORL s'impose pour tous ceux qui ajouteront le désormais habituel "à froid" : sauf pour tous ceux qui se contrefichent de la mécanique, la signature acoustique d'un moteur diesel, qu'il soit à 4, 5, 6, 8 ou 10 cylindres, reste hélas nettement identifiable à l'oreille - à se demander d'ailleurs pourquoi, à l'heure où l'on envoie des sondes spatiales aux confins de l'univers, personne n'est foutu de proposer un diesel véritablement silencieux !), le bruit caractéristique du moteur à mazout devient inaudible à partir de 2000 trs, et ne se rappellera guère à l'attention des passagers qu'en cas de forte accélération. A 50km/h en ville comme à 130 sur autoroute (et même 160 ou 170 sur certaines autoroutes étrangères...), le moteur déborde de bonne volonté et délivre couple et puissance dans un silence remarquable. Excellent, et c'est un dieselophobe qui parle.


Et le manant devint prince...

Avec le V8 essence, on change d'univers. Voilà quelques années déjà que VW a démontré sa volonté de s'éloigner de la voiture du peuple originelle pour se rapprocher de celle des élites, et ce Touareg V8 s'inscrit dans cette perspective. Emprunté à l'Audi A8, le 4.2 litres lui confère une vraie noblesse, mise en valeur par le silence de fonctionnement le plus poussé de la planète 4x4. Remarquable. Avec 310 ch et 41 Nm de couple maxi, reprises et performances sont du meilleur niveau, des performances qui se payent hélas au prix fort côté consommation : même avec le pied léger, on ne tablera guère sur moins de 17 li-tres sur autoroute, et 20 litres en ville... L'environnement intérieur est le même que celui des autres versions, à la notable différence des options cuir étendu et ciel de pavillon en alcantara, dont était pourvue notre voiture d'essai. Vraiment fabuleux, ce cuir étendu : tableau de bord, contre-portes, console ; du cuir, partout du cuir. L'impression de luxe est exceptionnelle. Autant que le tarif de l'option, fixé à 6 755 euros !
Lorsque l'on paye une voiture plus de 70 000 euros, ce genre d'attention pourrait faire partie de la dotation de base.
Cette réserve posée, tant en version raison V6 Tdi, qu'en version passion V8 essence, le Touareg représente bien l'archétype du SUV à la sauce yuppies : un 4x4 performant, confortable et statutaire. Toutes qualités auxquelles il ajoute, se différenciant en cela de ses
concurrents directs, d'authentiques prédispositions à un usage véritablement tout terrain.



Yves Denis 




                                                                                                    
                                                                                          Cet article est paru dans DANDY n°12
Juillet 2006
Volkswagen Touareg : en deux mots 

Moteur                               V6 Tdi                              V8
Cylindrée                           3.0 litres                         4.2 litres
Puiss. maxi                        225 ch / 4000 trs            310 ch /6200 trs
Couple maxi                      51 mkg / 1750 trs            41 Nm / 3000 trs

Performances :
Vit. maxi                            201                                  225
0 à 100 km/h                      9,6 sec.                           8,1 sec.

Consommations :
Normalisées                      8,7/10,9 /14,6                 11,1/14,9/20,3
Moyenne essai                  12 l./100 km                    18 l./100 km
Prix :                                  51 470 €                         68 790 e€