La Méditerranée des Phéniciens
L'exposition de l'Institut du Monde Arabe remonte aux sources de notre culture à travers le fabuleux héritage des phéniciens, ancêtres des libanais.
Histoire de la Phénicie
Selon la légende, le continent européen aurait été créé par Europe. Ce mythe abondamment illustré par l'art européen des XVII et XVIII° siècles narrait l'histoire de Didon, princesse phénicienne de Tyr, fondatrice de Carthage en Afrique et de sa sœur, créatrice de l'Europe. Leur frère Cadmos érigea Thèbes. L'histoire conte encore que Cadmos à la recherche d'Europe, avait apporté aux grecs les "phoinikeia grammata", les lettres phéniciennes. Après avoir nourri les écrits du poète latin Virgile, ces mythes enrichirent l'imaginaire européen.
Ce legs spirituel se double en outre d'apports plus techniques. La Phénicie quoique prospère, boisée et fertile souffrait de son exiguïté, entre monts du Liban et mer. Elle se tourna donc vers les flots, retournant sa faiblesse en avantage, fournissant marins et commerçants réputés dans l'ensemble du monde antique. Maints récits des contemporains nous les décrivent. L'Odyssée raconte ainsi qu'ils "apportaient une foule de breloques dans leur vaisseaux noirs".
Des marins hors pair
Très tôt, des XIII° au VIII° siècles avant JC, les Phéniciens perfectionnèrent les techniques de navigation recouvrant la coque desnavires d'un bitume noir assurant outre cette couleur célèbre dans l'antiquité, une parfaite étanchéité à ceux-ci. Ils ouvrirent ainsi de nouvelles routes maritimes élargissant le traditionnel cabotage d'île en île à la navigation en haute mer, s'orientant la nuit à partir de la grande ourse nommée par les grecs "étoile phénicienne".
De petites cités Etats morcelaient leur espace terrestre si bien que les Phéniciens ne se reconnaissaient pas en tant qu'entité mais se disaient Sidoniens, Tyriens... Pour les Grecs en revanche, ils étaient les "phoînix" (pourpre en grec), allusion à leur prospère industrie de la pourpre, luxueux colorant extrait d'un coquillage dont la teinture ornait les vêtements des puissants de l'Antiquité.
Ayant ainsi établi leur suprématie maritime, ils se consacrèrent au commerce, approvisionnant un peuple après l'autre, convoyant des marchandises importées ou leurs propres productions artisanales très réputées : bronzes qui ornaient le temple de Salomon à Jérusalem, verreries, ivoires aux influences égyptiennes. Ces prodigieux marins diffusèrent leur système d'écriture autour de la Méditerranée. Selon Pline, "le peuple Phénicien a l'insigne honneur d'avoir inventé les lettres de l'alphabet".
Des maîtres dans l'art de l'alphabet
De fait, tous les alphabets en usage aujourd'hui découlent de ce système élaboré dès le 1er millénaire avant JC. Pour la première fois un signe correspondait à un son. 22 lettres, uniquement des consonnes remplaçaient les multiples idéogrammes des autres écritures. Un système simple, démocratique et aisé à apprendre expliquant son incroyable postérité. De celui-ci naît au IX° siècle av JC, le système grec qui engendre l'étrusque, façonnant à son tour le latin. De l'alphabet grec naîtront le copte, l'arménien, le géorgien, le cyrillique et les alphabets des Balkans. Du proto phénicien conçu à la fin du 2ème millénaire avant JC dérive l'araméen dont découlent les écritures d'Asie centrale et indiennes. L'araméen engendre le palmyrénien, nabatéen, syriaque, arabe, turc, persan, ourdou et malais ainsi que l'hébreu carré vers 535 av JC.
En nous subsiste un peu de l'antique Phénicie...
Damienne Schilton
Selon la légende, le continent européen aurait été créé par Europe. Ce mythe abondamment illustré par l'art européen des XVII et XVIII° siècles narrait l'histoire de Didon, princesse phénicienne de Tyr, fondatrice de Carthage en Afrique et de sa sœur, créatrice de l'Europe. Leur frère Cadmos érigea Thèbes. L'histoire conte encore que Cadmos à la recherche d'Europe, avait apporté aux grecs les "phoinikeia grammata", les lettres phéniciennes. Après avoir nourri les écrits du poète latin Virgile, ces mythes enrichirent l'imaginaire européen.
Ce legs spirituel se double en outre d'apports plus techniques. La Phénicie quoique prospère, boisée et fertile souffrait de son exiguïté, entre monts du Liban et mer. Elle se tourna donc vers les flots, retournant sa faiblesse en avantage, fournissant marins et commerçants réputés dans l'ensemble du monde antique. Maints récits des contemporains nous les décrivent. L'Odyssée raconte ainsi qu'ils "apportaient une foule de breloques dans leur vaisseaux noirs".
Des marins hors pair
Très tôt, des XIII° au VIII° siècles avant JC, les Phéniciens perfectionnèrent les techniques de navigation recouvrant la coque desnavires d'un bitume noir assurant outre cette couleur célèbre dans l'antiquité, une parfaite étanchéité à ceux-ci. Ils ouvrirent ainsi de nouvelles routes maritimes élargissant le traditionnel cabotage d'île en île à la navigation en haute mer, s'orientant la nuit à partir de la grande ourse nommée par les grecs "étoile phénicienne".
De petites cités Etats morcelaient leur espace terrestre si bien que les Phéniciens ne se reconnaissaient pas en tant qu'entité mais se disaient Sidoniens, Tyriens... Pour les Grecs en revanche, ils étaient les "phoînix" (pourpre en grec), allusion à leur prospère industrie de la pourpre, luxueux colorant extrait d'un coquillage dont la teinture ornait les vêtements des puissants de l'Antiquité.
Ayant ainsi établi leur suprématie maritime, ils se consacrèrent au commerce, approvisionnant un peuple après l'autre, convoyant des marchandises importées ou leurs propres productions artisanales très réputées : bronzes qui ornaient le temple de Salomon à Jérusalem, verreries, ivoires aux influences égyptiennes. Ces prodigieux marins diffusèrent leur système d'écriture autour de la Méditerranée. Selon Pline, "le peuple Phénicien a l'insigne honneur d'avoir inventé les lettres de l'alphabet".
Des maîtres dans l'art de l'alphabet
De fait, tous les alphabets en usage aujourd'hui découlent de ce système élaboré dès le 1er millénaire avant JC. Pour la première fois un signe correspondait à un son. 22 lettres, uniquement des consonnes remplaçaient les multiples idéogrammes des autres écritures. Un système simple, démocratique et aisé à apprendre expliquant son incroyable postérité. De celui-ci naît au IX° siècle av JC, le système grec qui engendre l'étrusque, façonnant à son tour le latin. De l'alphabet grec naîtront le copte, l'arménien, le géorgien, le cyrillique et les alphabets des Balkans. Du proto phénicien conçu à la fin du 2ème millénaire avant JC dérive l'araméen dont découlent les écritures d'Asie centrale et indiennes. L'araméen engendre le palmyrénien, nabatéen, syriaque, arabe, turc, persan, ourdou et malais ainsi que l'hébreu carré vers 535 av JC.
En nous subsiste un peu de l'antique Phénicie...
Damienne Schilton
Décembre 2007