Culture


Femmes de Golf

En France, un golfeur sur trois est une golfeuse.
Jusqu'à aujourd'hui, aucun livre ne leur était spécifiquement consacré. Ce qui permet à Marie Laure de Lorenzi, la grande championne française des années 80, de s'exclamer en commençant la préface de Femmes de golf : "Enfin un livre consacré aux golfeuses !"
Comme ce qui est rare est souvent un luxe, dit-on, Pierre-Michel Bonnot et Alexis Orloff comblent ce vide et nous font ce cadeau juste avant les fêtes de fin d'année.
Un cadeau que Monsieur, golfeur impénitent, peut offrir à Madame au moment du début de l'hibernation golfique pour se faire pardonner ses absences dues à son sport favori ou peut-être pour l'inciter - sait-on jamais - à pratiquer ce qui peut devenir un virus...
De toutes façons, un livre à partager.
Aimer le golf à en perdre la tête

Pour tous les amoureux du golf ce livre est un régal. Pour les autres, pourvu qu'ils soient un tantinet curieux, c'est une mine d'informations qui confirme ou infirme beaucoup d'idées reçues.
A l'heure ou Michelle Wie, la très jeune, très douée et très belle joueuse américaine, s'entête à vouloir jouer avec et contre les hommes, il est encore peut-être plus étonnant de constater que les plus hautes autorités du golf viennent d'entrouvrir un pan du machisme golfique en permettant aux femmes de participer, non sans difficultés, aux pré qualifications du British Open, le plus prestigieux des tournois du monde.
Cela serait-il l'aboutissement d'un combat mené depuis des siècles par les femmes ?
C'est la question que l'on peut se poser en lisant la partie historique de l'ouvrage et en y constatant que la passion immodérée de Mary Stuart pour le golf lui a fait perdre la tête au sens figuré comme au sens propre en 1587 !

Une femme, "homme honoraire"

La remarquable iconographie, avec des photos d'une exceptionnelle qualité accompagnées de légendes très travaillées, pousse le lecteur à rentrer dans l'ouvrage. Tout l'aspect du golf féminin est passé en revue en commençant par la très difficile conquête des clubhouses.
Avec l'hypocrisie qui caractérise souvent certains sujets de sa gracieuse majesté, nombre de parcours n'ont toujours pas de "départs femmes" parce que, tout simplement pour ces clubs, les femmes n'existent pas !
Heureusement, le golf français a su éviter aux femmes cet obstacle outrancier et aucun club de l'hexagone n'exige d'une femme de devenir "homme honoraire" pour lui permettre de figurer au palmarès d'une compétition, comme ce fût le cas en 1992 au Royal Saint George's de Sandwich, sur la côte sud de l'Angleterre.

Aux dames de France

Il est vrai qu'avant de connaître un large développement et une grande notoriété bon nombre de sports auraient dû l'être plus tôt, tant les femmes s'illustrèrent bien avant les hommes. Le golf n'a pas échappé au phénomène.
En France, si Arnaud Massy fût le premier français, en 1907 (et reste toujours le seul), à remporter le British Open, ce sont les femmes qui s'illustrèrent régulièrement bien avant l'avènement des Jean Garaïalde, et aujourd'hui autres Jean Van de Velde, Jean François Remesy ou Thomas Levet.
Dans un chapitre intitulé "Les glorieuses" et sous titré "Aux dames de France", les auteurs leur rendent un hommage bien mérité et mettent en exergue sept d'entre elles.
De Pauline de Bellet dès 1908 à Marie Laure de Lorenzi dont la dernière victoire, l'open de Suisse, remonte à 1997, en passant par Simone Thion de La Chaume, Lally Segard, Catherine Lacoste, Brigitte Varangot et Claudine Cros.

Tueuse de canard...

Pour notre part, mais c'est peut être notre côté "corico" excessif, nous aurions aimé y voir aussi Anne-Marie Palli, Patricia Meunier Lebouc ou Sandrine Mendiburu.
Anne Marie, pour avoir été la première joueuse française à tenter l'aventure professionnelle aux Etats-Unis en y remportant deux tournois, mais aussi pour être certainement la seule femme à avoir tué un canard en plein vol au cours d'un tournoi !
Patricia, pour avoir suivi les traces d'Anne Marie en y remportant également deux tournois dont un majeur. Et enfin Sandrine, pour avoir remporté, très jeune, l'Orange Ball et s'être formidablement reconvertie en créant "Nuni" une ligne de vêtements consacrée au golf.
"Le golf et la mode" justement fait partie des autres chapitres du livre au même titre que "Le professionnalisme", "Les Majeurs", "Sexy golf" et "32 Dames dans le gotha", des chapitres aussi intéressants les uns que les autres que l'on peut lire et relire dans l'ordre que l'on choisit.
Bref, comme justement indiqué en quatrième de couverture : "un premier tour d'horizon complet de l'histoire du golf féminin et de son gracieux combat."
Décembre 2005
Par Jean-Louis CALMEJANE
"Femmes de golf"

de Pierre Michel Bonnot et Alexis Orloff
Edition "L'Equipe" diffusion Calmann-Lévy, distribution Hachette 
192 pages, Prix 35 €,
en vente en librairie et sur www.lequipe.fr