Renoir : Vendanges Tardives
Une Icône
Guillaume Apollinaire lui fait écho et parle du "plus grand peintre vivant » dont les derniers tableaux sont toujours les plus beaux». Le peintre est une « icône » ,saluée aussi bien par ses amis Paul Cézanne et Claude Monet que des jeunes Pablo Picasso, Henri Matisse, qui admirent sa dernière manière
De l’impressionnisme…
Pierre Auguste Renoir, figure emblématique de l’Impressionnisme des années 1870 avait su renouveler un mouvement désormais accepté pour chercher une autre voie, la sienne. Cette dernière manière que certains nommeront « les années fécondes » longtemps méprisées en France.
…aux années fécondes
Dés lors, il redonne toute son importance au dessin. Il est retourné aux sources, se nourrissant de Raphaël, Titien, Rubens, Ingres. Renoir regagne l’atelier dont les impressionnistes s’étaient bruyamment échappés. Mais il le fait subtilement : Pendant des siècles les ateliers étaient orientés au nord, Renoir refuse toujours les ombres grises. Il construit dans son jardin de Cagnes sur Mer, une sorte de serre en verre voilée de bâches qui adoucissent l’ardeur solaire, laissant les couleurs étinceler.
Peintre de l’intime
Il est le « peintre de figures », le peintre de l’intime. Il représente souvent ses 3 fils Pierre, Jean, et Claude.Gabrielle la servante, la nounou, incarnation de la beauté paysanne, devient peu à peu le modèle préféré de Renoir. Elle recompose pour lui les scènes de la vie ordinaire avec un naturel dont les modèles professionnels étaient incapables.
…Et de l’intemporel
Il repousse toute représentation du monde moderne et industriel. Pour lui la peinture doit s’abstraire de la douleur environnante, au profit d’une intemporelle Arcadie. Elle ne doit pas se soumettre non plus au dictat du motif, de la narration historique. Ses œuvres ne réclament aucune clé pour être lues. La peinture doit être décorative, colorée, lumineuse. Un parti-pris qu’il partage avec Henri Matisse. Renoir ne cesse de représenter le corps nu qui préside depuis toujours au sommet de la hiérarchie des genres. Il décline un corps féminin, ample, charnu, au grand scandale des féministes qui militent pour la minceur. « La Source » est emblématique du regard que l’artiste posait sur la femme, expression naturelle de la fécondité, de la nature. Dès 1905, ses nus gagnent en ampleur ce qu’ils perdent en justesse anatomique. Comme chez Ingres, le corps se délie, se fait arabesque en une ligne souple… Il va plus loin encore, amplifiant les formes, soulignant leur côté primitif et archaïque. Des motifs dont se souviendra Picasso dans ses « Grandes Baigneuses ». Renoir, enivré par ses recherches de formes, de couleurs de plus en plus poussées voit dans ses « Les Baigneuses » de 1918-19 « un aboutissement, un tremplin pour des recherches à venir »…Celles de ses disciples.