Evasion


Hong Kong : In the mood for shopping

Vous pensez retrouver à Hong-Kong les silhouettes chaloupées et ondulantes des femmes de Wong Kar Wai s'évanouissant dans une volute de fumée ? Détrompez-vous ! Ici, la femme est avant tout une shoppeuse frénétique lancée dans une éternelle quête de l'ultime sac monogrammé et des tout derniers escarpins griffés. Cap sur la cité du paradoxe...


La cité du paradoxe


Des buildings tout juste sortis de terre encombrent le ciel, brandissant leurs néons publicitaires comme autant de couronnes ; les prouesses architecturales condamnent le visiteur au torticolis : bienvenue à Hong-Kong ! Ses gratte-ciels d'avant-garde, son fourmillement permanent, son kaléidoscope de couleurs. Une éternelle ville du futur, dénuée d'exotisme mais où le passé, pourtant, surgit par à-coups. Est-ce dans les jonques qui côtoient les ferries luxueux ? Est-ce dans les étals de nourriture au pied des tours rutilantes ou dans ces tramways d'une autre époque, vagues fantômes des limousines démesurées ? De fait, la mémoire n'est jamais loin. On ne brûle pas 5 000 ans de tradition chinoise sur l'autel du capitalisme. Au contraire ! Ici l'art du feng-shui favorisera une architecture propice à la libre circulation du dollar. Là-bas les temples taoïstes accueilleront les offrandes pour protéger les fidèles contre un éventuel Krach, preuve qu'un dialogue entre le passé et le présent reste somme toute salvateur. Une culture viscérale du paradoxe. Déroutant.




Je "shoppe" donc je suis !

 
Activité favorite de toute Hong-Kongaise normalement constituée, le shopping atteint sur l'île un rythme absolument frénétique. Passion pour les marques aisément reconnaissables, hauts revenus, promotions permanentes ou encore horaires d'ouverture on ne peut plus accommodants expliquent évidemment cette surenchère dans la consommation, mais l'essentiel n'est sans doute pas là. Comme toute société hiérarchisée, Hong-Kong réclame un marqueur social et le luxe agit comme signe distinctif statutaire puissant. Aussi, pour compenser l'exiguïté d'appartements pourtant dispendieux et la rareté des voyages (HK rêve encore aux 5 semaines de congés payés...), l'intégralité du revenu des fahionistas est consacrée sans scrupule à la mode. Sacs à mains griffés, chaussures haut de gamme, marques à tout va, rien n'est trop beau pour la Hong-Kongaise, dût-elle s'endetter en multipliant les crédits si facilement consentis. Un eldorado pour les marques de luxe internationales dont la recrudescence des flagships disproportionnés n'est, sans doute, que la partie émergée de l'iceberg...
Janvier 2010
Par Estelle BURGET