Hors série de Stiletto consacré à l'univers de Chanel
La sortie de ce numéro collector "à explorer" a coincidé avec l'ouverture de la grande rétrospective consacrée à la griffe au Metropolitan Museum à New York.
Sous le signe du 5 le numéro fétiche de Chanel
Venant après sept numéros ce hors-série est judicieusement placé sous le signe du 5 le numéro fétiche de la maison : il est en effet sorti le 05/05/05... et rappelle par ce clin d'oeil le parfum N°5 bien sûr, mais aussi le sac matelassé baptisé 2-55, puisqu'il est sorti, il y a 50 ans, en février 1955.
Laurence Benaïm armée de son "Stiletto" explore ici un empire "aussi célèbre et secret que sa créatrice", mais qui est aussi une "référence absolue en matière de création et comme un modèle économique en matière d'industrie du luxe".
"Redonner du sens à la mode"
Laurence Benaïm voulant "redonner du sens à la mode" a créé pour ce faire un bel outil qu'elle a appelé "Stiletto" en référence a la triple définition qu'elle rappelle dans ce hors série :
- Stiletto [sti'leto] de stilo (1586, Italie), "poignard", lat. stilus, "poinçon"
1. Stylet, poignard à lame mince et très pointue.
2. Petite tige métallique destinée à explorer les canaux naturels et accidentels.
3. Talon aiguille, pour les américaines.
"Moi je suis sûr qu'elle nous injurie..."
Tout un programme ! Délicieusement appliqué en l'occurence puisque, si l'on ne déplore aucun coup de poignard, on explore avec intérêt et amusement quelques canaux et notamment celui de la relation de Jacques Helleu et de Karl Lagerfeld avec leur maison "mère"... Un savoureux moment qui débute par cet échange :
Laurence Benaïm :
-"Chanel arrive dans cette pièce, que lui dites-vous ?"
Karl Lagerfeld :
-"D'abord, voyons ce qu'elle a à nous dire. Elle va nous injurier. Moi je suis sûr qu'elle nous injurie."
Jacques Helleu :
-"D'abord je lui dirais "Bonjour Madame", je ne la connaissais pas.
K.L. :
-"Mademoiselle !"
J.H. :
- "Ensuite, elle nous aurait lancé un "bravo", mais ironiquement probablement..."
Un peu plus loin, Karl Lagerfeld revient sur sa relation avec le style de Chanel affirmant notamment qu'au départ il voulait "tout détruire" pour se "libérer du carcan d'un style devenu oppressant mais qui finalement avait sa place dans le hier et qui existe très bien maintenant."
"Je fuis, ajoute-t-il, les choses faites par moi pour que le style et l'esprit de Chanel puisse survivre."
Décryptages
Cette visite rare dans l'univers de Chanel, permet au le lecteur de rencontrer d'autres personnages moins médiatiques mais tout aussi importants comme Jacques Polge, le nez de la maison, Françoise Montenay, présidente de la société en Europe et Maureen Chiquet son homologue aux Etats-Unis, Virginie Viard directrice du studio de création, ou Peter Marino l'architecte des boutiques.
Les codes de la maison sont également décryptés, du double C, "monogramme d'une Maison-Janus, établie sur deux activités (la mode et les parfums)" aux essentiels de Chanel : perles, chaînes dorées, le camélia, le noir et le blanc, en passant par les nouveaux univers des montres et des "bijoux cosmétiques".
Une visite qui permet de comprendre comment perdure l'image mondiale de cet étonnant mélange culturel de très haute technicité et d'artisanat.
Un superbe "collector" servi par de la très belle photographie.
Evidemment.