Antoine Chapoutot ou l’approche couture du bijou
Serein et discret Antoine Chapoutot aurait pu devenir sculpteur, photographe ou financier... mais sa passion l’a poussé à entrer dans le monde de la joaillerie, comme on entre en religion ! Depuis, rien n'est venu démentir cette vocation, et, jour après jour, ses créations s'imposent dans le milieu du bijou et surtout des pierres. Interview avec Katya Pellegrino.
Après avoir abandonné la finance, sa formation initiale, avoir écarté toute autre formation artistique, et tout appris auprès d'un maître diamantaire, il se trouve aujourd'hui parmi les pierres précieuses, les pierres fines, les perles, la nacre, l'émail, l'or... en équilibre parfait. Une évidence à ses yeux, Il se définit comme « le dépositaire des rêves » de ses clients ! Ce gemmologiste propose ainsi des bijoux sculptés, classiques et modernes, jouant des effets de volume et de matière où les pierres sont mises en valeur dans un sertissage harmonieux. Son moteur : l’écoute et le partage !
Quel fut le déclic qui vous a poussé à devenir joaillier ?
Après mon bac, je souhaitais faire les Beaux-Arts mais comme mon père me poussait à suivre des études, j’ai décidé de m’inscrire à une école de commerce. Sup de Luxe s’est imposé à moi comme un univers où je pourrais avoir accès à la création, création signifiant luxe à mes yeux ! A la fin de la formation, l’école m’a proposé d’entrer chez un diamantaire, où j’ai travaillé durant un an. Et en octobre 1995 j’ai créé ma propre société.
Quelle est votre création la plus inédite ?
Suite à une demande d’un client de créer un bijou sans métal, ce qui à première vue semblait impossible, j’ai eu l’idée de paver entièrement du métal afin que nulle partie d’or ou d’argent ne soit visible. J’en ai d’ailleurs fait un dépôt européen.Où achetez-vous vos pierres ?
Je travaille à la source. Comme pour le diamant que j’achète à des « sight holders » (détenteurs de vue) qui travaillent avec De Beers et achètent des lots à vue, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas le droit de voir ce qu’ils achètent. Les pierres de couleur je les achète à des importateurs et les perles à un des négociants parisiens parmi les plus importants au monde, qui se trouve dans le 9ème arrondissement de Paris.
Qu’est ce qui est le plus important à vos yeux ?
Chaque client est royal et mérite le meilleur accueil.Et dans le sur-mesure ?
L’écoute, qui pour moi est fondamentale pour comprendre le client !Que vous a apporté la formation chez Sup de Luxe ?
Pour moi une grande découverte et ce que j’ai le plus apprécié, ce sont les cours très pro, avec l’intervention de professionnels dans le monde du luxe, d’hommes de terrain qui vous expliquent la réalité du marché, ce à quoi ils sont confrontés. Sup de Luxe m’a aussi permis de mettre un pied à l’étrier en me trouvant mon premier job dans la joaillerie (sourires).Vos projets ?
En 2010 j’ai failli partir m’installer à Munich car j’avais un peu anticipé la crise de 2008 grâce à un ami dans la finance qui m’avait prévenu. J’ai d’ailleurs à cette époque, créé un de mes modèles phares « Praha ». Finalement le déménagement n’a pas eu lieu et de ce fait j’ai pris la boutique 78 rue de Seine en septembre 2010, et j’y suis toujours très bien ! Je l’ai conçue comme un appartement, un lieu où l’on se sent à l’aise, où le client peut en toute confiance me parler de ses rêves que j’essaie de traduire en bijoux (sourires).
Septembre 2016