La Birmanie, le voyage du coeur
Une population profondément hospitalière et gentille
Malgré les restrictions en tout genre que subit la population - situation humanitaire déplorable, ressources économiques destinées en grande partie à l’armée au détriment de la population, malnutrition, éducation et santé inexistantes - le peuple birman est profondément hospitalier et d’une immense gentillesse.
D'autre part, Aung San Suu Kyi, (fille du Général Aung San) reste le symbole de la résistance à la Junte (Prix Sakharov 59, Prix Nobel de la Paix 91) .
Libérée le 13 novembre 2010, après 7 ans de réclusion forcée dans la villa de son enfance - malgré l’intervention de l’ONU à plusieurs reprises - Aung San Suu a repris le flambeau de son père, pour l’établissement d’une vraie démocratie. Elle avait d’ailleurs un temps appelé les touristes étrangers à boycotter son pays pour ne pas cautionner un régime militaire répressif. Luxe magazine a respecté ce choix, sans le partager.
Point de vue qu’elle a changé depuis le tremblement de terre en 2008, qui a dévasté son pays.
Nous estimons que la Birmanie est un pays d’une beauté vierge de touristes, doté d’une hospitalité extraordinaire, qui ne doit pas être oublié. Il faut un tourisme responsable qui permette de montrer au peuple birman qu’il n'est pas tombé dans l’oubli.
Le sourire du cœur
06H du matin à Yangoon : la circulation dense et la chaleur humide, déjà étouffante, n’entament en rien notre enthousiasme à enfin fouler le sol de la Birmanie. Pays si souvent rêvé, vœu enfin réalisé. Première vision, le sourire du guide, Zaw. Un sourire du cœur qui irradie sur toute la face, exprimant tout le plaisir de rencontrer des européens.
En Birmanie, les visages n’ont pas l’empreinte ardente de l’Inde, mais une placidité aimable de l’expression qui nous touche.
Enfin nous voici arrivés au Governor’s Residence pour un premier bain birman à Yangoon .
Une maison qui irradie une atmosphère coloniale
Cette maison coloniale, qui fut à l’origine la propriété du gouverneur de l’état de Kayah en 1920, puis hôtel d’état de 7 chambres après l’indépendance, fut repris par la compagnie Orient Express en 1998 pour être rénovée. Enfin en 2008, l’architecte François Greek, y imprima sa « patte » d’artiste en créant 10 nouvelles chambres de luxe.
Dès le chemin en teck qui mène à la demeure, l’intime relation entre le bâti et la nature apparaît. Habile compromis d’architecture birmane et coloniale, l’ensemble déploie plusieurs petites maisons dans un écrin de verdure. Le végétal omniprésent s'expose aussi bien dans le jardin, où les bananiers donnent la réplique aux hibiscus rouge et aux bambous, où bassins de lotus côtoient poissons colorés et gracieux, qu’aux abords de l’audacieuse piscine en éventail, balisée par quelques jarres et transats en teck.
Une demeure où chante le bois de teck
La maison principale, quant à elle, s’élance sur deux étages, offrant en rez-de-chaussée un restaurant débordant dans le jardin à la belle saison ainsi qu’un petit salon, un bar et une très jolie boutique regorgeant de laques en tout genre, une des spécialités de la Birmanie. A l’étage, une immense véranda terrasse ouverte sur le jardin invite l’hôte à paresser dans de confortables fauteuils en osier (version Emmanuelle) ou canapés en cuir, préludes à une méditation de fin d’après-midi, à l’heure où retentit le gong des tambours sacrés.
Le bois à l’honneur
Ici le bois chante sur toutes la gamme, ornant aussi bien balustrades, sol, transat, qu’escalier ou croisillon de fenêtres.
Cette déclinaison du bois illustre bien l’exigence d’authenticité et la simplicité prônée par les maîtres des lieux.
Du jardin, enfin, plusieurs chemins mènent aux chambres nichées dans des maisons à deux étages accessibles par des escaliers extérieurs. Dans chacune d’elle, un parquet luisant relie la salle de bain ouverte, à la chambre à l’esprit colonial, habillée de soierie locale et de motifs birmans.
L’alliance entre la simplicité de cette villa coloniale et la grâce des temples et pagodes, crée à Yangoon, une harmonie d’une infinie douceur.
Un autre regard
Sitôt arrivés, sitôt repartis pour aller à la rencontre des trésors de la Birmanie et de ses habitants.
Première rencontre émouvante et authentique, notre guide Zaw, jeune guide local parlant français à la perfection, qui nous introduira dans son monde.
Grâce à lui nos yeux vont se dessiller et en repartant notre regard sur ce pays aura changé. Il nous fait découvrir son peuple et les trésors que recèle son pays et Yangoon. Première visite incontournable : La pagode de Schwedagon (2500 ans).
Coiffant une colline de 62 mètres de haut, cet ensemble fantastique de coupoles étranges, de voûtes torturées et d’aiguilles géantes toute recouvertes de feuilles d’or (5 tonnes d’or) domine la ville par la hauteur de sa pagode (maintenant 110m). Une extraordinaire cité de la foi la plus antique et la plus gracieuse. Pour y accéder, des centaines de marches creusées, polies, érodées par les pas des pèlerins les ayant gravies depuis des siècles et depuis peu un ascenseur, permettent d’accéder aux terrasses.
Des milliers de stupa, dons de généreux donateurs, s’éparpillent sur les terrasses où des milliers de birmans viennent chaque jour honorer bouddha, faire leurs prières, pique-niquer, demander la chance en arrosant certains bouddhas, ou sonner la cloche pour faire partager leurs mérites.
Au sommet des marches, s’offrant dans les derniers rayons du soleil, par-dessus un rideau d’arbres en fleur, d’autres aiguilles d’or s’élancent de la ville, graciles et irréelles. Au soleil couchant, la robe des bonzes, couleur ocre, orange ou safran, semble tissée des mêmes teintes que le soleil.
Un bouddha de 72 mètres de long
Puis une visite au monastère Chaunk Htat Gyi, où un bouddha couché de 72 m de long et 13m de haut veille sur le bonheur de son peuple. Construit par une riche famille il y a 40 ans, il observe le monde de ses yeux de verre. Abrité, il accueille quotidiennement nombre de visiteurs.
La balade continue par une visite au centre de Yangoon où, surprise, subsiste le quartier colonial, dans un état de délabrement avancé. Rien n’a été restauré, selon la volonté du gouvernement !
Une vie au marché (noir !)
Par contre, sur les bords des trottoirs, la vie reprend son cours et une multitude de petits marchands locaux fleurissent un peu partout, des restaurants de rue proposent leur « Monthinga » - soupe de vermicelle - sur des chaises de poupée en plastique coloré. C’est ici que « les bouquinistes » ont élu domicile. Surprenant, nous découvrons sur ces étalages des romans en tout genre, livres politiques ou économiques dans différentes langues.
On y trouve « presque » de tout, (portables à 500 $ au lieu de 1500 $ l’année dernière, ainsi que des cartes de téléphone local).
Tarifs prohibitifs lorsque l’on sait que le salaire moyen tourne autour de 65 $ pour un ouvrier et de 150 à 300 $ pour d’autres métiers.
Des produits hors de prix
Les voitures, sont également hors de prix. Minimum 15000 $ pour une voiture d’occasion de 20 ans auquel se rajoute une taxe de presque 100 %, donc inaccessible pour la population. Seuls des hommes d’affaires ou les militaires peuvent se le permettre. Personne ne peut acheter une voiture sans passer par une association qui fera la demande auprès des généraux. Ensuite, celle-ci passera par différents intermédiaires qui prendront chacun une commission, avant qu'elle ne soit proposée à la vente dans les garages, sans garantie que la voiture ne soit pas confisquée quelques mois plus tard. Le maître-mot ici : corruption à tous les niveaux.
Un métissage de tribus
Sur les avenues, pas de cycliste en vue, ils sont interdits et ne peuvent circuler que dans les petites rues ou chemins transversaux.
Dans l’après-midi, arrivée à l’embarcadère sur le fleuve Yangoon. Une sorte de barge locale à deux étages nous fait traverser le fleuve en 5 mn pour accoster au village de Dala. Une foule bigarrée et digne, des petits vendeurs de rue proposant le fameux Betel pour chiquer, embarquent à chaque fois dans un brouhaha indescriptible.
A Yangoon par contre, toutes les tribus semblent s’être données rendez-vous. Birmans et Chans, Karens et Tchins, chinois malais… se mêlent à quelques européens.
Dans les rues, les marchands vous présentent avec le sourire leurs marchandises et le conservent même si vous n’achetez rien. Pas de racolage.
Un dépaysement de taille et un respect total vis-à-vis du touriste. Pas de harcèlement, une grande liberté de mouvement et le plus incroyable, la découverte de milliers de "cyber cafés" ! Pour un pays fermé, ils ont malgré tout accès à l’information, même restrictive. Mais ici tout ou presque tout se contourne !
Quant au marché Scott, il est à visiter. Immense et bigarré, tuniques d’un bleu sombre, longis de toutes les couleurs, saris de toutes les nuances, chapeaux, bonnet et turban composent un tableau coloré et vivant, nous laissant sous le charme !
Et ces images qui ne se laissent pas toujours déchiffrer au premier abord, enchantent par la promesse des secrets qu’elles contiennent.