Portraits


Didier Peiro : Des bijoux cousus main

Quand Didier Peiro accessoirise une robe, il n'a qu'un credo : choisir le vrai, peaufiner le détail, donner de l'exceptionnel. C'est cela qui a fait sa réputation auprès des couturiers et de ses clientes du monde entier.
D'abord un artisan avant d'être un artiste

Didier n'affiche pas un parcours classique de designer ou de joaillier. Fils d'un compagnon menuisier, il suit des études d'ébénisterie, par mimétisme ou désir de plaire à son père et devient artisan à 18 ans. Très vite, il sait qu'il ne sera pas heureux dans ce métier. Même si le bois lui parle, si le façonnage lui plait, il lui manque ce qui constitue l'essence même de l'art : la création.
Une deuxième évidence lui apparaît : "ma vie ne sera pas en France." Il a envie de voyages, de découvertes, d'ailleurs. Alors au lieu d'entamer son tour de France, comme son père, il passe un cran au-dessus et fait de sa vie un tour du monde. Rien ne lui plait davantage que les rencontres.
Première étape : Bangui en Centre Afrique où un copain est coopérant. Parti pour trois semaines, il s'y installe six mois, vit de petits boulots, visite les pygmées, en prend "plein la vue"...et rentre en France, malade. Mais le virus est pris, "il fallait que je reparte."


La découverte des pierres

Pour vivre et financer ses voyages, le jeune Didier doit "faire du business". Il rapporte de toutes ces contrées exotiques, des meubles, des objets, des bijoux, qu'il revend en France. Le globe-trotter fait découvrir ainsi des merveilles du Burkhina, du Mali, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie, de l'Afrique du Sud, de la Tanzanie, ...La Réunion, la Birmanie, le Pakistan, la Thaïlande, La Chine...
Puis Madagascar s'impose à lui. Il sent "qu'il y a quelque chose à faire" dans cette contrée pleine de richesses dont il tombe amoureux. Il y reste 8 ans et y découvre les pierres grâce à un français gemmologiste qui l'initie et lui révèle sa vocation. Les gemmes l'amènent aux bijoux. L'artiste qui sommeille en lui va pouvoir s'exprimer, il se lance dans la création de parures.
Un coup d'état plus tard, en 1996, il rentre en France et s'installe à Nantes avec sa femme, originaire de Bretagne et sa fille. Il lance des boutiques, ouvre un atelier en Inde, puis à Malte. Mais comme déjà l'exceptionnel le titille, il prend contact avec des maisons de haute couture pour présenter son travail. Le succès est immédiat.


Cousus main

Elie Saab, Jean-Paul Gaultier, Christian Lacroix, Jun Ashida, couturier de l'impératrice du Japon et dernièrement Eymeric François, apprécient son raffinement, son goût du baroque et son inspiration orientaliste.
Toujours insatiable voyageur, il se rend en Inde, "là où j'ai tout appris sur le bijou" pour rapporter des pierres et "de vrais pendentifs anciens", qu'il fait redorer à l'or fin à Paris. Puis le créateur monte, assemble, en cascade, sur or, argent ou vermeil, péridot, calcédoine, émeraude, rubis, perles de culture, aigue-marine ... . Les pierres sont alors associées aux motifs anciens pour constituer de lourds bracelets, des colliers, ou des bustiers..

Autre orientation, plus "couture" : Didier coud quartz rose et autre améthyste sur des bases de dentelles retravaillées et pailletées ou sur des guipures pendues à des rubans de satin.
Les parures de Didier Peiro, à part une inspiration orientale marquée, se reconnaissent à un métissage des pierres et à un travail d'asymétrie, "car la vie n'est jamais carrée ni tracée au cordeau, n'est-ce pas ?"


Raffinement, excellence

"L'excellence dans le raffinement tient dans la perfection du détail" aime à déclarer le perfectionniste Didier, une profession de foi qu'il scande comme une devise. Cela pourrait se traduire également par "On peut toujours faire mieux." que ce soit pour embellir une robe du soir ou ornementer une parure de mariée.
Une recherche d'absolu qui le caractérise au même titre que la quête d'affection. "Je suis allé vers les couturiers par amour des femmes, pour leur plaire." Une envie d'amour maternel, des femmes, de ses filles, de ses copines qui l'a amené à travailler pour les défilés, "ce qui demande beaucoup de rigueur" ou en studio pour accessoiriser la tenue d'une cliente.


"Créer pour une cliente est de loin ce que je préfère"

La création de pièces uniques, lui permet de donner libre cours à son imaginaire et à toute sa subtilité. "Je dois d'abord savoir qui elle est, pour quel évènement, quelles seront les personnes présentes. J'ai besoin de connaître sa carnation, la couleur de ses yeux...Cela va beaucoup plus loin qu'une création de bijou, c'est presque de la psychanalyse."
Fort de tous ces éléments, Didier ne demande rien, ni acompte, ni desiderata. "Je fais, je crée le bijou. Je ne présente aucun dessin ni croquis. Personne à une exception près, ne lui a refusé une création. "Pour le budget, je l'estime quand je vois la robe. Je sais à quoi mes clientes sont sensibles, à la qualité des pierres par exemple comme l'héritière du trône de Tunisie."


A la poursuite du diamant vert

Passés les défilés de Haute Couture, le voyageur repart vers Malte où il possède un atelier avant de se rendre dans le Golfe où il a des projets de boutique et après la Chine où ses clients organisent pour lui un défilé à Canton en Mars. Puis il retournera en Inde pour dénicher des merveilles. Car ce qui le fait frémir, à part la création et l'amour, mais peut-être que tout cela ne constitue qu'un tout, c'est la pierre. "Quand j'achète des pierres, je pars toujours à la conquête du diamant vert. Les pierres m'apportent des frissons, elles sont envoûtantes, chargées. La pierre n'est pas un matériau inerte. Je la respecte."

Rassurez-vous Didier est souvent à Paris. Ses belles clientes ne supporteraient pas qu'il les oublie même pour le plus scintillant des bouchons de carafe.
Mars 2007
Par Véronique GUICHARD

Didier Peiro Couture :
06 86 40 43 33
Show room sur rendez-vous
55 boulevard Malesherbes
Paris 8e
de 50€ à 15500€
didierpeirocouture@yahoo.fr