Un hôtel de luxe sur le site du nid d'aigle d'Hitler
Cinquante ans après la prise du "nid d'aigle" (Kehlsteinhaus) d'Hitler par les soldats de la 2ème DB du général Leclerc, l'Intercontinental Resort Berchtesgaden, propose aux touristes de goûter eux aussi au charme des montagnes bavaroises. Construit sur les ruines des chalets de vacances et des bunkers qu'avait fait édifier le dictateur pour lui et ses proches, le palace cinq étoiles de la chaîne Intercontinental est ainsi appelé à relancer la villégiature montagnarde sur ces sommets prisés depuis le XIXème siècle pour la beauté du panorama et la pureté de leur air.
D'un coût de 50 millions d'euros, il comporte 138 chambres et douze suites comprises entre 270 et 1.300 euros la nuit, ainsi qu'un spa.
D'un coût de 50 millions d'euros, il comporte 138 chambres et douze suites comprises entre 270 et 1.300 euros la nuit, ainsi qu'un spa.
La région était déjà une destination prisée au XIXème siècle
Le site est, il est vrai, magnifique. Il n'est pas étonnant qu'Hitler et ses séides aient choisi de bâtir au cœur de la région de l'Obersalzberg, à 1.834 mètres d'altitude, cette résidence qui offre un panorama grandiose des Alpes bavaroises et autrichiennes.
A 30 kilomètres au sud de Salzbourg, la région était déjà une destination prisée au XIXème et au XXème siècles pour son air et sa beauté par de nombreux voyageurs, parmi lesquels on pouvait compter Johannes Brahms, Clara Schumann ou Sigmund Freud, qui aimait à y venir en famille.
De nos jours les dépliants touristiques n'ont guère de mal à vanter les beautés du vieux château ayant appartenu aux rois de Bavière ou des constructions baroques, le charme des randonnées dans le parc national de Bavière ou sur le lac de Königssee dont les eaux vert émeraudes sont les plus propres et les plus profondes d'Allemagne.
Questionner les consciences
Après les bombardements britanniques et la prise de Berchtesgaden par la 2ème DB et la 1ère Armée US, l'Obersalzberg avait été investi en 1953 par les forces américaines qui en avaient fait une "aire de distraction pour les troupes américaines". Un hôtel, le "General Walker", a accueilli jusqu'en 1995 les militaires américains en vacances.
Lors de sa récente inauguration cette année l' Intercontinental Resort Berchtesgaden, hôtel de luxe "cinq étoiles" a été l'occasion de questionner les consciences.
Attentives au poids du symbole ainsi qu'à désarmer les inévitables critiques, la chaîne et les autorités locales n'ont rien laissé au hasard. Ainsi, par exemple, l'hôtel devait initialement être constitué de deux bâtiments parallèles reliés entre eux par un troisième, formant une sorte de H. Devant une possible allusion au nom du Führer les plans ont été aussitôt modifiés et le bâtiment a pris l'aspect d'un fer à cheval.
De même l'Etat régional, propriétaire du site, a financé un centre de documentation sur le Nid d'aigle et le nazisme, situé à 300 mètres de l'hôtel tandis que les 140 membres du personnel ont reçu une formation historique pour ne pas commettre d'impair.
Dans les chambres, là où d'habitude l'on trouvait une Bible, les responsables de la chaîne hôtelière ont placé un livre de 600 pages sur le nazisme publié par l'Institut d'histoire contemporaine de Munich intitulé "L'Utopie meurtrière" (Die tödliche Utopie), où les clients peuvent retrouver une somme d informations sur les horreurs du régime national-socialiste.
Luxe et discrétion
On accède à ce qui s'appelait la "maison de thé" (Teehaus) du Führer par une route vertigineuse de 6,5 kilomètres, construite entre 1937 et 1938 au prix d'une centaine d'ouvriers, principalement italiens, tués. Ensuite, après un tunnel de 140 mètres, l'ascenseur, d'époque, transporte en 40 secondes les visiteurs en plein coeur de la résidence, 124 mètres plus haut.
On sent dans la réalisation de l'établissement le désir de respecter tous les critères du luxe mais dans la discrétion. Rien de "tape-à-l'oeil" ici.
L'aspect extérieur du nouvel hôtel ne jouit pas d'une esthétique particulière. Les deux ailes courbes aux flans abruptes en pierre grise, verre et métal sont même d'un aspect sévère, contrastant avec l'extraordinaire écrin de montagnes et de forêts qui les entoure.
A l'intérieur l'accueil du lobby s'il est minimal est cependant chic et chaleureux avec un grand âtre offrant sa chaleur à un parterre de sofas profonds entre une bibliothèque et un bar.
Les chambres évidemment confortables sont dans le même style, un peu "cozy", particulièrement appréciable dans l'écrin blanc de l'hiver.
Le vaste et luxueux spa offre des saunas et des salles de soins mais surtout deux piscines, intérieure et extérieure. De cette dernière, chauffée à 35 degrés, les curistes peuvent regarder le soleil se coucher sur les sommets enneigés des Alpes.
Cette tentative de rendre une région au lourd passé historique semble évoluer dans le bon sens, les réservations s'effectuent été comme hiver et la chaîne pense qu'elle aura atteint le seuil de 40.000 nuitées à la fin de l'année. Comme le rappelle Jörg Boekler le directeur de l'établissement : "nous ne fuyons pas l'Histoire, nous souhaitons seulement retrouver ce lieu tel qu'il a toujours été."
Le site est, il est vrai, magnifique. Il n'est pas étonnant qu'Hitler et ses séides aient choisi de bâtir au cœur de la région de l'Obersalzberg, à 1.834 mètres d'altitude, cette résidence qui offre un panorama grandiose des Alpes bavaroises et autrichiennes.
A 30 kilomètres au sud de Salzbourg, la région était déjà une destination prisée au XIXème et au XXème siècles pour son air et sa beauté par de nombreux voyageurs, parmi lesquels on pouvait compter Johannes Brahms, Clara Schumann ou Sigmund Freud, qui aimait à y venir en famille.
De nos jours les dépliants touristiques n'ont guère de mal à vanter les beautés du vieux château ayant appartenu aux rois de Bavière ou des constructions baroques, le charme des randonnées dans le parc national de Bavière ou sur le lac de Königssee dont les eaux vert émeraudes sont les plus propres et les plus profondes d'Allemagne.
Questionner les consciences
Après les bombardements britanniques et la prise de Berchtesgaden par la 2ème DB et la 1ère Armée US, l'Obersalzberg avait été investi en 1953 par les forces américaines qui en avaient fait une "aire de distraction pour les troupes américaines". Un hôtel, le "General Walker", a accueilli jusqu'en 1995 les militaires américains en vacances.
Lors de sa récente inauguration cette année l' Intercontinental Resort Berchtesgaden, hôtel de luxe "cinq étoiles" a été l'occasion de questionner les consciences.
Attentives au poids du symbole ainsi qu'à désarmer les inévitables critiques, la chaîne et les autorités locales n'ont rien laissé au hasard. Ainsi, par exemple, l'hôtel devait initialement être constitué de deux bâtiments parallèles reliés entre eux par un troisième, formant une sorte de H. Devant une possible allusion au nom du Führer les plans ont été aussitôt modifiés et le bâtiment a pris l'aspect d'un fer à cheval.
De même l'Etat régional, propriétaire du site, a financé un centre de documentation sur le Nid d'aigle et le nazisme, situé à 300 mètres de l'hôtel tandis que les 140 membres du personnel ont reçu une formation historique pour ne pas commettre d'impair.
Dans les chambres, là où d'habitude l'on trouvait une Bible, les responsables de la chaîne hôtelière ont placé un livre de 600 pages sur le nazisme publié par l'Institut d'histoire contemporaine de Munich intitulé "L'Utopie meurtrière" (Die tödliche Utopie), où les clients peuvent retrouver une somme d informations sur les horreurs du régime national-socialiste.
Luxe et discrétion
On accède à ce qui s'appelait la "maison de thé" (Teehaus) du Führer par une route vertigineuse de 6,5 kilomètres, construite entre 1937 et 1938 au prix d'une centaine d'ouvriers, principalement italiens, tués. Ensuite, après un tunnel de 140 mètres, l'ascenseur, d'époque, transporte en 40 secondes les visiteurs en plein coeur de la résidence, 124 mètres plus haut.
On sent dans la réalisation de l'établissement le désir de respecter tous les critères du luxe mais dans la discrétion. Rien de "tape-à-l'oeil" ici.
L'aspect extérieur du nouvel hôtel ne jouit pas d'une esthétique particulière. Les deux ailes courbes aux flans abruptes en pierre grise, verre et métal sont même d'un aspect sévère, contrastant avec l'extraordinaire écrin de montagnes et de forêts qui les entoure.
A l'intérieur l'accueil du lobby s'il est minimal est cependant chic et chaleureux avec un grand âtre offrant sa chaleur à un parterre de sofas profonds entre une bibliothèque et un bar.
Les chambres évidemment confortables sont dans le même style, un peu "cozy", particulièrement appréciable dans l'écrin blanc de l'hiver.
Le vaste et luxueux spa offre des saunas et des salles de soins mais surtout deux piscines, intérieure et extérieure. De cette dernière, chauffée à 35 degrés, les curistes peuvent regarder le soleil se coucher sur les sommets enneigés des Alpes.
Cette tentative de rendre une région au lourd passé historique semble évoluer dans le bon sens, les réservations s'effectuent été comme hiver et la chaîne pense qu'elle aura atteint le seuil de 40.000 nuitées à la fin de l'année. Comme le rappelle Jörg Boekler le directeur de l'établissement : "nous ne fuyons pas l'Histoire, nous souhaitons seulement retrouver ce lieu tel qu'il a toujours été."
Septembre 2005
Par Yves CALMEJANE