Portraits


Le luxe selon Matisse

Il aura fallu vingt-sept ans à Aragon pour publier "Henri Matisse, Roman" que nous évoquons par ailleurs. Un délicieux fatras qu'il appelle roman et qui est le plus beau des portraits.
Il aura fallu cette longue maturation pour que cette oeuvre paraisse enfin.
"Il n'y a pas de filets à papillons pour les paroles" écrit-il, dans sa présentation, en 1968, pourtant il en a attrapé une qui nous est ici précieuse. Très belle.
C'est le luxe de Matisse, tout simplement.
"Mon luxe ? Un bien au-dessus de l'argent, à la portée de tous"

"Je retrouve ici - écrit Aragon - une note de Matisse faite pendant la lecture, au crayon, et repassée ensuite à l'encre. Si l'on se reporte à l'Apologie du Luxe qu'on trouvera plus loin, et que j'avais donnée à lire à H. M., on constatera que Matisse répondait déjà en fait à Mr. Barr, avec huit ans d'avance, écrivant, pour moi, ceci sur l'idée de luxe :

- "Mon luxe? N'est-il pas communicable car c'est un bien au-dessus de l'argent à la portée de tous - c'est une certaine qualité d'amour qui le donne, c'est habiller ou déshabiller la femme aimée, de toute sa pureté de son amour sans chiqué sans en remettre."
Novembre 2004
Par Yves CALMEJANE
Henri Matisse, Roman
Aragon
Editions Gallimard
Quarto
868 pages, 551 documents
24,39 euros