Evasion


La Birmanie, le voyage du coeur

Les voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même (JosephKessel) et la Birmanie n’échappe pas à cette règle. Si cette destination très controversée,  due en grande partie à son régime politique – junte militaire - et  à des brimades en tout genre que son peuple subit, il n’en reste pas moins que ce pays étourdissant de beauté mérite largement d’être découvert par un tourisme averti et responsable.

Une population profondément hospitalière et gentille

Malgré les restrictions en tout genre que subit la population - situation humanitaire déplorable, ressources économiques destinées en grande partie à l’armée au détriment de la population, malnutrition, éducation et santé inexistantes - le peuple birman est profondément hospitalier et d’une immense gentillesse.
D'autre part, Aung San Suu Kyi, (fille du Général Aung San) reste le symbole de la résistance à la Junte (Prix Sakharov 59, Prix Nobel de la Paix 91) .
Libérée le 13 novembre 2010, après 7 ans de réclusion forcée dans la villa de son enfance - malgré l’intervention de l’ONU à plusieurs reprises - Aung San Suu a repris le flambeau de son père, pour l’établissement d’une vraie démocratie. Elle avait d’ailleurs un temps appelé les touristes étrangers à boycotter son pays pour ne pas cautionner un régime militaire répressif. Luxe magazine a respecté ce choix, sans le partager.
Point de vue qu’elle a changé depuis le tremblement de terre en 2008, qui a dévasté son pays.
Nous estimons que la Birmanie est un pays d’une beauté vierge de touristes, doté d’une hospitalité extraordinaire, qui ne doit pas être oublié. Il faut un tourisme responsable qui permette de montrer au peuple birman qu’il n'est  pas tombé dans l’oubli.


Le sourire du cœur


06H du matin à Yangoon : la circulation dense et la chaleur humide, déjà étouffante, n’entament en rien notre enthousiasme à enfin fouler le sol de la Birmanie. Pays si souvent rêvé, vœu enfin réalisé. Première vision, le sourire du guide, Zaw. Un sourire du cœur qui irradie sur toute la face, exprimant tout le plaisir de rencontrer des européens.
En Birmanie, les visages n’ont pas l’empreinte ardente de l’Inde, mais une placidité aimable de l’expression qui nous touche.
Enfin nous voici arrivés au Governor’s Residence pour un premier bain birman à Yangoon .


Une maison qui irradie une atmosphère coloniale

Cette maison coloniale, qui fut à l’origine la propriété du gouverneur de l’état de Kayah en 1920, puis hôtel d’état de 7 chambres après l’indépendance, fut repris par la compagnie Orient Express en 1998 pour être rénovée. Enfin en 2008, l’architecte François Greek, y imprima sa « patte » d’artiste en créant 10 nouvelles chambres de luxe.
Dès le chemin en teck qui mène à la demeure, l’intime relation entre le bâti et la nature apparaît. Habile compromis d’architecture birmane et coloniale, l’ensemble déploie plusieurs petites maisons dans un écrin de verdure. Le végétal omniprésent s'expose aussi bien dans le jardin, où les bananiers donnent la réplique aux hibiscus rouge et aux bambous, où bassins de lotus côtoient poissons colorés et gracieux, qu’aux abords de l’audacieuse piscine en éventail, balisée par quelques jarres et transats en teck.


Une demeure où chante le bois de teck


La maison principale, quant à elle, s’élance sur deux étages, offrant en rez-de-chaussée un restaurant débordant dans le jardin à la belle saison ainsi qu’un petit salon, un bar et une très jolie boutique regorgeant de laques en tout genre, une des spécialités de la Birmanie. A l’étage, une immense véranda terrasse ouverte sur le jardin invite l’hôte à paresser dans de confortables fauteuils en osier (version Emmanuelle) ou canapés en cuir, préludes à une méditation de fin d’après-midi, à l’heure où retentit le gong des tambours sacrés.


Le bois à l’honneur


Ici le bois chante sur toutes la gamme, ornant aussi bien balustrades, sol, transat, qu’escalier ou croisillon de fenêtres.
Cette déclinaison du bois illustre bien l’exigence d’authenticité et la simplicité prônée par les maîtres des lieux.
Du jardin, enfin, plusieurs chemins mènent aux chambres nichées dans des maisons à deux étages accessibles par des escaliers extérieurs. Dans chacune d’elle, un parquet luisant relie la salle de bain ouverte, à la chambre à l’esprit colonial, habillée de soierie locale et de motifs birmans.
L’alliance entre la simplicité de cette villa coloniale et la grâce des temples et pagodes, crée à Yangoon, une harmonie d’une infinie douceur.


Un autre regard


Sitôt arrivés, sitôt repartis pour aller à la rencontre des trésors de la Birmanie et de ses habitants.
Première rencontre émouvante et authentique, notre guide Zaw, jeune guide local parlant français à la perfection, qui nous introduira dans son monde.
Grâce à lui nos yeux vont se dessiller et en repartant notre regard sur ce pays aura changé. Il nous fait découvrir son peuple et les trésors que recèle son pays et Yangoon. Première visite incontournable : La pagode de Schwedagon (2500 ans).
Coiffant une colline de 62 mètres de haut, cet ensemble fantastique de coupoles étranges, de voûtes torturées et d’aiguilles géantes toute recouvertes de feuilles d’or (5 tonnes d’or) domine la ville par la hauteur de sa pagode (maintenant 110m). Une extraordinaire cité de la foi la plus antique et la plus gracieuse. Pour y accéder, des centaines de marches creusées, polies, érodées par les pas des pèlerins les ayant gravies depuis des siècles et depuis peu un ascenseur, permettent d’accéder aux terrasses.
Des milliers de stupa, dons de généreux donateurs, s’éparpillent sur les terrasses où des milliers de birmans viennent chaque jour honorer bouddha, faire leurs prières, pique-niquer, demander la chance en arrosant certains bouddhas, ou sonner la cloche pour faire partager leurs mérites.
Au sommet des marches, s’offrant dans les derniers rayons du soleil, par-dessus un rideau d’arbres en fleur, d’autres aiguilles d’or s’élancent de la ville, graciles et irréelles. Au soleil couchant, la robe des bonzes, couleur ocre, orange ou safran, semble tissée des mêmes teintes que le soleil.


Un bouddha de 72 mètres de long


Puis une visite au monastère Chaunk Htat Gyi, où un bouddha couché de 72 m de long et 13m de haut veille sur le bonheur de son peuple. Construit par une riche famille il y a 40 ans, il observe le monde de ses yeux de verre. Abrité, il accueille quotidiennement nombre de visiteurs.
La balade continue par une visite au centre de Yangoon où, surprise, subsiste le quartier colonial, dans un état de délabrement avancé. Rien n’a été restauré, selon la volonté du gouvernement !

Une vie au marché (noir !)

Par contre, sur les bords des trottoirs, la vie reprend son cours et une multitude de petits marchands locaux fleurissent un peu partout, des restaurants de rue proposent leur « Monthinga » - soupe de vermicelle - sur des chaises de poupée en plastique coloré. C’est ici que « les bouquinistes » ont élu domicile. Surprenant, nous découvrons sur ces étalages des romans en tout genre, livres politiques ou économiques dans différentes langues.
On y trouve « presque » de tout, (portables à 500 $ au lieu de 1500 $ l’année dernière, ainsi que des cartes de téléphone local).
Tarifs prohibitifs lorsque l’on sait que le salaire moyen tourne autour de 65 $ pour un ouvrier et de 150 à 300 $ pour d’autres métiers.


Des produits hors de prix

Les voitures, sont également hors de prix. Minimum 15000 $ pour une voiture d’occasion de 20 ans auquel se rajoute une taxe de presque 100 %, donc inaccessible pour la population. Seuls des hommes d’affaires ou les militaires peuvent se le permettre. Personne ne peut acheter une voiture sans passer par une association qui fera la demande auprès des généraux. Ensuite, celle-ci passera par différents intermédiaires qui prendront chacun une commission, avant qu'elle ne soit proposée à la vente dans les garages, sans garantie que la voiture ne soit pas confisquée quelques mois plus tard. Le maître-mot ici : corruption à tous les niveaux.

Un métissage de tribus


Sur les avenues, pas de cycliste en vue, ils sont interdits et ne peuvent circuler que dans les petites rues ou chemins transversaux.
Dans l’après-midi, arrivée à l’embarcadère sur le fleuve Yangoon. Une sorte de barge locale à deux étages nous fait traverser le fleuve en 5 mn pour accoster au village de Dala. Une foule bigarrée et digne, des petits vendeurs de rue proposant le fameux Betel pour chiquer, embarquent à chaque fois dans un brouhaha indescriptible.
A Yangoon par contre, toutes les tribus semblent s’être données rendez-vous. Birmans et Chans, Karens et Tchins, chinois malais… se mêlent à quelques européens.
Dans les rues, les marchands vous présentent avec le sourire leurs marchandises et le conservent même si vous n’achetez rien. Pas de racolage.
Un dépaysement de taille et un respect total vis-à-vis du touriste. Pas de harcèlement, une grande liberté de mouvement et le plus incroyable, la découverte de milliers de "cyber cafés" ! Pour un pays fermé, ils ont malgré tout accès à l’information, même restrictive. Mais ici tout ou presque tout se contourne !
Quant au marché Scott, il est à visiter. Immense et bigarré, tuniques d’un bleu sombre, longis de toutes les couleurs, saris de toutes les nuances, chapeaux, bonnet et turban composent un tableau coloré et vivant, nous laissant sous le charme !
Et ces images qui ne se laissent pas toujours déchiffrer au premier abord, enchantent par la promesse des secrets qu’elles contiennent.


Janvier 2011
Par Katya PELLEGRINO

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Mon avis :
Une destination choc, qui provoque une véritable émotion. L’hôtel par contre vous permet de conserver des repères tout en se gardant d’un luxe ostentatoire. Il a joué la carte locale, de pair avec confort et bonne gastronomie. Privilégiez les chambres de luxe en étage.
L’accueil est convivial sans être guindé.
Service agréable, personnel gentil et très serviable.
La piscine est grande, dîner dans le jardin le soir est un vrai plus, et le parc permet de se ressourcer après des journées fatigantes. Je vous conseille de conjuguer 3 nuits au Governor’s Résidence avec une croisière Road to Mandalay sur l’Irradwady qui vous fera découvrir la Birmanie d’une autre façon.
N’hésitez pas à prolonger en poussant jusqu’au Lac Inlé, qui mérite au minimum 2 nuits.



Proposition de circuit :Governor’s Residence + Road to Mandalay
Séjour à la carte, entièrement modifiable, de 9 jours/6 nuits à partir de 3 700 € TTC par personne avec les vols au départ de Paris sur la compagnie Thai Airways International, les vols intérieurs sur la compagnie Air Mandalay, les transferts privés, les frais de visas, 2 nuits à l’hôtel The Governor’s Residence, propriété Orient-Express, au coeur de Yangon en petit déjeuner et chambre double, 4 nuits à bord du Road to Mandalay en cabine double et pension complète et toutes les visites prévues tout au long de la croisière.
Tarif et réservation :
Kuoni
– Tél. : 0820 300 387
www.kuoni.fr 
5 rue Mabillon – 75 006 Paris
OU
Les Ateliers du Voyage – Tél. : 01 40 60 16 85 www.ateliersduvoyage.com 
54 -56 avenue Bosquet – 75 007 Paris


Savez vous que::
-La Birmanie ou Myanmar, a une frontière commune avec l'Inde, le Bangladesh, le Laos, la Chine et la Thaïlande. Elle est bordée par la mer d'Andaman au sud.
- La Birmanie fut rebaptisée par la Junte en 1989 « Union de Myanmar »
- Près de 6.5 millions d’habitants à Yangoon et 59 Millions d’habitants en Birmanie.
- De 1885 (lorsque les britanniques eurent achevé la conquête du nord de Myanmar) à 2005 Yangoon fut la capitale, maintenant le gouvernement l’a transféré à Pyyinmana à 380 km à l’intérieur des terres.
- Plus de 70 % de paysans n’ont pas accès à Internet
- Salaire moyen entre 100 et 200 $/mois – un ouvrier près de 60 $/mois
- Armée compte environs 500 000 soldats
- Ecole obligatoire jusqu’à 10 ans
- Yangoon s’étend sur 15 km
- Plus de 100 ethnies vivent en Birmanie
- La vallée de Mogok (vallée des rubis) est fermée au tourisme
- Pour installer une ligne fixe, cela coûte officiellement 1500 $ et il faut l’autorisation des généraux. SI vous souhaitez accélérer la procédure, vous pouvez acheter la signature (accord d’un général) et payez alors 2000 $
- depuis 2009, on peut trouver des téléphones portables qui fonctionnent à l’intérieur de la ville et qui coûtent 500 $ grâce à certains fils de généraux
- Les vélos sont interdits à la circulation sur les grandes artères mais autorisés au sein des quartiers.
La population circule grâce aux 5000 bus
- Environ 2000 cybercafés fleurissent à Yangoon
- 5 tonnes d’or recouvrent la pagode de Schwedagon, - 8000 visiteurs /jour et 2400 carats de diamant + 15000 Pierres précieuses sur le bourgeon de la coupole
- En 1947 indépendance
- A partir de 1988 Junte au pouvoir
-2007 répression et fusillade sur les moines
- 2008 cyclone Nargi
- 90 % de la population est bouddhiste
- Premier revenu du pays : produits agricoles dont le riz, gaz naturel, pierres précieuses exploitées par le gouvernement ou des compagnies privées qui traitent avec la Junte. Beaucoup de gaz naturel revendu en Thaïlande, d’où problème d’électricité en Birmanie et coupures d’électricité monnaie courante.
- 70 % sont des paysans

 Un peu d’histoire (source Internet)
La constitution adoptée en 1948 est abolie. Le pays s’engage dans la « voie birmane vers le socialisme ». Les principaux secteurs de l’économie sont étatisés.
1824-1826 : Les Britanniques déclenchent la première guerre anglo-birmane et prennent le contrôle du sud du pays.
1852-1855 - Seconde guerre anglo-birmane. Toute la Birmanie est annexée.
1886 : La Birmanie devient une province de l’Empire des Indes.
1936 : Aung San et U Nu, deviennent respectivement le père de l’indépendance et le premier dirigeant du pays indépendant. Les deux leaders et les autres chefs nationalistes, les « trente camarades », sont invités au Japon pour une formation militaire. Ils créent l’armée de l’indépendance birmane.
1942 : Les Japonais entrent en Birmanie avec l’armée de l’indépendance birmane, commandée par Aung San.
1943 : Aung San est ministre de la Guerre de la Birmanie indépendante occupée par les Japonais.
27 mars 1945 : L’armée birmane se soulève contre les Japonais.
19 juin 1945 : Aung San Suu Kyi, fille d’Aung San, naît à Rangoon.
19 juillet 1947 : Six mois après la signature de l’accord d’Indépendance, Aung San est assassiné
4 janvier 1948 : Proclamation de l’indépendance de la Birmanie. Naissance de l’Union de la Birmanie, dont U Nu est le Premier ministre jusqu’en 1962
1958 : Guerre civile. U Nu confie la gestion d’un gouvernement provisoire au général Ne Win, un autre des trente camarades. Il sera néanmoins réélu en 1960.
2 mars 1962 : Ne Win prend le pouvoir par un coup d’État. U Nu et des centaines d’opposants sont arrêtés. La constitution adoptée en 1948 est abolie. Le pays s’engage dans la « voie birmane vers le socialisme
1974 : Promulgation de la nouvelle constitution, naissance de la République socialiste de l’Union de Birmanie.
Juillet 1988 : Ne Win quitte le pouvoir.
8 août 1988 (8-8-88) : des millions de personnes mécontents défilent dans le pays tout entier. Elles sont réprimées ( entre 3 000 et 4 000 morts ). Des milliers de personnes sont arrêtées.
26 août 1988 - Aung San Suu Kyi prend la parole à la pagode Shwedagon, devant 500.000 personnes et devient un leader naturel pour le pays qui ne connait que la dictature depuis 26 ans.
18 septembre 1988 : La junte se maintient au pouvoir en abrogeant la constitution de 1974
La Birmanie devient le Myanmar, et Rangoon « Yangoon »
27 septembre 1988 : Fondation de la NLD (Ligue nationale pour la démocratie).
20 juillet 1989 , Aung San Suu Kyi, est assignée à résidence pour une durée de trois ans.
10 juillet 1991 : Le Parlement européen lui décerne le prix Sakharov (attribué pour la défense des droits de l’homme).
14 octobre 1991 : Aung San Suu Kyi se voit décerner le prix Nobel de la paix.
10 juillet 1995 : Aung San Suu Kyi est libéré grâce à la pression internationale.
11 juillet 1995 : Aung San Suu Kyi demande aux investisseurs étrangers d’attendre qu’un système démocratique soit mis en place avant de s’implanter dans le pays.
Octobre 1996 : l’Union européenne adopte pour la première fois une Position Commune sur la Birmanie, et introduit notamment un embargo sur les armes à destination du régime militaire.
4 septembre 2000 : Aung San Suu Kyi est de nouveau assignée à résidence.
6 mai 2002 : Aung San Suu Kyi est libérée, les bureaux de la LND sont réouverts.
30 mai 2003 : Attaque contre le convoi d’Aung San Suu Kyi, alors en tournée politique dans le nord du pays. Elle est de nouveau mise en résidence surveilléee.
Novembre 2005 : la junte au pouvoir déplace la capitale du pays dans une nouvelle bourgade créée de toutes pièces, Nay Pyi Daw (littéralement Demeure des Rois), à 300 km au nord de Rangoon.
18 septembre 2007 : Révolution « safran » car de nombreux moines défilent en chantant
Novembre 2008 : les procès de centaines d’opposants arrêtés suite aux manifestations de la Révolution safran ou à l’aide apportée au lendemain du cyclone Nargis
13 novembre 2010 : Aung San Suu Kyi est libérée.