Les héros nouveaux aiment les cigares
Comment appelle-t-on un conte de fée pour adultes ? C'est la question que je me suis posée en suivant l'aventure sympathique autant qu'imprévue que vivent aujourd'hui Jean-Pierre Alaux et Noël Balen.
Deux complices s'estimant et curieux de tout
Présentations. Le premier est journaliste dans la presse épicurienne, le second est passionné de musique. Point commun : ils aiment les romans policiers et tous deux ont déjà écrit des ouvrages littéraires ou de référence.
Un soir de Toussaint 2002, à la fin d'un dîner comme il s'en tient entre deux complices s'estimant et curieux de tout, l'un deux (peu importe lequel) constate en parlant des héros de téléfilms: "Ras le bol des commissaires et des détectives !" Oui mais voilà, il faudrait trouver un personnage, ni flic ni enquêteur privé, un type qui par son métier est observateur, capable de résoudre des problèmes et curieux par nature voire un tantinet suspicieux.
Les deux connaissent le monde du vin ; les intrigues pourraient donc se passer dans le vignoble et le fureteur - qui doit pouvoir évoluer librement - pourrait être un œnologue. Un œnologue d'origine anglaise par exemple, auteur d'un guide réputé. Suivez mon regard...
Ainsi naquit Benjamin Cooker ("ça fait cuisine") auquel on flanqua un assistant beau gosse et malin nommé Virgile.
Manquaient plus que les aventures.
Un héros récurrent aimant l'art de vivre au sens large
Durant la fête de Noël (!) quelques jours suffiront pour bâtir "la bible", en gros le "casting" et le canevas de plusieurs intrigues policières résolues par le fameux Benjamin Cooker, ce héros récurrent aimant l'art de vivre au sens large mais ne manquant pas de principes. Les deux compères jubilent et s'attèlent à l'écriture.
Très vite les premiers romans sont mis en chantier. Incontestablement, la source - si l'on peut dire s'agissant d'une collection intitulée "le sang de la vigne" - n'est pas prête de tarir. Les projets et leurs titres s'accumulent : Mission à Haut-Brion, Noces d'or à Yquem, Cauchemar dans les Côtes des Nuits, Pour qui sonne l'Angélus, Question d'eau-de-vie... ou de mort (qui deviendra Le dernier coup de Jarnac) jusqu'à Les Veuves soyeuses en passant par Saint Pétrus et le saigneur, etc. (1)
Benjamin Cooker roule dans un cabriolet ancien et est un grand amateur de puros
On l'aura compris ces deux auteurs-là s'amusent. Tant mieux deux fois. D'abord parce qu'ils plaisent à l'éditeur Fayard qui s'enflamme (Pdg en tête) pour le projet et pour nous, lecteurs, qui allons nous régaler des aventures en Bordelais, Bourgogne, Champagne... pour peu que nous nous intéressions un tant soit peu aux vignobles, aux vins, aux gens et aux... cigares.
Car c'est là que cet article se justifie sous cette rubrique ; Benjamin Cooker roule dans un cabriolet ancien et est un grand amateur de puros et autres médiums, éclectique dans ses choix, amoureux des terroirs, de tous les terroirs. C'est bien la moindre des choses lorsqu'on pratique l'œnologie, n'est-ce pas ?
A coup de dix mille exemplaires par volume, le Cooker nouveau a envahi les linéaires et deux des titres sont déjà en réimpressions. Et de nouvelles aventures sont en préparation.
Preuve, s'il en est besoin, que diaboliser le vin et le cigare n'empêche pas leur consommation virtuelle avec ou sans modération.
Le sang de la vigne inspire tous les genres
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Une rencontre fortuite avec Gérard Depardieu au détour d'un salon du vin (on sait que cet homme-là aime la vigne) va donner un tour de manivelle à l'affaire. Coup sur coup, l'acteur parcourt trois des bouquins. Comme un scénario. C'est un professionnel et, en moins de temps qu'il n'en faut à un lapin pour assurer sa progéniture, il téléphone ici et là. C'est décidé, le rôle (sic) est pour lui. Voilà comment une série télévisée prend naissance entre le bar et la galerie du Ritz à Paris.
Le sort en est jeté, Benjamin Cooker va avoir beaucoup d'amis. Un peu plus encore depuis qu'un projet de BD signée Thierry Puyganaut vient de prendre corps, vous en avez les premiers traits ci-contre. Littérature, cinéma, BD..., décidément, Le sang de la vigne inspire tous les genres. Un conte de fée, vous dis-je.
Alors, avec ses droits d'auteur, Jean-Pierre Alaux se prend à rêver d'une chartreuse non loin de Bordeaux, avec quelques ceps alentour, histoire de retrouver les traces de ses grand-père et arrière-grand-père qui, eux, ont sué sang et eau pour la vigne.