Bombay, l’insolente et l’insoumise
Le Taj Mahal, sa deuxième vie !
Dans cette ville foisonnante, vibrant d’une énergie nouvelle, rebaptisée depuis 13 ans de son nom marathi, Mumbai, les façades majestueuses d’un joyau de l’empire des Indes britanniques, le Taj Mahal, éclaboussent le touriste de leur histoire liée à la colonisation britannique et à la ségrégation des indiens qui y vivaient.
Douloureusement atteint par les attentats en 2008, il s’est magistralement relevé, après deux années intensives de reconstruction où il fut fait appel aux meilleurs artisans pour faire revivre la magie d’autrefois et reconstituer à l’identique le Taj Mahal de 1903.
L’ombre de la colonisation …
L’ombre de la colonisation plane toujours sur la vieille cité, l’une des plus fabuleuses de l’Empire. Sur cette île mince et longue de soixante kilomètres, s’accumulent bidonvilles insalubres et peu reluisants, méli mélo de différents styles architecturaux aux bâtiments Art Déco et coloniaux sur Marine Drive.
Partout un trafic frénétique voit une légion de petits taxis noir au look vieillot, enchevêtrés dans une nuée bourdonnante où se mêlent rickshaws, bus Tata, motos, et vélos.
Une ville aux multiples facettes
Composée d’un patchwork de quartiers, dont Colaba, Fort, Churchgate, Chowpatty, Bandra, Marine Drive… cette ville est sortie de l’imaginaire de pseudo-architectes britanniques qui la modelèrent à leur façon, lui apportant un style moghol victorien ou néogothique suranné, qui en fait aujourd’hui tout le charme.
Dans certains de ces quartiers, les vestiges de l’empire britannique sont encore présents, témoignant d’une époque disparue.
Victoria Station, édifice colonial exubérant !
C’est le cas du Fort, ainsi nommé en souvenir des fortifications édifiées autour du port par les anglais, avec ses nombreux bâtiments de l’ère coloniale. Parmi eux, la gare Victoria Station. Un bâtiment néogothique et extravagant conçu par Frédérick Stevens, où arcs-boutants, dômes tourelles, flèches, vitraux, singes, lions paons se mêlent dans le plus grand anachronisme, dévoilant l’aphorisme de l’Inde.
Vos pas vous porteront également devant l’université de Bombay dont la tour est une réplique de celle de Big Ben.
Un édifice néogothique construit par l’architecte Gilbert Scott, créateur de la gare St Pancréas à Londres.
Prendre une demi-journée pour faire un tour de la ville est une nécessité pour s’imprégner de cette cité bourdonnante et cosmopolite.
Taj Mahal, un mythe et une histoire
Cet hôtel, devenu un mythe, et survivant à tous les anachronismes et à la modernité, fut construit en 1903, par un riche homme d’affaires indien, Jamshedii Nusserwanji Tata qui, parce qu’il était indien, se vit refuser l’entrée d’un hôtel. Furieux, il décida d'en construire un qui serait le plus bel établissement du monde, mélange étonnant de style oriental, florentin, mauresque, érigé sur les rives du port, à deux pas de la Porte de l’Inde, un imposant arc de triomphe, inspiré des styles musulmans du Gujarat du XVIème.
Celui-ci fut construit à la gloire des Anglais, et commémora la venue de George V en 1911.
Des façades théâtrales
Prenant racine dans le chic quartier de Colaba, face à la mer d’Oman et au port à l’agitation incessante, cet hôtel étonnant et somptueux, qui mire ses étonnantes façades de granit dans les eaux calmes de la mer d’Oman, est l’œuvre d’un architecte britannique.
Selon la légende, il se serait suicidé, en découvrant sur place la mauvaise interprétation de ses plans.
Hymne à un certain art de vivre
Hymne à un certain art de vivre de l’époque, des légendes se sont tissées et participent au romantisme du lieu.
En pénétrant dans cet hôtel, on revit par procuration cette époque coloniale. Outre ses galeries aux multiples colonnes d’onyx et aux dallages de marbre gris et noir sur le sol, ses plafonds voûtés en albâtre, ses arcades gracieuses, sa Ballroom et ses colonnes corinthiennes dorées et lustres en cristal, ses 6 restaurants, dont un indien et un chinois réputés, sa piscine enchâssée dans un jardin luxuriant, on demeure coi devant son splendide et magistral escalier.
Porté par des balustrades en fer forgé qui s’élèvent jusqu'au 6ème étage, il s’adosse à des murs patinés en bois de rose.
Le point d’orgue : The Indian Gate
Au détour d’un couloir, l’œil découvre avec ravissement moucharabiehs et délicates appliques en verre rythmant les murs. Puis la perspective des colonnes alignées sur des rambardes en bois sculpté jalonnant les 6 étages de l’hôtel. Mais le point d’orgue de ce palace tient à sa vue sur le port et sur l’Indian Gate, face à la mer d’Oman. Ouvrir ses rideaux au matin et embrasser la vue, où chassant la pluie, un soleil d’argent coule sur la Porte de l’Inde, est un vrai bonheur.
Par contre, il vaut mieux occulter et oublier les ravages de la modernité qui entachent un peu la beauté de l’endroit, avec l’aile moderne (Tower Wing Palace) qui fut rajoutée en 1973. Mais le visiteur peut, au détour d’une coursive secrète ou en montant par le monumental escalier, se replonger dans l’Inde légendaire, et en découvrir le faste d’antan.