Le Métropole : un livre d’histoire au cœur d'Hanoï
Le Métropole, un mythe vivant
Construit à l’aube du XXème siècle et plus précisément en 1901, le Métropole est un livre d’histoire qui vous plonge au cœur d’une Indochine romanesque française. L’âme du Métropole, ce sont aussi et surtout ses célèbres personnalités, dont les ombres fantomatiques se glissent toujours dans les recoins de l’hôtel, comme celles de Charlie Chaplin et de sa femme Paulette Goddard qui y passèrent leur voyage de noces. Au club-bar on peut d’ailleurs toujours déguster le cocktail éponyme. Ou celle de Joan Baez, qui durant la guerre du Vietnam y prit ses quartiers, de William Somerset Maugham et notamment parmi les plus fameux, celle de GrahamGreene, qui en 1957, commença à écrire « L’américain à Paris ». Chaque suite porte d’ailleurs un nom de ces personnalités légendaires.
Un symbole de la colonisation française
Miraculeusement épargné par Hô Chi Minh, qui au départ y voyait un symbole de la colonisation française, le Métropole devint le siège de nombreuses représentations diplomatiques. Aujourd’hui, ce bijou colonial du début du siècle, rescapé des tourments de l’histoire, a retrouvé son faste d’antan. Ses façades blanches classiques, ses fenêtres habillées de volutes en fer forgé ou de persiennes vert bouteille, ses intemporels ventilateurs suspendus au plafond, sa menuiserie centenaire et ses céramique pour les luminaires, rappellent son histoire et s’imposent dans la légende d’Hanoi.
Trois restaurants, trois atmosphères
Le soir venu, si une douce langueur vous prend, Le Métropole réinvente avec bonheur la cuisine d’Hanoi au "Spices Garden". Décoration contemporaine, couleurs acidulées et véranda, le Vietnam s’appose par touches, mais se retrouve dans les effluves et la dégustation. Le buffet, couru dans tout Hanoi, explore toutes les facettes des spécialités du Vietnam du nord et du sud.
Une nostalgie de la gastronomie française et c’est au restaurant « Le Baulieu » qu’il faut réserver. Centenaire, sa table est mythique. L’atmosphère indochinoise transpire par touches : sols en marbre et bois, grandes baies sur la rue, ventilateurs, chandeliers diffusant leur lueur la nuit, leur brunch est devenu un incontournable. Il reste enfin le bar à vins Italien « Angelina » devenu le nouveau rendez-vous branché de la ville en rouge et noir.
Sinon, le restaurant « Club de l’Oriental » est une belle alternative. A deux pas de l’hôtel, ambiance néo coloniale assurée, avec un service très agréable, une carte vietnamienne dans un cadre intime et chaleureux.
Mais gardez à l’esprit que l'âme de la cuisine de Hanoi réside dans la façon dont les habitants de la ville aiment manger, et vous trouverez de multiples petits restaurants pas chers où déguster la cuisine vietnamienne.
Les sens de l’âme vietnamienne
Au petit matin, après une bonne douche revigorante, surtout ne pas s’allonger, aller à la rencontre des douceurs de Hanoi. Le plus intelligent reste de prendre un réceptif local qui saura vous piloter et vous emmener dans des lieux mystérieux, inconnus des hordes touristiques, là où l’on capture l’essence et les sens de l’âme vietnamienne, où se tissent les légendes. Jean-Yves et Christian, créateurs de Aca Voyages, font partie de ces habitants qui ont su être captivés par l’histoire de ce pays et comprendre leur culture et leur style de vie. Grâce à eux, notre regard est différent et se porte d’une autre façon sur leurs us et coutumes.
Le style de vie à Hanoi
A la porte du Métropole, c’est toute la fraîcheur et les traditions de Hanoi qui nous happent. Des vietnamiennes coiffées de chapeaux coniques poussent leurs vélos chargé de paniers de fleurs ruisselantes d’eau, plus loin, une paysanne vend ses légumes avec son antique balance à poids, et les cuisines des rues battent leur plein. Dans cette humidité nébuleuse coupée par l’odeur des fameuses soupes « pho », des effluves d’ail ou de poisson grillé chatouillent les narines.
Par contre, ce qui ne manque pas de surprendre, ce sont les rues encombrées comme dans nos métropoles européennes. Essaims de mobylettes chevauchées par une famille entière, bicyclettes chargées de paniers où grognent des cochons encore vivants saucissonnées comme des paquets, klaxons en tout genre, la prudence est de mise.
Dans ce dédale et cette cacophonie, Christian garde son flegme. Il a l’habitude et sourit de notre regard stupéfait.
Les 36 corporations
Il nous explique qu’Hanoi s’est construit avec les habitants des campagnes alentour. Il y a plus de 900 ans, les paysans sont venus assouvir les besoins de la Cour Royale en s’installant aux abords du Palais Royal. Ce sont les quartiers du centre de la ville en bordure du fleuve Rouge, qui abritaient les rues commerçantes. Chacune portant le nom de la marchandise vendue ou fabriquée : rue du sucre, du chanvre, des poulets, de l’étain, de l’inox… C’est le vieux quartier actuel où l’on trouve les « 36 corporations », un lacis et dédale de ruelles qui abritent l’artisanat en tout genre d’Hanoi. Nous allons nous perdre en sa compagnie dans les marchés locaux, hors des circuits touristiques. Les petits stands débordent de marchandises. Fruits et légumes abondent dans les paniers disposés sur les trottoirs. La viande fraîchement découpée, attend preneur. On sent qu’Hanoi est une ville rurale.
Dans l’après-midi, nous allons, avec notre guide Hung, un vietnamien plein d’humour et maîtrisant parfaitement le français, dans les villages artisanaux, situés à la périphérie d’Hanoi, à environ 12 à 15 km, là d’où provient la majeure partie de l’artisanat. Très peu touristiques, ces villages valent le coup d’œil.
Hanoi, une ville des arts
Mais Hanoi c’est aussi la ville des arts et de la peinture. Déambulez dans les quartiers où se trouve le Templede la Littérature. Construit au XIème siècle, l’enseignement est fondé sur Confucius, qui valorise les arts essentiels comme la poésie, la musique, la calligraphie. Ce temple à ciel ouvert semble drapé dans une toge rouge, couleur de ses murs. Sur les stèles reposant sur des tortues de pierre, sont gravés les noms des lettrés ou des lauréats. Symbole de la stabilité, de nombreux étudiants ou visiteurs viennent caresser ces tortues pour qu'elles leur apporter chance et culture.
Des multitudes de temples (Den), de pagodes et de maison communales (Dinh) peuvent être visités ; allez à celui de Ba Da, une jolie pagode datant de 1056, très peu visitée, non loin de l’Eglise Joseph, dans la rue ThaiTo.
Le Palais de Thanh Chuong et ses pagodes au toit rouge et vert, reste également un des hauts lieux d’Art et de culture.
4 jours ne suffiraient pas pour explorer toutes les facettes de cette ville attachante et fascinante à la fois, où le style de vie est resté à la fois traditionnel tout en se faisant bousculer par la jeunesse vietnamienne qui veut s’approprier un mode de vie plus moderne, en conformité avec le XXIème siècle.