Bombay, la mégapole des possibles
Noyée dans ses contradictions, la cité la plus riche du sous-continent est en perpétuelle recherche d’identité. Sa jeunesse s’imbibe des références occidentales alors que son élite anglophone cherche à dupliquer un mode et un style de vie moderne et actuel. La capitale financière de l'Inde est bel et bien en mutation, à l'image du pays lui-même. Zoom sur cette ville pas comme les autres.
L'Oberoi, sa deuxième vie !
Dans cette ville foisonnante, vibrant d’une énergie nouvelle, rebaptisée depuis plus de 15 ans de son nom marathi, Mumbai, la disparité des quartiers pauvres et riches de cette mégapole s'explique par le rattachement des sept îles qui constituaient autrefois Bombay.
Douloureusement atteinte au cœur de son tourisme hôtelier par les attentats en 2008, Mumbay et plus particulièrement l'hôtel Oberoi a su se relever magistralement après presque deux années intensives de reconstruction pour faire revivre un lieu devenu plus contemporain tout en conservant une touche indienne.
L’ombre de la colonisation …
L’ombre de la colonisation plane toujours sur la vieille cité, l’une des plus fabuleuses de l’Empire. Sur cette île mince et longue de soixante km, s’accumulent bidonvilles insalubres et peu reluisants, méli mélo de différents styles architecturaux aux bâtiments Art Déco et coloniaux sur Marine Drive. Partout un trafic frénétique voit une légion de petits taxis jaune et noir au look vieillot, enchevêtrés dans une nuée bourdonnante où se mêlent rickshaws, bus Tata, motos, et vélos.
Une ville aux multiples facettes
Composée d’un patchwork de quartiers, dont Colaba, Fort, Churchgate, Chowpatty, Bandra, Marine Drive… cette ville sortit de l’imaginaire de pseudos architectes britanniques qui la modelèrent à leur façon, lui apportant un style moghol victorien ou néogothique suranné, qui en fait aujourd’hui tout son charme.
Dans certains de ces quartiers, les vestiges de l’empire britannique sont encore présents, témoignant d’une époque disparue.
Victoria Station, édifice colonial exubérant !
C’est le cas du Fort, nommé en souvenir des fortifications édifiées autour du port par les anglais, avec ses nombreux bâtiments de l’ère coloniale. Parmi eux, la gare Victoria Station ou Chhapatrapati Shivaji. Un bâtiment néo-gothique et extravagant, conçu par Frédérick Stevens où arcs-boutants, dômes tourelles, flèches, vitraux, singes, lions paons se mêlent dans le plus grand anachronisme, dévoilant l’aphorisme de l’Inde.
L'héritage anglais
Vos pas vous porteront également devant l’université de Bombay dont la tour est une réplique de celle de Big Ben.
Un édifice néo-gothique, construit par l’architecte Gilbert Scott, créateur de la gare St Pancréas à Londres. Ainsi que devant la plus ancienne bibliothèque de Mumbai, David Sassoon Library qui fait partie de la liste des 145 monuments protégés. Sans oublier la pelouse d'Oval Maidans, cernée entre une élégante rangée d' Immeubles Art Déco et plusieurs édifices (dont la fameuse Université reconnaissable par sa haute tour) où se pratique l'héritage anglais, le criquet. Prendre une demi-journée pour faire un tour de la ville est une nécessité pour s’imprégner de cette ville bourdonnante et cosmopolite. Des scènes de rue d'un Bombay immuable se télescopent et tranchent avec le clinquant des mall haut de gamme des quartiers d'affaires de Bandra et de Worli. Partout dans la rue taudis et tours se côtoient sans gêne.
Une ville en pleine mutation économique et architecturale
La capitale financière de l'Inde est bel et bien en mutation, à l'image du pays lui-même. Des anciennes usines de textile sont détruites et désindustrialisées au profit de centres commerciaux de luxe ou d'immeubles ultra design comme par exemple le projet d'un bâtiment futuriste de 117 étages signé I.M.Pei pour 2014 ou le futur hôtel W, une tour "Namasté" en forme de paumes jointes (représentant le salut indien) dessiné par le cabinet Atkins, prévu pour 2015. Les références architecturales n'existent pas encore vraiment mais ne sauraient tarder.
Oberoi, une histoire
Écho plus moderne du mythe de TajMahal, sauvé des affres des évènements de 2008, l'hôtel Oberoi étire sa silhouette élancée et contemporaine le long de Marine Drive ! Ouvert en 1998, il avait fait forte impression avec son atrium de 11 étages, le tout premier d'Asie! Aujourd'hui seule la structure initiale a été conservée, mais on se laisse encore happer par cette immensité, peuplée d'un simple piano rouge qui trône dans le lobby supérieur. Et pour prendre sa revanche suite aux terribles évènements, un des restaurants a pris le nom de Fénix !
Un air contemporain sur Marine Drive
Prenant racine non loin du chic quartier de Colaba, le long de Marine Drive qui se donne des faux airs de MiamiBeach, et non loin du port à l’agitation incessante, cet hôtel contemporain possède une vue spectaculaire toujours aussi forte d'émotion. La mer d'Oman baigne cette promenade populaire, tracée le long d'une baie aux courbes sensuelles et illuminées la nuit, encore appelée "le Collier de la Reine" !
53 suites plongent sur Marine Drive et sur la mer. L’élégance contemporaine des chambres tient à un mariage réussi entre meubles anglais sobres, murs clairs, canapé sable et seule concession de couleur, le rouge qui embrase le regard, grâce aux coussins et fauteuil XL. Ouvrir ses rideaux au matin et contempler la vue, où chassant la pluie, un soleil d’argent coule sur la mer d'Oman est un vrai bonheur.
Confort et espace
L'architecte a privilégié l'espace et le confort sans pour autant renoncer à une patte contemporaine de bon aloi, se mariant délicatement au bois brun et à la petite table en marbre indien, rappel discret à l'Inde.
Après avoir récupéré durant une bonne nuit de sommeil, vite un petit plongeon dans la piscine extérieure, vrai bonheur appréciable lors des très grandes chaleurs puis immersion dans cette mégapole des contrastes.
Le plus grand lavoir du monde
Prenez au petit matin un de ces nombreux taxis jaune et noir et allez voir l'un des plus grands lavoirs à ciel ouvert, le Dhobi Ghat, situé non loin de la gare Mahalaxmi. Ce sont les membres de la caste des dhobis (blanchisseurs) qui battent des tonnes de linge sur la pierre, chaque jour. Plus de 5000 personnes travaillent à ce lavoir et chacune lave environ 500 pièces /jour. Inimaginable mais un système éprouvé, qui fonctionne avec efficacité et que les habitants de Bombay utilisent au quotidien
Autre système tout aussi efficace et redoutable, celui des dabbawallas, un système de livraison de repas préparés par les femmes des travailleurs et collationnées dans un rayon de 50 à 100km, livrés chaque jour à l'heure par des cyclistes ou piétons dans tous les quartiers de la ville.
Une gastronomie à la hauteur
Après une journée intense où vous aurez arpenté en long et en large , les sites importants à visiter, un soin au spa s'impose.
Le soin signature Oberoi est tout à fait indiqué pour dénouer les tensions et soulager les muscles sollicités entre les mains fermes et précises des thérapeutes. Attention, si vous n'aimez pas le massage avec les pieds, (elles sont dans ce cas debout sur vous) bien le préciser !
Enfin finir sur une halte gourmande au restaurant italien le Vetro. La décoration y joue la carte d’un design contemporain aux lignes strictes, mur en lamelles de verre de couleur différente, à la limite du dépouillement et aux détails raffinés. La carte est à la hauteur des espérances, entre linguine aux langoustes, risotto de truffes ou un tiramisu à se damner !
Un autre soir, direction Le Ziya, restaurant gastronomique indien, où l'Inde reprend ses droits tout en finesse. Ici ni frises ou décoration chargée, mais sobriété et épure sont de mise. Panneaux de dentelles dorés, bois sombre et murs clairs sont à l’honneur, façonnant une nouvelle écriture de l’univers indien. Le chef
Le point d’orgue : The Indian Gate
Ce majestueux arc de triomphe de style gujarat, est devenu le symbole d'une cité qui donne accès à l'Inde. Il fut érigé dans les années 20 pour commémorer la visite royale de George V et de la Reine.
Il y a un demi siècle, à peine, les paquebots venus du Nord de l'Europe, déversaient ici leur flot de voyageurs en quête d'exotisme.
Ironie du sort, c'est sur ce même quai, que les indiens sont venus dire au revoir aux dernières troupes britanniques qui partaient en 1948.
C'est aussi le point de départ où embarquent les touristes pour visiter la célèbre île Eléphanta, que je vous suggère d'aller voir si vous restez au moins 4 nuits à Bombay.
Dans cette ville foisonnante, vibrant d’une énergie nouvelle, rebaptisée depuis plus de 15 ans de son nom marathi, Mumbai, la disparité des quartiers pauvres et riches de cette mégapole s'explique par le rattachement des sept îles qui constituaient autrefois Bombay.
Douloureusement atteinte au cœur de son tourisme hôtelier par les attentats en 2008, Mumbay et plus particulièrement l'hôtel Oberoi a su se relever magistralement après presque deux années intensives de reconstruction pour faire revivre un lieu devenu plus contemporain tout en conservant une touche indienne.
L’ombre de la colonisation …
L’ombre de la colonisation plane toujours sur la vieille cité, l’une des plus fabuleuses de l’Empire. Sur cette île mince et longue de soixante km, s’accumulent bidonvilles insalubres et peu reluisants, méli mélo de différents styles architecturaux aux bâtiments Art Déco et coloniaux sur Marine Drive. Partout un trafic frénétique voit une légion de petits taxis jaune et noir au look vieillot, enchevêtrés dans une nuée bourdonnante où se mêlent rickshaws, bus Tata, motos, et vélos.
Une ville aux multiples facettes
Composée d’un patchwork de quartiers, dont Colaba, Fort, Churchgate, Chowpatty, Bandra, Marine Drive… cette ville sortit de l’imaginaire de pseudos architectes britanniques qui la modelèrent à leur façon, lui apportant un style moghol victorien ou néogothique suranné, qui en fait aujourd’hui tout son charme.
Dans certains de ces quartiers, les vestiges de l’empire britannique sont encore présents, témoignant d’une époque disparue.
Victoria Station, édifice colonial exubérant !
C’est le cas du Fort, nommé en souvenir des fortifications édifiées autour du port par les anglais, avec ses nombreux bâtiments de l’ère coloniale. Parmi eux, la gare Victoria Station ou Chhapatrapati Shivaji. Un bâtiment néo-gothique et extravagant, conçu par Frédérick Stevens où arcs-boutants, dômes tourelles, flèches, vitraux, singes, lions paons se mêlent dans le plus grand anachronisme, dévoilant l’aphorisme de l’Inde.
L'héritage anglais
Vos pas vous porteront également devant l’université de Bombay dont la tour est une réplique de celle de Big Ben.
Un édifice néo-gothique, construit par l’architecte Gilbert Scott, créateur de la gare St Pancréas à Londres. Ainsi que devant la plus ancienne bibliothèque de Mumbai, David Sassoon Library qui fait partie de la liste des 145 monuments protégés. Sans oublier la pelouse d'Oval Maidans, cernée entre une élégante rangée d' Immeubles Art Déco et plusieurs édifices (dont la fameuse Université reconnaissable par sa haute tour) où se pratique l'héritage anglais, le criquet. Prendre une demi-journée pour faire un tour de la ville est une nécessité pour s’imprégner de cette ville bourdonnante et cosmopolite. Des scènes de rue d'un Bombay immuable se télescopent et tranchent avec le clinquant des mall haut de gamme des quartiers d'affaires de Bandra et de Worli. Partout dans la rue taudis et tours se côtoient sans gêne.
Une ville en pleine mutation économique et architecturale
La capitale financière de l'Inde est bel et bien en mutation, à l'image du pays lui-même. Des anciennes usines de textile sont détruites et désindustrialisées au profit de centres commerciaux de luxe ou d'immeubles ultra design comme par exemple le projet d'un bâtiment futuriste de 117 étages signé I.M.Pei pour 2014 ou le futur hôtel W, une tour "Namasté" en forme de paumes jointes (représentant le salut indien) dessiné par le cabinet Atkins, prévu pour 2015. Les références architecturales n'existent pas encore vraiment mais ne sauraient tarder.
Oberoi, une histoire
Écho plus moderne du mythe de TajMahal, sauvé des affres des évènements de 2008, l'hôtel Oberoi étire sa silhouette élancée et contemporaine le long de Marine Drive ! Ouvert en 1998, il avait fait forte impression avec son atrium de 11 étages, le tout premier d'Asie! Aujourd'hui seule la structure initiale a été conservée, mais on se laisse encore happer par cette immensité, peuplée d'un simple piano rouge qui trône dans le lobby supérieur. Et pour prendre sa revanche suite aux terribles évènements, un des restaurants a pris le nom de Fénix !
Un air contemporain sur Marine Drive
Prenant racine non loin du chic quartier de Colaba, le long de Marine Drive qui se donne des faux airs de MiamiBeach, et non loin du port à l’agitation incessante, cet hôtel contemporain possède une vue spectaculaire toujours aussi forte d'émotion. La mer d'Oman baigne cette promenade populaire, tracée le long d'une baie aux courbes sensuelles et illuminées la nuit, encore appelée "le Collier de la Reine" !
53 suites plongent sur Marine Drive et sur la mer. L’élégance contemporaine des chambres tient à un mariage réussi entre meubles anglais sobres, murs clairs, canapé sable et seule concession de couleur, le rouge qui embrase le regard, grâce aux coussins et fauteuil XL. Ouvrir ses rideaux au matin et contempler la vue, où chassant la pluie, un soleil d’argent coule sur la mer d'Oman est un vrai bonheur.
Confort et espace
L'architecte a privilégié l'espace et le confort sans pour autant renoncer à une patte contemporaine de bon aloi, se mariant délicatement au bois brun et à la petite table en marbre indien, rappel discret à l'Inde.
Après avoir récupéré durant une bonne nuit de sommeil, vite un petit plongeon dans la piscine extérieure, vrai bonheur appréciable lors des très grandes chaleurs puis immersion dans cette mégapole des contrastes.
Le plus grand lavoir du monde
Prenez au petit matin un de ces nombreux taxis jaune et noir et allez voir l'un des plus grands lavoirs à ciel ouvert, le Dhobi Ghat, situé non loin de la gare Mahalaxmi. Ce sont les membres de la caste des dhobis (blanchisseurs) qui battent des tonnes de linge sur la pierre, chaque jour. Plus de 5000 personnes travaillent à ce lavoir et chacune lave environ 500 pièces /jour. Inimaginable mais un système éprouvé, qui fonctionne avec efficacité et que les habitants de Bombay utilisent au quotidien
Autre système tout aussi efficace et redoutable, celui des dabbawallas, un système de livraison de repas préparés par les femmes des travailleurs et collationnées dans un rayon de 50 à 100km, livrés chaque jour à l'heure par des cyclistes ou piétons dans tous les quartiers de la ville.
Une gastronomie à la hauteur
Après une journée intense où vous aurez arpenté en long et en large , les sites importants à visiter, un soin au spa s'impose.
Le soin signature Oberoi est tout à fait indiqué pour dénouer les tensions et soulager les muscles sollicités entre les mains fermes et précises des thérapeutes. Attention, si vous n'aimez pas le massage avec les pieds, (elles sont dans ce cas debout sur vous) bien le préciser !
Enfin finir sur une halte gourmande au restaurant italien le Vetro. La décoration y joue la carte d’un design contemporain aux lignes strictes, mur en lamelles de verre de couleur différente, à la limite du dépouillement et aux détails raffinés. La carte est à la hauteur des espérances, entre linguine aux langoustes, risotto de truffes ou un tiramisu à se damner !
Un autre soir, direction Le Ziya, restaurant gastronomique indien, où l'Inde reprend ses droits tout en finesse. Ici ni frises ou décoration chargée, mais sobriété et épure sont de mise. Panneaux de dentelles dorés, bois sombre et murs clairs sont à l’honneur, façonnant une nouvelle écriture de l’univers indien. Le chef
Le point d’orgue : The Indian Gate
Ce majestueux arc de triomphe de style gujarat, est devenu le symbole d'une cité qui donne accès à l'Inde. Il fut érigé dans les années 20 pour commémorer la visite royale de George V et de la Reine.
Il y a un demi siècle, à peine, les paquebots venus du Nord de l'Europe, déversaient ici leur flot de voyageurs en quête d'exotisme.
Ironie du sort, c'est sur ce même quai, que les indiens sont venus dire au revoir aux dernières troupes britanniques qui partaient en 1948.
C'est aussi le point de départ où embarquent les touristes pour visiter la célèbre île Eléphanta, que je vous suggère d'aller voir si vous restez au moins 4 nuits à Bombay.
Avril 2013
Par Katya PELLEGRINO